La Violence par procuration. La satisfaction d’un penchant bestial et primitif dont la société, la couardise et les bonnes manières nous privent : voilà ce qui a fait de nous des thrasheurs. Sortir du cocon protecteur, anesthésiant, déchirer la membrane qui nous isole de la Vie pour goûter à la réalité, salée et ferrugineuse, sanglante, si éloignée des ersatz artificiels que l’on nous vend. Ces petits bonheurs factices, calibrés et uniformisés livrés sous cellophane.

Le Metal est un shoot de Vie pour bobos, loosers, paumes, ados, yuppies, hipsters qui ont perdu le sens de leur existence profonde. Qui répondent par l’agression sonore à l’appel de leur instinct de Mort et rééquilibrent leurs chakras à coups de marteau.
La Violence, la rage, les larmes... des bouffées d’autodestruction pulsées par rythmes interposés. Le Metal c’est parfois meilleur que la baise. Morbidité, sauvagerie, sexe. Le Death pour dénouer les malaises freudiens.

Bref, tu rêves d’enculer ta mère et HOUR OF PENANCE te propose ici une thérapie efficace : la castration sonore.

«The Vile Conception», brutal et stéroïdé, avait propulsé le groupe au rang de leader d’une scène transalpine pourtant particulièrement grouillante. Proche d’un FLESHGOD APOCALYPSE avec qui ils partagent leur chanteur, HOUR OF PENANCE se démarque néanmoins des VOMIT THE SOUL, SEPTYCAL GORGE et autres BLASPHEMER par un style beaucoup moins underground, plus orienté vers BEHEMOTH, NILE ou encore HATE ETERNAL. Du Brutal Death propre.

«Paradogma» s’inscrit dans la continuité immédiate de «The Vile Conception» : aller à l’essentiel, assener le riff accrocheur et la rythmique qui déboîte sans trop s’attarder sur les fioritures. Entre une intro et une outro symphoniques, l’auditeur sera stérilisé par une trentaine de minutes de blasts massifs, de sections tranchantes et perforantes, de mélodies tenaces et de vocaux à la fois gutturaux, intelligibles et rauques.
On pense beaucoup (trop) à BEHEMOTH, pour le côté à la fois épique et violent, la capacité des Italiens à captiver l’auditeur dans une écriture combinant riffs facilement mémorisables, thèmes directs et parties techniques.

Comme leur maître polonais, HOUR OF PENANCE a compris que l’intensité de leur œuvre dépendait d’une production qui scelle l’album dans un sarcophage de plomb. Aussi exagérée qu’elle puisse paraître, elle est en parfaite adéquation avec le style du groupe. Batterie énaurme, hyper synthétique, hyper retouchée, hyper protools, guitares précises, compressées et multicouches, les Italiens poussent le vice jusqu’à faire signer leur mastering Hertz studio.

Grosse production, gross inspiration, gros artwork, grosses ficelles, “Paradogma” est un défouloir. La claque dans la gueule nécessaire, le matin, pour se réveiller et faire son job de robot. Comme son prédécesseur, cet album ne souffre pas l’analyse et l’immersion, pas plus qu’il ne tiendra la durée. Tous les ingrédients du succès sont présents en quantité stœchiométrique : le ralentissement mid-tempo avec ambiance MORBID ANGEL et solo pompé sur Rutan (“The Woefull Eucharisty”), les rythmiques Thrash, les mélodies accrocheuses, le tout placé au bon moment. Trop parfait, justement.
L’album se conclut sur un OVNI : “Apotheosis”. Titre aux rythmes syncopés, samples légèrement indus, chant hurlé faisant un peu penser à ABORYM. Une idée qui aurait à mon sens été plus intéressante si elle avait servi de respiration en milieu d’album.

“Paradogma” me laisse un sentiment mitigé. Celui d’avoir un album parpaing, efficace en diable, mais synthétique et superficiel. Du Brutal Death de dance-floor, pardon, de moshpit, qui prend toute sa dimension en “live” pour peu que le groupe s’y montre aussi massif.


Rédigé par : La Myxine | 14/20 | Nb de lectures : 13784