6 ans...6 longues années que les Californiens d'Ignite ne nous avaient pas gratifiés d'un album depuis l'excellent A Place Called Home. Ce n'est pourtant pas faute de les avoir souvent aperçus en concert, le groupe ayant écumé quasiment tous les festivals d'Amérique et d'Europe, le plus mémorable restant sûrement le Sziget l'an passé, à Budapest, la ville natale du chanteur/leader du groupe, Zoli Teglas...

"Our Darkest Days" (Abacus Recordings) sonne donc le rappel d'un groupe à la carrière étrange, qui court sur plus de 13 ans, un groupe qui a toujours eu une certaine base de fans, mais dont la notoriété sera toujours restée mesurée si on la compare aux autres poids lourds Californiens. Un groupe au son immédiatement reconnaissable, surtout, reconnaissons-le, grâce à la voix d'orfèvre de Monsieur Teglas, tellement haut perchée qu'elle ferait passer la plupart des chanteurs de heavy pour des growlers à peine bons à officier dans un obscur groupe de death.
Pour les néophytes, il est de bon ton de préciser le style du groupe: un HardCore/Punk ultra-mélodique, qui rappelle autant les groupes Fat Wreck (No Use For A Name principalement) que les pionners du old-school que sont Gorilla Biscuits et 7 Seconds. Un groupe avec un message intelligent et positif, il est primordial de le garder à l'esprit, car c'est ce qui le distingue de la grande majorité des groupes de "punk-à-roulettes" auxquels il a toujours été comparé.

Mais assez avec la présentation, venons-en à la matière première...

L'album démarre avec une intro particulièrement péchue, laissant la sauce monter, la voix planante de Zoli représentant les éclairs au milieu du tonnerre grondant que constituent les roulements et raa de Craig Anderson. Le groupe se serait-il endurci, aurait-il gagné en lourdeur ? Le premier vrai titre, "Bleeding", vient tout de suite clarifier les choses: Ignite est toujours Ignite, la mélodie l'emporte sur la vitesse pourtant effrénée, le chant est directement stratosphérique, on retrouve tout de suite nos repères ! Ce titre s'en prend sans vergogne à l'administration Bush et sa politique étrangère, et nous voilà complètement rassurés: le groupe n'a en rien perdu de sa verve et de son intelligence, le cocktail gagnant Ignitesque est donc parfaitement reconduit ici. Et c'est l'information principale que l'on peut déjà tirer de cet album: on oublie les 6 ans d'écart avec A Place Called Home et on se régale avec le Ignite 2006 ! La production signée Cameron Webb (Social Distortion, Motorhead, SUM 41, Silverstein) est impeccable, le mixage des vocaux est vraiment impressionnant selon moi...

Ceux qui ont eu la chance de voir Ignite sur scène l'année passée reconnaitront peut-être certains des morceaux, le groupe ayant l'agréable habitude de jouer ses futurs hits sur scène avant de les enregistrer et commercialiser.
On retrouve ainsi la reprise de Sunday Bloody Sunday, déjà présente sur le pressage européen de "So Called..." et jouée à chaque prestation du groupe en concert depuis bientôt 10 ans. Le titre Fear Is Our Tradition n'est aussi pas une nouveauté car déjà inclus dans le EP "California United", même s'il a subi un remixage, apparemment. Le dernier titre Live For Better Days est acoustique, le calme après la tempête en quelques sorte. On pourra apprécier Zoli chanter dans sa langue natale sur la seconde partie du morceau.

Des 11 titres restants, j'en dégagerais donc 4: Strength pour le talent de Zoli qui éclate ici sous toutes ses facettes, Know Your History pour les textes d'une rare justesse mais aussi pour le travail du batteur, époustouflant, Slowdown pour son refrain et sa mélodie ultra-efficaces et enfin Are You Listening pour les parties de grattes les plus péchues tout en restant incroyablement précises et mélodiques. J'émettrais un reproche global toutefois: cette impression de déjà-entendu sur certains titres, je trouve que le groupe n'a pas pris de risque inconsidéré, mais c'est peut-être mieux ainsi, le groupe ayant une identité particulièrement forte.

Certains buteront sans doute sur le coté "très accessible" de la musique, qui n'est effectivement pas destinée aux amateurs de mosh-parts et aux fans de musique 'bourrine', mais les autres en auront pour leurs frais: les fans du revival old-school mélodique actuel (Comeback Kid, Set Your Goals,
et consorts) vont pouvoir découvrir/retrouver l'un des groupes qui les aura tous indéniablement inspirés. Le groupe pourra aussi plaire aux fans de heavy traditionnel, rien que pour la voix de Zoli (oui, je sais, j'insiste, mais vraiment, il le mérite !). Surveillez-les cet été, ils tournent dans toute l'Europe et font les principaux festivals (Hellfest, Pressure, Graspop...) !


Rédigé par : Candira-Thon | 14/20 | Nb de lectures : 13881