Voici déjà le troisième album pour Hortus Animae. J'avoue (et sans honte, en plus) être passé à côté de toutes leurs précédentes sorties et découvrir aujourd'hui ce groupe transalpin qui existe pourtant depuis 1997. Le batteur GroM a dans son CV une référence connue: Ancient, en exil en Italie. Et lui et le guitariste Amon 418 sont également dans le projet Hate Profile dont nous reparlerons par ailleurs.

Les italiens continuent leur voyage dans le "black progressif", style nébuleux (et casse-gueule) s'il en est. Qu'en est-il vraiment? Le groupe mélange allègrement un black métal poli et soft avec du rock 70's, du métal gothique au long de compos très différentes. La mise en avant, voire l'hégémonie, du piano sur pas mal de passages me pousse plutôt à rapprocher le groupe de formations comme Arcturus. Comme les Norvégiens, Hortus Animae se joue des étiquettes et propose simplement sa vision de la musique, sans se tenir à un genre. A contrario des Norvégiens, le résultat est moins homogène. Là où Arcturus arrive à se créer son univers sonore, Hortus Animae a tendance à piocher dans pas mal de gamelles sans jamais faire preuve d'une identité nette. Je vous disais que les compos étaient très différentes. En fait, ça part même dans tous les sens, à la guise du style mis en avant sur le morceau.

Tout d'abord, l'auditeur se trouve confronté à des titres dans l'esprit "black progressif" mentionné plus haut. La partie centrale de "The Mud and the Blood" menée par le piano est très réussie, avec son final mélodique du plus bel effet qui tutoie les mélodies hard rock d'antan. Mais le reste de cette partie "black" manque sincèrement de gniak et d'accroche ("Bible Black", "Across the Sea of Pain"). Des compos comme "The Heartfelt Murder" ou "In Adoration of the Weeping Skyes" font la jonction avec la partie goth, de leur voix claire très retenue, presque parlée, et leurs petites mélodies de piano. Ensuite, on trouve des morceaux clairement dans une veine plus goth métal avec des grosses guitares sur les refrains ("The Virgin Whore" ou "A Gothic Ghost"). Ces titres sont presque sans intérêt (pour moi), si on excepte encore une fois les voix claires plutôt réussies. Au passage, je signale que Liv Kristine vient pousser la vocalise sur l'outro de l'album, sur fond de cloches (déduisez-en ce que vous voulez). Et je précise que cet enregistrement est d'une très bonne qualité sonore. L'enregistrement a eu lieu aux Studios Alpha/Omega (qui doivent appartenir à Aphazel d'Ancient si mes tablettes sont exactes).

A mon sens, Hortus Animae se trouve tiraillé et, telle une boule de flipper pulsée par Corinne Charby, rebondit entre ses deux extrêmes sans arriver à claquer la machine. J'ai bien peur que le groupe peine fortement à trouver son public. Je pense même qu'il devrait abandonner la partie black, trop pâlichonne, pour exploiter plus leur facette 70's. La réussite de l'album est là. Hortus Animae se fend carrément de deux reprises de Queen. "The Fairy Feller's Master-stroke" enchaîné à "Nevermore" sont très réussies et le groupe arrive à rendre une bonne partie de l'émotion palpable dans le second album de Queen. Un gros bravo pour les parties vocales. Hélas, ce moment intense est trop court. Je n'accroche pas à ce "Blow of Furious Winds" mais je suis conscient que son attrait dépend vraiment du passif musical de l'auditeur. J'attends donc votre avis sur cette galette à la belle pochette.


Rédigé par : Prince de Lu | 10,5/20 | Nb de lectures : 12863