Human Fortress avait marqué les esprits en 2003 avec "Defenders of the Crown", salué à l’époque comme l’un des meilleurs albums de heavy metal de l’année. Cinq ans plus tard le groupe de Hanovre, toujours mené par les deux fondateurs Torsten Wolf (guitare rythmique) et Pablo Tammen (basse), revient avec un line-up largement remanié. Le chanteur Jioti Parcharidis ayant dû quitter le groupe pour des raisons de santé, il est aujourd’hui remplacé par Carsten Franck (ex-Galloglass). La formation compte également en son sein deux nouveaux éléments à la batterie et à la guitare lead.

Inutile de préciser qu’un changement de chanteur est toujours un moment délicat dans la carrière d’un groupe. Human Fortress ne fera pas exception à la règle, et les fans des premiers albums risquent d’être décontenancés par cette nouvelle voix, forcément différente. A l’inverse de son prédécesseur qui évoluait dans un registre plutôt typé hard traditionnel, le nouveau frontman propose un chant varié et souvent plus brutal. Il s’agit donc d’un élément à prendre en compte afin de comprendre le (relatif) changement de direction de la formation allemande vers un power/heavy metal moderne.

Le premier titre « Contrast » constitue un habile mélange entre la facette metal 80s du groupe, déjà connue des fans de la première heure, et une volonté affichée de défricher de nouveaux territoires, plus violents. Sur les couplets de ce premier morceau, le chant est quasi death par instants, ce qui risque d’en rebuter certains ! Ces vocaux, hargneux et puissants, sont le symbole d’une orientation power metal assez prononcée. Attention cependant, les Allemands n’ont pas abandonné les refrains taillés pour faire chanter les foules et ce savoir-faire qui a fait du groupe l’un des meilleurs espoirs du style en Europe.

Plusieurs plages sont à écouter impérativement. « The Wizard », magnifique morceau dans lequel se dégage une atmosphère mediévale, constitue un bon exemple de l’efficacité que peut atteindre le heavy teuton lorsqu’il est joué à la perfection. Une belle baffe qui vaut presque à elle seule que l’on s’intéresse à cet album. « Circle Of Flames » est un autre « hit » en puissance doté d’un refrain mnémonique ; sur cette plage, Carsten Franck sonne comme un mélange détonnant (mais improbable !) entre Ryan McCombs (ex Soil, actuel Drowning Pool) et Tobias Sammet (que l’on ne présente plus). Il faut que dire le chanteur est l’un des grands artificiers de cet album car il a su apporter modernité et variété dans le groupe grâce à son organe puissant (que ceux qui pensent le contraire aillent le lui dire en face, étant donnée la carrure du bonhomme, je m’en abstiendrai pour ma part !). Notons que c’est également lui qui s’est chargé de l’excellente production de cet "Eternal Empire", qui permet d’apprécier pleinement le talent des musiciens (écoutez par exemple la basse de Pablo Tammen sur « Lions Den »). Le dernier morceau « Falling Leaves » constitue lui aussi un des grands moments de cet album, grâce à ces sonorités celtiques.

Vous l’aurez compris, le combo allemand nous offre un disque relativement varié, qui respecte les codes du genre tout en évitant de sonner trop daté. C’est incontestablement ce qui fait la force de ce nouvel opus. Malheureusement, le visage actuel présenté par Human Fortress risque peut-être de se révéler trop brutal pour les inconditionnels de heavy classique et trop traditionnel pour les fans de power metal moderne. Au-delà de cette contradiction, gageons toutefois que les amateurs de metal « à l’allemande » seront ravis de retrouver ce groupe enterré trop rapidement.


Rédigé par : up the irons | 15/20 | Nb de lectures : 10411