Putain, 21 ans. 21 ans qu’Impiety déverse sur le monde sa musique emplie de haine et de colère. 21 ans de furies furieuses et de blasphèmes. Mais 21 ans, c’est aussi l’âge de la majorité dans beaucoup de pays et notamment à Singapour, d’où vient Shyaithan, le leader de la horde. Et quand on devient majeur, on devient responsable, finies l’adolescence et l’insouciance, bonjour les responsabilités et les obligations légales. Avec ces portes ouvertes que je viens d’enfoncer, c’est tout simplement ce dont on a l’impression à l’écoute de ce septième album des Singapouriens (enfin, du, puisque le reste du line-up vient de changer, et est italien). Pour revenir à une comparaison plus guerrière, alors que le groupe nous avait habitué à des invasions de barbares assoiffés de sang, pillant et dévastant tout sur son passage, ce nouvel album, "Worshippers of the Seventh Tyranny", fait plutôt penser à la ruée vers la cantine de la Maison de retraite des lilas, où une horde de grabataires en déambulateurs se rue sur les dernières compotes pomme-poire, bien meilleures que pomme-tout-court.

Au programme de ce nouvel album donc, un morceau de 38 minutes dont moins de la moitié de furie asiatique. Le reste ? Un essai avorté de mettre des ambiances glauques. Sur ce septième album, Shyaithan et ses guerriers ont essayé de changer de recette, de mettre des ambiances inhabituelles pour le groupe, certainement dans un but louable. Malheureusement, la mayonnaise ne prend pas. Bon OK, ça commençait plutôt bien, furieusement même (malgré un solo inutile et trop long après 2 minutes seulement). Mais au bout de 3 minutes 30, et le deuxième solo, suivi par un lead un peu chiant, puis un nouveau solo, on se dit que ça sent le pâté. Si le batteur fait son effort de guerre, la guitare gâche de plus en plus l’album. Et au bout de 5 minutes, on attaque le riff qui compose l’ossature de tout le morceau, qu’on retrouve tout le long. Un riff qui veut dire « je suis evil, et j’ai pas besoin de bourriner pour le montrer ». Le problème, c’est que le groupe s’obstine dans le pas bourrin, un peu trop pour les fans. Les parties posées retombent à plat, les leads « evil » sonnent déjà entendus, le chant déclamé de Shyaithan ennuie. Et même si on essaie de faire abstraction, en essayant de rester le plus objectif possible, il n’en reste pas moins que ce nouvel Impiety est aussi malsain que ma grand-mère en train de faire du jardinage. Il est aussi violent que mon grand-père en train de bricoler. Vous pouvez imaginer Satan en train de boire du thé Mariage Frères avec des palets bretons ? Alors vous pouvez imaginer ce qu’est devenu Impiety en atteignant l’âge de la majorité. Le problème étant qu’on a l’impression de toujours écouter les mêmes riffs, les mêmes patterns, que la musique tourne en rond, pendant près de quarante minutes. Et on trouve le temps long, mais long... Le groupe tourne en rond, et oublie de faire ce qu’il sait faire de mieux, balancer des parpaings black metal dans la gueule. OK, ils veulent fignoler, mais ce ne sont pas les quelques passages brutaux de l’album qui vont nous réveiller. De parpaings sur les albums précédents, ici on a plus affaire à des cailloux plats bons à jouer à qui fait le plus de rebonds sur l’étang.

J’en fais peut-être beaucoup, mais d’une part, ma déception est grande vis-à-vis de cet album. Et quand en plus, en faisant abstraction du passé du groupe et de ma groupitude, la musique n’est bonne qu’à faire un fond sonore pendant la lecture du dimanche à papi, on ne peut décemment pas mettre une bonne note à ce septième album des Singapouriens. Si vous n’aimiez pas Impiety, et que vous aimez le black pépère, alors vous pouvez risquer une oreille sur cet album. Par contre, si vous êtes fans d’Impiety, alors, retirez encore quatre points à la note finale. Car cet album leur est indigne.
Bon, aller, je retourne à ma verveine, m’ont énervé ces cons.


Rédigé par : Skay | 08/20 | Nb de lectures : 16618