IAN GILLAN & TOMMY IOMMI - WhoCares (EarMusic/Wagram) - 30/01/2013 @ 08h05
Avant de rédiger cette chronique, je savais peu de choses sur Ian Gillan, hormis sa carrière solo et celle qu’il mena principalement avec Deep Purple. Bien sûr, son amitié avec Tommy Iommi depuis ‘Born again’, réalisé au nez d’Ozzy et sous le regard incrédule de Dio, ne m’était pas inconnue. Mais, n’ayant prêté que peu d’attention au single WhoCares sorti en 2011, c’est la sortie de ce double CD qui finalement attisera le plus ma curiosité sur ces deux légendes du Hard rock.
Ian Gillan & Tommy Iommy : WhoCares est un projet musical caritatif conçu pour la reconstruction, entre autre, de l’école de musique de Gyumri, ville située en Arménie dans la région de Spitak. En 1988, le séisme qui dévasta cette zone géographique suscita chez bon nombre d’artistes, dont Ian Gillan faisait partie, le besoin d’organiser un concert ‘Rock Aid Armenia’ dans le but de récolter des fonds pour venir en aide à ce pays. Depuis ce drame, les liens reliant ces deux amis à l’Arménie n’ont jamais cessé de se resserrer, plus tendus que jamais…. (Faut bien que je pense à mes amies adeptes du bondage non plus !)… D’ailleurs, ce double CD témoigne encore de leur solidarité pour l’Hayastan (=Arménie en Arménien) située à l’orée du monde asiatique et dont l’histoire est parsemée de confrontations et de drames. Il est à la fois un point de convergence lithosphérique (subduction des plaques tectoniques) mais aussi historique.
De même, Ian Gillan et Tommy Iommi ne se sont-ils pas retrouvés à la fin des année 60, sur le carrefour de nombreux genres musicaux (rock psychédélique, musique folk, classique, jazz, blues, soul, funk, et musique latine….) ? Tout comme l’Arménie qui naquit au carrefour des plus grandes civilisations (perse, séleucide, parthe, romaine, sassanide, byzantine, arabe, turque…), le hard rock serait le fruit mûr issu de la rencontre de plusieurs courants musicaux, aussi divers qu’ils étaient à cette époque.
Who Cares est non seulement une compilation de titres anciens, parfois inédits, enregistrés par Deep Purple et Black Sabbath, ou alors issus de la carrière solo de Ian Gillan et de Tommy Iommi, mais en plus il offre l’occasion de découvrir deux nouveaux titres de très (très) bonne facture, chacun figurant en première position des deux CD : ‘Out of my Mind’ CD1(White) et ‘Holy Water’ CD2 (Black) (NB : cette dualité des couleurs n’est pas non plus le fruit du hasard mais nous y reviendrons après). D’autres musiciens tel Jon Lord (Deep Purple, Whitesnake…), Jason Newsted (Metallica), Nicko McBrain ( Iron Maiden) et Mikko "Linde" Lindström (of HIM) sont venus prêter main forte à leurs amis, pour le meilleur et le meilleur…
Pour une raison que je ne saurais expliquer, le premier titre que j’ai eu envie de découvrir fut ‘Holy Water’.
D’abord, un coup d’œil sur le commentaire de Gillan à propos de ce titre, permet de saisir rapidement le sens métaphorique de ses paroles. Son eau bénite n’est ni plus ni moins que du whisky, boisson qu’il affectionne et qu’il aimait partager avec son ami Jon Lord. Toutefois, j’aime à penser que cette métaphore va bien au-delà d’une simple boisson alcoolisée…’ Rien que de l'eau, de l'eau de pluie, De l'eau de là-haut’(Samson.V)
D’après mes sources (internet …oui bon !), l’eau bénite permet d’accomplir le baptême, sacrement que l’on retrouve pour de nombreuses religions, anciennes ou modernes. Elle symboliserait à la fois la renaissance et la pureté d’une personne, mais peut être aussi, et ce, d’après le contexte de cet album, celle d’un pays, d’un peuple ou d’un ami… Les paroles de ‘Holy water’ montrent l’importance que Ian Gillan confère à la souffrance morale ainsi qu’à sa valeur rédemptrice. Elle concerne la peine d’un peuple face à des évènements cataclysmiques, la culpabilité ressentie face à l’addiction, et très probablement, étant donnée la chronologie des événements, à la perte annoncée d’un ami cher ….’ Thank the Lord for holy water’. Alors, que vous soyez croyants, agnostiques ou bien même athées, buvez de cette eau bénite, imprégnez-vous de ce lyrisme mystique, car ceci est l’œuvre de Gillan et Morse (Deep purple, Flying colors…). Son introduction atmosphérique jouée au ‘Duduk’ (sorte de hautbois oriental datant de l’antiquité que l’on retrouve également sur la B.O de ‘La dernière tentation du christ’ Peter Gabriel) nous amène progressivement vers une symphonie pastorale apothéotique au rythme lourd, sombre et oppressant, jouée de main de maître par le nécromancien aux doigts de sorcier, T. Iommy. Arrive enfin la voix profonde, puissante et sensible de Gillan. Elle est empreinte de gravité, de mélancolie et se mêle très adroitement, voire passionnément, à la noirceur des riffs de M. Iommy. Cette improbable alchimie est, je crois, le secret qui fait de cette chanson l’un des meilleur titre de Hard Rock jamais réalisé. Il est impossible à ce niveau de ne pas être ému face au ressenti mystique qui se dégage à la fois des couplets mais aussi du refrain qui prend ici les allures des meilleurs ballades irlandaises. Le mieux est de l’écouter un soir, bien au chaud, assis confortablement dans son canapé en contemplant les scintillements qui font l’écho des lumières urbaines sur de belles ruelles givrées. Avec, en plus dans le gosier, une éclaboussure de single malt écossais (Just a splash… of Holywater). Vous m’en direz des nouvelles !
Le second nouveau titre ‘Out of my mind’ est certes plus conforme au style de Deep Purple mais il n’en reste pas moins un morceau parfait : jamais trop ou pas assez, juste la bonne dose au bon moment. Le tempo y est relativement lent mais les mélodies rock aux sonorités orientales, ainsi que les percussions de Nico Mc Brain (Iron maiden) sont produites avec une telle rage qu’on a l’impression d’être à 120 bpm. Le passage planant, qui fait la part belle à la voix mystérieuse et mystique de Gillan, est tout bonnement un moment génial.
Bien, que rejetant le dogmatisme et la suprématie d’une religion sur une autre, Gillan au cours d’une de ses nombreuses interviews n’en est pas moins convaincu de l’existence d’une réalité étendue que l’esprit humain comprendra un jour (voir http://www.gillan.com.rubrique‘The basement archives’.) Cette conception n’est pas uniquement philosophique, elle relève aussi de croyances déistiques dont les fondements sont principalement issus de la gnose et du zoroastrisme. Cette religion encore pratiquée (mais rarement) en Iran (pays voisin de la république Arménienne) s’est basée sur le dualisme (âme-corps/ Bien-mal) inhérent à l’être humain. Finalement, c’est une conception relativement proche du Taoïsme : le Yin le Yang, le blanc, le noir… Tiens ça me rappelle quelque chose ! La couleur des CD pardi ! Premier indice.
Bref, nous agissons selon notre libre-arbitre, et il nous appartient de décider de la voie à choisir, celle de la lumière ou de la force obscure, mon cher Luc Marcheur du ciel. Toutefois, au cas où vous vous seriez égaré (tout comme moi), des règlements affichés sont là pour nous remettre dans le droit chemin. Ils nous éclairent dans l’obscurité !... :
- Mais je n’y étais pas moi dans l’obscurité !...
- Que nenni ! Vous êtes en plein dedans puisqu’on a de cesse de vous le rappeler. Finalement, dans le but de faire respecter les lois, notre société ne s’amuserait-elle pas à titiller notre sentiment de culpabilité inhérent à toute morale fondée sur la dualité, le manichéisme et le péché. ?
‘I’m not guilty, but I’m conscious. A bad net weight on my conscience’ (Gillan). Inspiré par ses nombreux vols pour l’Arménie, Gillan souhaitait initialement titrer ce morceau ‘défense de fumer dans les toilettes’ (rien à voir avec Smoke on the water, mais alors strictement rien à voir !!). Le cynisme réside en ce sens que l’interdiction de fumer dans l’avion, qui nous est sans cesse rabâchée, doit être respectée sous peine de sanction. Par contre, le meurtre, le déclenchement d’incendie ou la strangulation ne sont jamais mentionnés, mais peut-être au mieux suggérés. You’re never gonna drive those demons Out of my mind - I know you’ve gone, but you’re never Out of my mind-Still see those pictures of hell sends me Out of my mind’. I. Gillan.
En ce qui concerne les autres titres, ils permettent de passer en revue des moments de création assez exceptionnels qui n’ont peut-être pas eu le succès qu’ils méritaient. Je pense notamment aux albums
1) Born again représenté ici par le titre très nerveux mais pour le moins exceptionnel Trashed. À lire la petite anecdote de Gillan le concernant : ce n’est pas triste !
2) Tyr de Black sabbath avec Cozy Powell (son style percutant, et subtil à la fois, est très vite reconnaissable et il nous manque terriblement) et Tony Martin. Le titre choisi ‘Anno Mundi ‘montre tout d’abord le talent de ce chanteur qui (qu’on se le dise) fut loin d’être une pièce rapportée. Justice lui a donc été rendue. Pour les autres titres choisis, je passerai sous silence mon bilan qui somme toute reste très mitigé en dépit des deux morceaux inédits (période Fused) chantés par l’immense Glen Hughes.
Alors même si les nouveaux morceaux n’apportent pas grand-chose au moulin, je ferai tout de même une petite exception pour :
1) Smoke on the water joué avec l’orchestre symphonique de Londres et qui permet de rendre hommage à Ronnie James Dio : Whay a guy, what a voice….terribly missed (Gillan)
2) Get away qui ressemble à une erreur de parcours (d’autant plus que le clip vidéo contenait plus de relents kitschesques que quatre slips de panthère métallique réunis), pourrait éventuellement être une agréable surprise pour les aficionados du style AOR-New Age. Pour les autres, pas sûr que cela fasse l’unanimité.
Voilà en gros ce que je pense du double CD WhoCares. Je ne me prétends pas exégète des pensées philosophiques de Ian Gillan, mais ce que j’ai écrit provient à la fois de ce que j‘ai pu lire ou écouter à son sujet mais aussi de mon intuition ou de mon ressenti. Peut-être me suis-je égaré quelque peu dans mes interprétations, il demeure tout de même que Ian Gillan tient souvent au cours de ses interviews un discours à la fois pragmatique mais aussi proche des courants philosophiques et mystiques. Dans tous les cas, mon premier désir était de vous donner envie d’écouter les titres récemment écrits Holy Water et Out of my mind : symbolisme recherché des paroles, convergence subtile de différents styles musicaux, magistral et impeccable.
Rédigé par : The Walking Bed | 13/20 | Nb de lectures : 14041
Sympa, dommage que ce soit si douloureux de l'écouter sur scène actuellement,avec une voix et une santé totalement foutue. A l'inverse de ce qu'a pu donner dio (cf le concert d'hean and hell au casino de paris) et de ce que donne encore un klaus meine.
Nicko IP:171.16.208.2 Invité
Posté le: 31/01/2013 à 13h02 - (105780)
WhoCares, c'est le nom du groupe formé par Iommi, Gillan, Newsted, McBrain et Lord. Pas le nom de la compil...
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Ian Gillan & Tommy Iommy : WhoCares est un projet musical caritatif conçu pour la reconstruction, entre autre, de l’école de musique de Gyumri, ville située en Arménie dans la région de Spitak. En 1988, le séisme qui dévasta cette zone géographique suscita chez bon nombre d’artistes, dont Ian Gillan faisait partie, le besoin d’organiser un concert ‘Rock Aid Armenia’ dans le but de récolter des fonds pour venir en aide à ce pays. Depuis ce drame, les liens reliant ces deux amis à l’Arménie n’ont jamais cessé de se resserrer, plus tendus que jamais…. (Faut bien que je pense à mes amies adeptes du bondage non plus !)… D’ailleurs, ce double CD témoigne encore de leur solidarité pour l’Hayastan (=Arménie en Arménien) située à l’orée du monde asiatique et dont l’histoire est parsemée de confrontations et de drames. Il est à la fois un point de convergence lithosphérique (subduction des plaques tectoniques) mais aussi historique.
De même, Ian Gillan et Tommy Iommi ne se sont-ils pas retrouvés à la fin des année 60, sur le carrefour de nombreux genres musicaux (rock psychédélique, musique folk, classique, jazz, blues, soul, funk, et musique latine….) ? Tout comme l’Arménie qui naquit au carrefour des plus grandes civilisations (perse, séleucide, parthe, romaine, sassanide, byzantine, arabe, turque…), le hard rock serait le fruit mûr issu de la rencontre de plusieurs courants musicaux, aussi divers qu’ils étaient à cette époque.
Who Cares est non seulement une compilation de titres anciens, parfois inédits, enregistrés par Deep Purple et Black Sabbath, ou alors issus de la carrière solo de Ian Gillan et de Tommy Iommi, mais en plus il offre l’occasion de découvrir deux nouveaux titres de très (très) bonne facture, chacun figurant en première position des deux CD : ‘Out of my Mind’ CD1(White) et ‘Holy Water’ CD2 (Black) (NB : cette dualité des couleurs n’est pas non plus le fruit du hasard mais nous y reviendrons après). D’autres musiciens tel Jon Lord (Deep Purple, Whitesnake…), Jason Newsted (Metallica), Nicko McBrain ( Iron Maiden) et Mikko "Linde" Lindström (of HIM) sont venus prêter main forte à leurs amis, pour le meilleur et le meilleur…
Pour une raison que je ne saurais expliquer, le premier titre que j’ai eu envie de découvrir fut ‘Holy Water’.
D’abord, un coup d’œil sur le commentaire de Gillan à propos de ce titre, permet de saisir rapidement le sens métaphorique de ses paroles. Son eau bénite n’est ni plus ni moins que du whisky, boisson qu’il affectionne et qu’il aimait partager avec son ami Jon Lord. Toutefois, j’aime à penser que cette métaphore va bien au-delà d’une simple boisson alcoolisée…’ Rien que de l'eau, de l'eau de pluie, De l'eau de là-haut’(Samson.V)
D’après mes sources (internet …oui bon !), l’eau bénite permet d’accomplir le baptême, sacrement que l’on retrouve pour de nombreuses religions, anciennes ou modernes. Elle symboliserait à la fois la renaissance et la pureté d’une personne, mais peut être aussi, et ce, d’après le contexte de cet album, celle d’un pays, d’un peuple ou d’un ami… Les paroles de ‘Holy water’ montrent l’importance que Ian Gillan confère à la souffrance morale ainsi qu’à sa valeur rédemptrice. Elle concerne la peine d’un peuple face à des évènements cataclysmiques, la culpabilité ressentie face à l’addiction, et très probablement, étant donnée la chronologie des événements, à la perte annoncée d’un ami cher ….’ Thank the Lord for holy water’. Alors, que vous soyez croyants, agnostiques ou bien même athées, buvez de cette eau bénite, imprégnez-vous de ce lyrisme mystique, car ceci est l’œuvre de Gillan et Morse (Deep purple, Flying colors…). Son introduction atmosphérique jouée au ‘Duduk’ (sorte de hautbois oriental datant de l’antiquité que l’on retrouve également sur la B.O de ‘La dernière tentation du christ’ Peter Gabriel) nous amène progressivement vers une symphonie pastorale apothéotique au rythme lourd, sombre et oppressant, jouée de main de maître par le nécromancien aux doigts de sorcier, T. Iommy. Arrive enfin la voix profonde, puissante et sensible de Gillan. Elle est empreinte de gravité, de mélancolie et se mêle très adroitement, voire passionnément, à la noirceur des riffs de M. Iommy. Cette improbable alchimie est, je crois, le secret qui fait de cette chanson l’un des meilleur titre de Hard Rock jamais réalisé. Il est impossible à ce niveau de ne pas être ému face au ressenti mystique qui se dégage à la fois des couplets mais aussi du refrain qui prend ici les allures des meilleurs ballades irlandaises. Le mieux est de l’écouter un soir, bien au chaud, assis confortablement dans son canapé en contemplant les scintillements qui font l’écho des lumières urbaines sur de belles ruelles givrées. Avec, en plus dans le gosier, une éclaboussure de single malt écossais (Just a splash… of Holywater). Vous m’en direz des nouvelles !
Le second nouveau titre ‘Out of my mind’ est certes plus conforme au style de Deep Purple mais il n’en reste pas moins un morceau parfait : jamais trop ou pas assez, juste la bonne dose au bon moment. Le tempo y est relativement lent mais les mélodies rock aux sonorités orientales, ainsi que les percussions de Nico Mc Brain (Iron maiden) sont produites avec une telle rage qu’on a l’impression d’être à 120 bpm. Le passage planant, qui fait la part belle à la voix mystérieuse et mystique de Gillan, est tout bonnement un moment génial.
Bien, que rejetant le dogmatisme et la suprématie d’une religion sur une autre, Gillan au cours d’une de ses nombreuses interviews n’en est pas moins convaincu de l’existence d’une réalité étendue que l’esprit humain comprendra un jour (voir http://www.gillan.com.rubrique‘The basement archives’.) Cette conception n’est pas uniquement philosophique, elle relève aussi de croyances déistiques dont les fondements sont principalement issus de la gnose et du zoroastrisme. Cette religion encore pratiquée (mais rarement) en Iran (pays voisin de la république Arménienne) s’est basée sur le dualisme (âme-corps/ Bien-mal) inhérent à l’être humain. Finalement, c’est une conception relativement proche du Taoïsme : le Yin le Yang, le blanc, le noir… Tiens ça me rappelle quelque chose ! La couleur des CD pardi ! Premier indice.
Bref, nous agissons selon notre libre-arbitre, et il nous appartient de décider de la voie à choisir, celle de la lumière ou de la force obscure, mon cher Luc Marcheur du ciel. Toutefois, au cas où vous vous seriez égaré (tout comme moi), des règlements affichés sont là pour nous remettre dans le droit chemin. Ils nous éclairent dans l’obscurité !... :
- Mais je n’y étais pas moi dans l’obscurité !...
- Que nenni ! Vous êtes en plein dedans puisqu’on a de cesse de vous le rappeler. Finalement, dans le but de faire respecter les lois, notre société ne s’amuserait-elle pas à titiller notre sentiment de culpabilité inhérent à toute morale fondée sur la dualité, le manichéisme et le péché. ?
‘I’m not guilty, but I’m conscious. A bad net weight on my conscience’ (Gillan). Inspiré par ses nombreux vols pour l’Arménie, Gillan souhaitait initialement titrer ce morceau ‘défense de fumer dans les toilettes’ (rien à voir avec Smoke on the water, mais alors strictement rien à voir !!). Le cynisme réside en ce sens que l’interdiction de fumer dans l’avion, qui nous est sans cesse rabâchée, doit être respectée sous peine de sanction. Par contre, le meurtre, le déclenchement d’incendie ou la strangulation ne sont jamais mentionnés, mais peut-être au mieux suggérés. You’re never gonna drive those demons Out of my mind - I know you’ve gone, but you’re never Out of my mind-Still see those pictures of hell sends me Out of my mind’. I. Gillan.
En ce qui concerne les autres titres, ils permettent de passer en revue des moments de création assez exceptionnels qui n’ont peut-être pas eu le succès qu’ils méritaient. Je pense notamment aux albums
1) Born again représenté ici par le titre très nerveux mais pour le moins exceptionnel Trashed. À lire la petite anecdote de Gillan le concernant : ce n’est pas triste !
2) Tyr de Black sabbath avec Cozy Powell (son style percutant, et subtil à la fois, est très vite reconnaissable et il nous manque terriblement) et Tony Martin. Le titre choisi ‘Anno Mundi ‘montre tout d’abord le talent de ce chanteur qui (qu’on se le dise) fut loin d’être une pièce rapportée. Justice lui a donc été rendue. Pour les autres titres choisis, je passerai sous silence mon bilan qui somme toute reste très mitigé en dépit des deux morceaux inédits (période Fused) chantés par l’immense Glen Hughes.
Alors même si les nouveaux morceaux n’apportent pas grand-chose au moulin, je ferai tout de même une petite exception pour :
1) Smoke on the water joué avec l’orchestre symphonique de Londres et qui permet de rendre hommage à Ronnie James Dio : Whay a guy, what a voice….terribly missed (Gillan)
2) Get away qui ressemble à une erreur de parcours (d’autant plus que le clip vidéo contenait plus de relents kitschesques que quatre slips de panthère métallique réunis), pourrait éventuellement être une agréable surprise pour les aficionados du style AOR-New Age. Pour les autres, pas sûr que cela fasse l’unanimité.
Voilà en gros ce que je pense du double CD WhoCares. Je ne me prétends pas exégète des pensées philosophiques de Ian Gillan, mais ce que j’ai écrit provient à la fois de ce que j‘ai pu lire ou écouter à son sujet mais aussi de mon intuition ou de mon ressenti. Peut-être me suis-je égaré quelque peu dans mes interprétations, il demeure tout de même que Ian Gillan tient souvent au cours de ses interviews un discours à la fois pragmatique mais aussi proche des courants philosophiques et mystiques. Dans tous les cas, mon premier désir était de vous donner envie d’écouter les titres récemment écrits Holy Water et Out of my mind : symbolisme recherché des paroles, convergence subtile de différents styles musicaux, magistral et impeccable.
Rédigé par : The Walking Bed | 13/20 | Nb de lectures : 14041