Si à l’évocation des termes « death », « groove » et « Danemark » le nom de ILLDISPOSED ne s’impose pas rapidement à votre esprit, c’est sans doute qu’il manque quelques cordes majeures à l’arc de votre culture extrême-métallique. Ce groupe traîne en effet ses baskets depuis 15 ans déjà sur les scènes danoises et internationales, et il a par le passé gravé son nom au panthéon du genre grâce à quelques classiques, aux rangs desquels « Submit » fait pour beaucoup figure de mètre étalon. J’avoue avoir perdu la trace du groupe après « There’s something rotten … », les quelques retours critiques glanés çà et là m’ayant dissuadé de pousser plus loin une idylle jusque-là sans tache, ceci entre autres afin de rester avec une bonne impression de la musique du groupe. Dix années plus tard, alors que la bande à Bo Summer sort déjà sa 2e galette au sein du bien établi label Roadrunner, dans quel état allais-je retrouver cet ex-flirt musical de mes années Biactol ? Les chros de leur galette précédente laissaient présumer du meilleur, mais on n’est jamais à l’abri de retrouver une blondasse vulgaire là où on avait quitté un beau petit minois charmeur.

Et bien ILLDISPOSED n’a rien perdu de son potentiel de séduction, pour peu que l’on ne soit pas insensible aux charmes d’un death mid-tempo groovy à souhait, au son gras et chaud, et à l’esprit plus rock’n’roll que foncièrement extrême. C’est de la zique qui fait taper du pied ça, Madame, voire qui incite à se laisser aller à la danse du gorille en rut ! Jakob Batten, guitariste et unique compositeur sur cet album, a vraiment le chic pour trouver le riff efficace, le rythme imparable. De son côté, Bo Summer n’a rien perdu de sa superbe vocale : il enchaîne toujours les styles, d’un growl death rocailleux et chaleureux à des percées à la limite du black (par contre – petit regret - je ne retrouve pas ses quasi-imitations de John Tardy qui m’avaient bien botté par le passé …). Il est de plus épaulé de temps à autre par Mikkel Sandager de Mercenary, ce qui aère certains titres via du chant clair d’assez bon goût. Oui, c’est vrai, certaines mélodies typiques et ce chant clair apportent à certains titres un petit côté metalcore (non, ne fuyez pas !) qui étonnera: ainsi « Nothing to fear … do it », ou « Burn me wicked » peuvent surprendre par moment… mais Illdisposed garde toujours le contrôle et ne manque pas de toujours vous reflanquer rapidement une mandale bien grasse histoire d’annihiler le moindre début de tentative de comparaison avec un Bullet for My Valentine ou autre boyz band du même acabit : ici, on porte des blouses pleines de cambouis, et on rote sa mousse à même la canette, non mais !

A signaler encore pour la route quelques points marquants : un titre bien punk (le justement nommé « Illdispunk’d ») qui nous rappelle si besoin était quel esprit anime le groupe. Un « The widow black » qui voit le groupe terminer le morceau sur un riff super efficace qu’il fait tourner jusqu’à plus soif, ralentissant progressivement le tempo jusqu’à flirter avec le doom, ce qui donne l’impression de se faire successivement mitrailler, découper en rondelles, puis enfin écraser sous un tank qui passe au point mort. Quelques touches électroniques très très discrètes (déconnez pas, revenez, on les remarque à peine !) accompagnent de plus certains passages (titres 7 et 8 ).
Bref, au final, si l’on néglige les quelques morceaux un poil plus faibles (« seulement » efficaces) et que l’on considère la grosse patate qui reste à la fin de l’écoute de cet album, on ne peut que se demander pourquoi diable Roadrunner a décidé de ne pas distribuer cet album dans nos contrées … !


Rédigé par : Cyril Glaume | 16/20 | Nb de lectures : 12963