Après un DVD qui nous avait un peu laissés sur notre faim et surtout, après l’annonce du départ d’Alex Hernandez, le doute était permis. Qu’allait-il en être du prochain disque d’IMMOLATION ? Le groupe trouverait-il un nouveau batteur aussi talentueux ? Une machine dotée, tout à la fois, de puissance et de groove ? Est-ce qu’ « Unholy Cult » n’avait pas placé la barre trop haute pour espérer un successeur pour le moins aussi bon ? Autant de questions qui demeuraient sans réponse…
C’est pendant la seconde tournée US qu’IMMOLATION se met à la recherche d’un nouveau batteur. Alex a des problèmes de santé qui l’empêchent de tenir son poste derrière les baguettes. Le groupe va alors rencontrer Steve Shalaty qui officie dans ODIOUS SANCTION et qui va apprendre toutes les parties de batterie de la setlist d’IMMOLATION en trois jours (!!!). Après le départ définitif d’Alex, son remplaçant était donc tout désigné.
Et voilà donc le très attendu « Harnessing Ruin » le sixième véritable album d’IMMOLATION, le second chez Listenable. Si « Unholy Cult » était, à ce jour, le cd le plus sombre et froid des new-yorkais « Harnessing Ruin » en est la suite très logique même si quelque chose a changé dans le groupe. Dès l’artwork, la perplexité est au rendez-vous : Andréas Marshall n’est pas fidèle au poste pour le dessin de la cover. C’est Sven, D’ABORTED, infographiste à ses heures, qui a conçu un artwork où plane le souvenir du 11 septembre. Même le titre de l’album évoque le souvenir de la catastrophe, et les images de destructions brutales enfouies dans nos mémoires. Pourtant « Harnessing ruin » n’est pas un disque de death metal aussi sombre que l’était « Unholy Cult ». Si la noirceur d’IMMOLATION est toujours là, une pointe de lumière, traduite par les mélodies d’une guitare parfois mélancolique, annonce une forme de renaissance.
Si MORBID ANGEL avait déçu avec un « Heretic » qui n’avait pas comblé les espérances, IMMOLATION est de retour avec un album de death metal de très haute lignée. On retrouve tout ce qui fait la force d’IMMOLATION : une musique toute en puissance, les riffs tordus (bien qu’un peu moins dissonants que dans le passé), les envolées de guitares plaintives, le growl d’outre tombe étrangement compréhensible de Ross Dolan et un sens de la composition qui met à genou. Et Steve Shalaty me demanderez-vous ? Que peut-on dire, si ce n’est qu’IMMOLATION a mis la main sur un grand batteur ? Certes son jeu est sensiblement différent de celui d’Alex : sans doute moins groovy mais tout aussi puissant et surtout terriblement technique. Les neuf nouveaux titres de ce sixième disque ne sont pas rapides, IMMOLATION n’a que faire de cette course à la surenchère du plus grand nombre de bpm. Il y a tout de même ces petits blast qui apparaissent ici et là, en fond sonore, pour apporter une dynamique supplémentaire à un tempo résolument lourd. Ross Dolan et sa bande ont, comme à leur habitude, tout misé sur la puissance de rythmiques ultra-heavy qui clouent au sol. Il y a aussi ces passages posés, presque calmes, comme sur l’onirique « Dead to me », qui déploie des riffs majestueux, captivants… Et puis, il y a les douloureux solos de six cordes, dotés d’une réelle émotion, comme si Robert Vigna arrachait à sa guitare des cris plutôt que des notes. IMMOLATION avait pris une nouvelle dimension avec « Unholy cult » et entend bien la conserver avec ce nouvel opus. Quelques petits changements ici et là mais IMMOLATION reste le même groupe qu’on reconnaît au premier riff. Impensable de terminer cette chronique sans parler de la production de ce disque signée, une fois de plus, par Paul Orofino derrière les manettes du Millbrook round studio de New York. Certes, le ronflement sourd de cette production a de quoi surprendre au premier abord et la batterie en sort un peu « étouffée » sur certains passages mais les guitares sont indéniablement magnifiées par la lourdeur de ce son qui se propage comme le souffle d’une explosion. IMMOLATION a connu de meilleure production mais ce léger bémol ne saurait ternir la réussite de ce nouvel opus. Encore un album remarquable pour un groupe qui l’est tout autant.




Rédigé par : Tonton | 18/20 | Nb de lectures : 14968