Illnath est un groupe danois qui avec ce « cast into fields of evil pleasure » nous livre son premier véritable album (il n’avait jusqu’à présent qu’un mini cd à son actif). Le groupe a décidé d’œuvrer dans le black symphonique mélodique. Autant dire que se faire remarquer ne va pas être évident tant le marché est sursaturé. Pourtant, sans révolutionner le genre, le groupe propose une musique suffisamment riche et variée pour faire mouche auprès des amateurs du style. Alors pourquoi écouter Illnath plutôt qu’un autre groupe ? Et bien déjà parce que c’est bien exécuté (si, si, c’est utile de le préciser parce qu’on a déjà vu et entendu des groupes signés incapables de jouer correctement). Ensuite la production est bonne et n’a pas à rougir face à celle des studios plus réputés, dans le style pratiqué on ne peut se permettre d’avoir une production faiblarde sous peine de perdre toute puissance (un comble pour une musique qui se veut extrême par définition).
Côté musique, le groupe nous livre 9 morceaux (dont un instrumental d’une minute trente) pour un total d’environ 40 minutes, c’est peu diront certains, mais c’est toujours mieux que de souffrir pendant 70 minutes. L’album commence sur un roulement de batterie, et c’est parti. On a d’abord l’impression d’être en présence d’un groupe de death mélodique à la sauce suédoise, cette impression est vite balayée au bout de deux minutes avec l’arrivée de rythmes typiquement black. Et c’est justement là le point fort du groupe, se dernier arrive à marier des mélodies typiquement « death suédois » avec le meilleur du black sympho.
Le guitariste n’hésite pas à nous envoyer des solos typiquement heavy métal (sur le deuxième est excellent titre « behind the mirrors », les autres morceaux ne sont pas en reste « by the hands of violent winter » « frozen constellations »). Les riffs sont bien joués et entêtant, cela me rappelle par moments le Graveworm de « as the angel reach the beauty » (surtout dans le son et la façon de jouer) ; nous avons également droit à des rythmiques thrash : « cast into fields of evil pleasure », « the creators biggest pride ». Le groupe ne comporte qu’un seul guitariste mais ne s’en trouve pas plus mal, et ne souffre nullement de manque ; les synthés prenant la relève rythmique quand le guitariste se livre à l’exercice des solos. On retrouve même ici et là des duels synthés/guitares que n’aurait pas renier un groupe de sympho heavy speed « cast into fields of evil pleasure » « by the hands of violent winter ».
Puisqu’on parle des synthés, ceux ci sont très présents tout au long de l’album, et ne se limitent pas à des nappes en arrière plan. Ils accompagnent parfaitement la guitare tout au long des neufs morceaux et n’hésitent pas à prendre le pas sur celle-ci qui l’espace d’un moment se retrouve au second plan. De plus ils ne sont pas bêtement réglés sur le même son « type clavecin » et sont assez diversifiés. A titre d’exemple la ligne mélodique qui débute le quatrième morceau (seul morceau mid tempo de l’album) est un pur régal, surtout quand elle est reprise vers le milieu par la guitare .D’ailleurs ce morceau aurait pu figurer sur le midian de cradle sans problème : intro au synthé, cri « suraigu dans la nuit » et ligne de basse entraînante en font un modèle du genre, il vous rentre dans la tête sans que vous ne puissiez lutter, ajouter à cela un riff de guitare imparable, bref, un must.
Au niveau du chant, et bien tout y est ! Le chant criard black métal, les grognements d’ours, les murmures, cela permet d’éviter une certaine linéarité même si le schéma est connu de tous les groupes œuvrant dans le style. On ne peut s’empêcher de penser à cradle of filth sur certains passages, surtout quand la chanteur part dans des cris suraigus. Pour que le cahier des charges soit entièrement respecté on a même une voix féminine qui pointe le bout de son nez sur quelques titres « tempory borders ».
Bref, on trouve tous les éléments qui ont fait la renommée su style sur cet album, il n’y a rien de véritablement nouveau (ce n’était pas le but recherché) mais le tout est extrêmement bien joué et si le groupe continue sur cette voie, nul doute qu’il fera parler de lui. Les ténors du genre ont tendance à s’endormir sur leurs lauriers (old man’s child par exemple), qu’ils ne dorment pas trop longtemps parce que ça se bouscule au portillon.
Si vous lisez cette chronique, c’est que soit vous connaissiez le groupe (vous devez pas être nombreux quand même), soit que vous avez aimez la pochette qui a le mérite d’attirer l’œil. Mettre une femme à moitié à poil dessus est assez conventionnel mais si vous êtes là à lire ces lignes, c’est que ça marche encore !


Rédigé par : Dark Tranquilou | 16/20 | Nb de lectures : 7719