Parfois, résumer en quelques mots le style d'un groupe n'est pas chose facile et cela dépend grandement de la personne qui colle l'étiquette. Prenez Illnath, par exemple. Quelques secondes d'écoute d'un auditeur lambda de métal vont le faire classer logiquement dans le "black mélodique". Mais un auditeur éclairé de black n'y trouvera pas la facette sombre ou les envolées de leads qu'il espère légitimement. Et vexé d'une comparaison foireuse avec la scène black mélodique qu'il affectionne, il qualifiera ce second album des Danois de "black metal pour gay", assez injustement pour la population homosexuelle auprès de laquelle je m'excuse platement dès maintenant. Voilà ce qui me vient à l'esprit à l'écoute de ce groupe, qui compte dans ses rangs la quasi-totalité du groupe de power metal 7 Thorns.

Pourtant le combo fait des efforts, proposant 43 minutes de musique joyeuse alors qu'il a enduré de plein fouet les difficultés financières de World Chaos Productions. Du coup, Arlequin ne s'est évadé de la Commedia qu'à l'été 2006 alors qu'il était attendu dès l'année précédente. Comble de la méchanceté, je suis même soulagé d'apprendre l'annulation de la tournée européenne Dismember/Necrophobic où devait se glisser Illnath en première partie. Mais je vois que vous êtes impatients de comprendre cette appellation "black metal pour gay". Je vous comprends, je pense que personne ne se réclamera du mouvement et qu'on ne va pas en parler en dehors de cette chronique.

Pour développer un peu, je parlerai de "compos mièvres et fadasses servies tièdes et saupoudrées d'un clavier qui choisit les sons les plus pourris". Forcément, devant l'ampleur des dégâts pour mon système auditif, mon objectivité en a pris un sérieux coup. Si Illnath a pensé à mettre pas mal de mélodies dans son album, ils ont oublié la facette black metal, ce qui les éloigne définitivement du black mélodique pour lequel je garde un profond respect. S'acoquinant plutôt avec le thrash, le death de cour d'école et le heavy mélo à faire fondre les cailloux, les Danois privilégient des rythmiques et des solos tombés depuis longtemps dans le domaine public. Seuls quelques passages rappellent l'Art Noir, largement influencés par Cradle of Filth (notamment sur le titre "Feathers shall Fall" qui surprend presque par sa violence déplacée) ou Children of Bodom (je ne savais pas qu'on faisait encore des élans survoltés de clavier, comme sur "Clockwork of Time"). Mais globalement Dimmu Borgir passe pour un groupe de black brutal, à côté de ces compositions particulièrement molles. Si j'ajoute le concept du groupe sans rapport avec les thématiques du black (Arlequin, peur peur !!), je crois qu'on assiste à un trompatage d'étiquette sur ce coup-là. Ou plutôt à un étiquetage d'un groupe qui a dix ans de retard par un généraliste distrait (je parle de l'auditeur du début, pas d'un médecin qui de toute façon sera outré par ce bruit qu'on appelle métal, bande de bourrins).

A n'en pas douter, ces dix titres peuvent intéresser des lecteurs aux goûts softs, qui entre un album de Sinergy et un Within Temptation voudront avoir l'impression de côtoyer le Malin suite à la lecture d'une chronique sur papier glacé. Pour ceux qui ont pris la peine de lire ces lignes en voyant mon noble pseudonyme en signature, je crois qu'il n'est même pas la peine d'arrêter votre écoute en cours pour jeter une oreille aux extraits. Ce n'est pas nul, mais ça ne nous concerne pas.

Plusieurs extraits sur le site du groupe. Je vous mets le Children of Bodomesque qui est rigolo


Rédigé par : Prince de Lu | 07/20 | Nb de lectures : 10640