“Sans le latin, la messe nous emmerde” chantait le poète. Latin ou pas, ils ont tout de même bien changé, les cantiques. Sur le principe, ça reste chiant, mais l’Eglise a mis de l’eau dans le sang du Christ: le Rock’N’Roll ne serait plus la musique du démon?
Après EXTOL et autres MORTIFICATION, ce sont les cinq Californiens d’IMPENDING DOOM qui reprennent le rôle des petits chanteurs à la croix de fer et qui, de retour d’un pèlerinage aux JMJ, ont décidé que leur premier album “Nailed. dead. risen.” rendrait hommage au Seigneur (le traditionnel, hein? J-C!).
Dans l’enthousiasme créatif, il semblerait que l’existence d’un autre IMPENDING DOOM, germain et sataniste de surcroît, n’ait perturbé personne, si ce n’est peut-être le fan de Black Metal qui risque fort de ne pas y trouver son compte...

“Nailed. dead. risen.” débute par une petite prière, de quoi mettre en appétit les bigots que nous sommes. Mais première épiphanie, IMPENDING DOOM a mis du plomb dans son missel. On ne rigole plus. C’est l’évangile selon sainte Baston. Les Américains envoient un Brutal Death Core teinté de Grind qui ferait passer beaucoup de poilus pour des danseuses. Guitares accordées comme un baryton bulgare, vocaux grasseyants, basse omniprésente, IMPENDING DOOM coince une ranger dans la porte du mange disque grâce à sa production lourde et glaireuse.

Et c’est bien connu, lorsque Jéhovah est dans la place, difficile de lui faire lâcher le morcif: faut se montrer désagréable. IMPENDING DOOM construit son homélie autour de riffs pachydermiques aux accents très core, syncopés, entrecoupés de sections plus rapides, souvent dissonnantes et parfois brouillonnes qui lorgnent du côté de CRYPTOPSY. C’est très lourd, efficace mais à la longue, ça écoeure autant que le vin de messe. “Nailed. dead. risen.” tombe quelque peu dans le stéréotype prévisible de l’alternance systématique (tiens, ça ferait un joli sermon). IMPENDING DOOM ne pousse pas la logique du riff furieux jusqu’à un paroxysme où l’enchaînement d’une section massive semble inévitable, pas plus qu’ils ne tentent de prendre l’auditeur à contre-pied. C’est bien fait, bien exécuté mais il manque la folie qui transforme une matière brute, énergique et lourde en substance passionnante.

“Nailed. dead. risen.” est le style de disque qui prend toute son ampleur live... ou dans une soirée Duvel. IMPENDING DOOM fait preuve de qualités évidentes voire surprenantes si l’on possède quelques a priori. Et si leur thématique en fait déjà un groupe hors normes, un peu de méditation et de maturité leur permettra peut-être de se démarquer de la masse des sorties actuelles pour enfoncer définitivement le clou.


Rédigé par : La Myxine | 12/20 | Nb de lectures : 11279