Ceux qui pensaient naïvement que la diffusion à une plus vaste échelle de la bile d’IMPALED allait engendrer un quelconque ramollissement de leurs dispositions pour les covers dégueulasses à faire gerber un tueur en série adepte du démembrement en seront pour leurs frais avec l’arrivée de « The Last Gasp » et de son lot d’abats et tripailles faisandées.

IMPALED continue sa virée des labels avec un quatrième album cette fois-ci chez Willowtip et Candlelight pour prodiguer une nouvelle fournée d’accords toujours « carcassiens » sur les bords. Gros riffs, arpèges et lignes mélodiques à la façon Steer/Amott, dualité vocale entre deux timbres bien distincts mais parfois doublés. On ajoute là-dessus quelques riffs thrashy lorgnants du côté de MEGADETH et voilà le nouvel IMPALED ; rien de plus et rien de moins qu’un honnête album de death/thrash qui peine, comme c’était déjà le cas pour « Death after Life » son prédécesseur, à égaler les deux premiers opus abjects du quatuor décadent d’Oakland. En effet, si les premiers morceaux sont de facture correcte, ce n’est que vers le sixième titre « Up the Dose » que « The Last Gasp » ne décolle réellement pour atteindre son point culminant avec l’excellent et très accrocheur « Masters of Ordure » dont le riff conducteur est une pure petite merveille.

Pourtant lorsqu’on gratte un peu le vernis scato-gore qui tapisse élégamment de déjections l’univers d’IMPALED, on se rend compte que sous des abords guère plus évolués que le stade anal du bébé commun, la bande du sieur McGrath est bien plus subtile dans ses textes qu’elle ne le laisse supposer au prime abord. Ainsi les attributions de « ministres » dont se sont affublés ses complices à l’intérieur du livret de même que certains textes à la moralité déviée, ne sont-ils pas des références directes au 1984 de Georges Orwell ?

« The Last Gasp » fait partie de ces albums qui disposent de deux degrés de lecture. Le premier présente le groupe de death que je vous dépeignais en début de chronique. Le second présente un visage ô combien plus cynique qui ne se découvre que dans la lecture des paroles. McGrath et son acolyte, cracheur de feu alcoolique à ses heures, Ross Sewage rivalisent dans l’écriture de textes parfois particulièrement sarcastiques (« Sickness is health », « Up the Dose », « You are the dead ») qui ne sont que l’horrible reflet d’une réalité contemporaine. IMPALED manipule avec habileté l’art de la subversion, l’incitation à la révolte devant les abus d’une société avilie, dépravée par le pouvoir et l’argent. De quoi réveiller les penchants altermondialiste qui sommeillent en nous.

Alors non, IMPALED ne donne pas uniquement dans les facilités intestinales de ses pochettes mais ce côté intéressant ne dévoilera son cynisme grinçant qu’aux anglophones et assimilés. Z’av(i)ez qu’à bosser à l’école, bande de cancres.


Rédigé par : Tonton | 15/20 | Nb de lectures : 11791