Voyons voir la pochette : la mort face à un ange à gros nichons sur fond de cimetière (je ne leur en veux pas, tout le monde sait qu’avec une femme à moitié nue on peut vendre n’importe quoi : du yaourt bio au bifidus machin jusqu'à la belle voiture décapotable). Déjà, ça donne une idée du style de musique joué (ça aurait également pu faire un beau t-shirt de la marque cradle of filth). Pour ceux qui n’auraient pas tilté avec la pochette, les photos du groupe finissent de les convaincre. Nous avons à faire à un groupe de brutal grind core…arrêtons de plaisanter, bienvenue dans le monde merveilleux du black symphonique atmosphérique. Si le visuel ne nous a pas surpris, la surprise va venir de la musique. Et bien oui et non. Non parce qu’il est difficile de nos jours d’être d’une originalité débordante dans ce style. Oui parce que la musique du groupe est suffisamment riche pour qu’on s’y attarde dessus.
Hortus Animae est un groupe qui nous vient d’Italie et qui suit les grandes lignes tracées par les maîtres du genre en y ajoutant sa touche personnelle. Le groupe à choisi l’art du black métal comme moyen d’expression privilégiant les atmosphères à la violence brute et primaire, le black proposé ici n’a rien à voir avec ce que l’école scandinave peut proposer, le discours n’est pas le même. On serait même tenté de dire que les musiciens recherchent une certaine sophistication au travers d’orchestrations riches et travaillées. Je sais que ce n’est plus original pour un sou, je me demande d’ailleurs si à terme l’utilisation de violons ou autre orchestre ne sera pas quasi obligatoire à l’image de l’utilisation d’une guitare ou d’une batterie. Le fait est que le violon, la flûte et le piano sont présents et qu’ils sont bien utilisés (A Lifetime Obscurity). Généralement les titres sont mid tempo mais leur durée plus que raisonnable permet de nombreux changements de rythmes et de rebondissements ; cela explique la présence d’un solo de guitare finement joué (Quatrième et sixième morceaux par exemple) ainsi que l’alternance de passage heavy et typiquement black entrecoupés d’une séquence au piano (springtimes death). On retrouve donc disséminés tout au long de l’album les traditionnelles accélérations et autres breaks, il en va de même pour les rythmiques thrashisantes (début de Souls of the cold wind). Toutes ces influences sont habillement digérées et permettent aux musiciens d’affirmer le style d’Hortus Animae tout au long des 46 minutes que dure l’album. Le groupe s’est même offert le luxe de reprendre le Freezing moon de Mayhem et en propose une version toute personnelle puisqu’on retrouve au milieu du morceau un passage du Tubular bells de Mike Oldfield (cela a pour effet immédiat de vous accrocher l’oreille) ainsi qu’un extrait du terzo incontro de G. Leone.
L’ambiance générale est plus horrifique que malsaine, grosso modo on s’imagine plus dans un théâtre hanté que dans une foret sombre en train d’étrangler un chat noir. Aucun instrument n’est délaissé par rapport à un autre. Le chant est varié, ce qui est plutôt bienvenu et qui nous permet de ne pas tomber dans l’ennui au bout de deux morceaux. La production sans être monstrueuse est raisonnable pour un premier album. Pour terminer il faut signaler qu’on retrouve derrière les fûts un certain GroM qui officiait dans Ancient. Ce n’est ni l’album de l’année et encore moins une horreur inécoutable, mais un bon petit album de black qui laisse augurer du meilleur pour ce jeune groupe.


Rédigé par : Dark Tranquilou | 15/20 | Nb de lectures : 7168