Comme pour leurs confrères de label RÉSISTANCE, dès que les premières lignes de chant du morceau « Ordealis » résonnent, une frontière aussi invisible qu’infranchissable apparaît entre ceux qui, d'un côté, vont vouloir empoigner leur peau de bête, leur hache à deux mains et partir à la chasse aux dragons et de l'autre, les métrosexuels au poil seyant et à la mèche impeccable qui n’y verront qu’une preuve supplémentaire de la nullité affligeante du heavy metôl à papa. Pour dire, ni les multiples emprunts à MANOWAR et EXCITER ni les paroles (aux deux-tiers) en français, qui ajoutent au contraire un charme un peu rétro à la MALEDICTION aussi rare qu’agréable, ne font pas vraiment grincer des dents en comparaison. Au contraire, le côté complètement assumé de ces fanboys des années 80, avec son lot de clichés, ses paroles pleines de moines-guerriers et d’exhortation au combat et cette superbe pochette digne d’un recueil de nouvelles de Robert E. Howard et signée par JP Fournier (IMMORTAL, IMPALED NAZARENE, LONEWOLF etc.) désamorce presque d’avance toute critique. Surtout que le tout a une patate d’enfer et qu’en tendant bien les cages à miel, en dehors d’un son très naturel et réalisé à la maison, vous aurez même l’impression d’entendre le bruit clapoteux de la boue récoltée sur tous les festivals d’été d’outre-Rhin au son de RUNNING WILD, SAXON ou MANILLA ROAD. Ce n’est pas pour rien qu’HÜRLEMENT a ouvert en janvier dernier à Paris pour ATTENTAT ROCK et MANIGANCE…

Mais voilà, dès que les phrases « mensonges et parjures, trahison du peuple, je défendrai mon trône par mon poing et ma lame » retentissent sur un ton perché et sentencieux à la fois, certains risquent de courir aux abris. Pourtant, si l’on prend en compte le contexte dans lequel HÜRLEMENT se place, ce choix est somme toute logique. Mais voilà, rien n’y fait, tout comme le chant de lavabo débouché coupera à jamais le death d’une partie du public metal, si vous ne supportiez déjà pas les groupes dont on pourrait suspecter les frontman d’avoir perdu leur virilité en fermant malencontreusement une porte, ce n’est pas ce disque old-school à mort qui vous fera changer d’avis. Et c’est bien dommage car on tient là quand même un putain de disque heavy fucking metal. Nos voisins teutons adorent déjà !


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 15/20 | Nb de lectures : 11561