Non, le black metalleux n'est pas qu'un être rongé par une haine dévorante qui air-blaste en hurlant à la moindre contrariété. Non et non. Il y a aussi une frange plus romantique du black metal, celle qui pond un morceau mélancolique jusqu'au spleen dès que sa tartine beurrée tombe au sol du mauvais côté lors du petit déjeuner. Imperium Dekadenz fait indéniablement partie de cette dernière catégorie, utilisant les artifices sonores du black metal pour produire une musique qui fait vibrer l'âme du guerrier, mêlant aussi bien le triste que l'épique. Le comboche a signé fin 2008 chez Season of Mist, pour ajouter aujourd'hui un premier méfait au catalogue du label français.

Mis en boîte en janvier 2008 et initialement prévu dans les bacs en août dernier, Procella Vadens a connu un léger retard qui le sépare de trois ans avec son prédécesseur. Pour ceux qui connaissent déjà le duo germanique, la surprise sera minime par rapport aux deux précédents albums sortis chez Perverted Taste. Les Allemands nous balancent 57 minutes d'un black très atmo, dont les gros riffs épurés et lancinants hypnotisent l'auditeur pour le porter dans des paysages fabuleux. Point de violence exacerbée dans ces morceaux, mais une puissance fortement appuyée par une double grosse caisse omniprésente. Là où beaucoup de groupes distillent simplement des plages atmosphériques pour faire rebondir leurs morceaux, Imperium Dekadenz se sert de celles-ci comme fil conducteur et nous offre sur un plateau de longs enchaînements propices à l'évasion. Armée d'une production lourde et d'une exécution sans faille, la formation allemande a tous les arguments pour accrocher les amateurs du genre qui ont aimé jadis Bloodthorn.

Si les interludes ont toujours été présents sur les offrandes du groupe, je les trouve cette fois trop présents. Le piano qui jouait l'outro de Dämmerung der Szenarien nous prend ici dès la longue intro. Précédé du long moment acoustique "A la Nuit Tombante", l'intro au piano (encore) de "An Autumn Serenade" est peut-être de trop. Le très long "The Descent into Hades" a tout l'air de la bande sonore d'un film hollywoodien, et on se surprend à s'imaginer contemplant les nuages au sommet d'une falaise au côté du roi lion. L'outro au piano (encore encore) vient clôturer l'album dans un élan de tristesse. Fort jolis, tous ces interludes restent tout de même un peu sur l'estomac. On peut aussi regretter que certains morceaux ne soient pas aussi indispensables, comme le ronronnant "A Million Moons".

Ceux qui aiment leur shoot de mélancolie et de mélodies trouveront largement leur pitance dans cette troisième offrande du duo allemand. En dehors d'être à mon goût magnifique, la pochette ne trompe à aucun moment sur la marchandise. Si vous avez récemment accroché à Bornholm, n'hésitez pas un instant à vous pencher sur Procella Vadens. Un black certes léger, mais qui fait largement mouche quand il est bien expédié. Et à ce niveau, on peut faire confiance à la rigueur des Allemands en terme de logistique.


Rédigé par : Prince de Lu | 13,5/20 | Nb de lectures : 12310