Même toute la verve dithyrambique de notre Cobra Commander national n’a pas suffi hélas à vraiment sauver ‘Haunted by Words of Gods’ de HYSTERIA, victime de l’arrêt brutal des activités (en tant que label) d’ADIPOCERE au moment de sa sortie et petite bombe hélas morte-née, faute de réelle campagne de promotion conséquente derrière. Leur recette avait pourtant le mérite d’être assez atypique, réunissant dans un même ensemble un death metal sombre et brutal à la IMMOLATION avec un sens mélodique biscornu, quasi-grec dans son approche et ne tombant jamais dans le mielleux ‘Göteborgien’. Trois ans plus tard, ces Lyonnais refont enfin surface avec presque la même formule et donc presque la même réussite. Si je dis ‘presque’, c’est parce que l’on a l’impression sur ‘When Believers Preach Their Hangman’s Dogma’, la balance penche désormais un pet plus du côté du brutal et un peu moins du côté mélodique. Même si « Still Haunted by Flesh » est presque black suédois dans son approche, rien que le break épique de « Your Kingdom Will Be Mine » par exemple laisse sous-entendre que NILE et BEHEMOTH ont beaucoup tourné sur les platines et dans les cages à miel des membres d’HYSTERIA. De plus, la durée des morceaux a été revue à la baisse alors que contrairement au super boulot effectué sur le premier album, la production (certes réalisée à la maison) cette fois-ci nettement plus sèche et ‘propre’ à l’américaine met beaucoup plus l’accent sur la brutalité mais sonne en contrepartie moins, euh, chaleureuse, ce que même le mastering signé Brett de KALISIA ne rattrape pas. En fait, on a l’impression que le groupe s’est un peu VADERisé, ressemblant désormais un peu trop à ces groupes polonais aussi performants qu’impersonnels sortant par paquet de douze sur EMPIRE RECORDS. D’ailleurs, tant qu’on y est aux rayons ‘remontrances’, utiliser pour la 4529ème fois un sample de ‘Hellraiser’ en guise d’introduction et faire appel au service de Spiros de SEPTICFLESH pour accoucher d’une certes très belle mais complètement impersonnelle pochette, ressemblant qui plus est pas mal à une déjà réalisée pour NIGHTRAGE, est franchement contre-productif...

Or HYSTERIA a bien plus à proposer et cela se sent via quelques interventions bien senties, comme cette façon de laisser ‘serpenter’ (je me comprends) les riffs ou lorsqu’ils abandonnent le terrain du double-kick-dans-ta-gueule pour mieux aérer leurs guitares. En fait, plus on progresse dans l’album et plus on a l’impression de retrouver la verve mélodique torturée de leur premier album, le tout se concluant sur un excellent « Les Ecrits Blasphématoires » digne de SEPTICFLESH (période ‘Esoptron’), et au passage seul morceau de l’album dont les paroles sont en Français.

Alors peut-être leur a-t-il manqué un producteur digne de ce nom pour les driver un peu ? Ou peut-être le groupe a-t-il ressenti le besoin après trois ans d’absence avant tout de taper là où cela fait mal, histoire de marquer les esprits ? Bref, toujours est-il que plutôt qu'un nouvel album, on a l'impression d'avoir affaire à une mise au point (ou, dans le cas présent, au poing). Et aussi efficace que soit ce skeud au titre interminable, je reste un schtroumpf sur ma faim. La gueule un peu contusionnée certes mais sur ma faim quand même car on sent bien qu'avec un peu plus de moyens et un recadrage, HYSTERIA pourrait potentiellement offrir quelque chose de beaucoup plus ambitieux...


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 13/20 | Nb de lectures : 11929