La Finlande, l'autre pays du fromage (3/3)

Ce premier album de Häive confirme une chose : les splits sont décidément souvent des cimetières pour les morceaux qui ne trouvent pas leur place ailleurs. Oui, il y a des exceptions et quelques splits de grande qualité. Mais, si je m'étais arrêté au split Wyrd/Häive/Kehrä sorti l'année dernière, je crois que je n'aurais même pas jeté une oreille à ce miel massai sorti tout droit de la ruche de Northern Silence. Heureusement, le "folk doucereux" (je me cite) que proposait Häive sur l'unique titre un peu burné de la sortie multipartite n'était pas représentatif, loin s'en faut, des qualités du projet. Rembobinons un peu.

Häive est une entité finlandaise née en 2002 qui a à son actif trois démos aux titres imprononçables. La troisième bestiole a vu le passage du combo chez Northern Silence qui a recyclé cette dernière offrande dans le split dont je vous parle depuis une demi-heure. Donc, cette sortie 2007 a en réalité été enregistrée en 2005. Cela a laissé le temps au projet de mûrir pour proposer six nouveaux "Raina". Et le résultat est bien intéressant.

Haïve s'oriente vers un mélange entre du folk metal plombé aux hormones et du doom/death nihiliste. Les mélodies entraînantes et mélancoliques me font largement penser aux suédoiseries des débuts de Katatonia. La voix criarde qui hurle des textes en finnois ne peut qu'évoquer Ajattara. A noter, les chants clairs mélancoliques et guerriers très réussis de "Raina : Yömyrsky", qui symbolise bien l'équilibre entre les deux facettes du groupe. Dommage qu'ils soient si peu présents. Les passages acoustiques ou usant d'instruments anciens sont également très bien faits (le passage central de "Raina : Kurjat Kurjet" est fort beau). Entre six et dix minutes, les cinq compos (il y a une intro) exploitent longuement les riffs dans des structures couplet/refrain assez conventionnelles, mais qui s'avèrent diablement efficaces.

Rien de bien neuf sous le soleil de minuit, mais un mélange varié et plaisant où le groupe trouve ses marques sans être soporifique. Si l'ensemble manque encore de profondeur et de personnalité (variant pas mal selon les sorties), le point fort de cet album est cette impression généralisée de mélancolie, une sorte de torpeur qui prend dès les premières mesures et qui donne envie de s'éloigner définitivement du monde de merde dont parlait si bien George Abitbol. "Mieli Maassa" est convaincant et devrait autant interpeler les amateurs de doom/death suédois que de folk metal déambulant en plein désespoir.

Comme d'habitude, évitez la boîboîte en métal pour prendre la version standard moins chère et qui apporte tout autant.


Rédigé par : Prince de Lu | 15,5/20 | Nb de lectures : 11458