Ça tourne à plein régime dans la boîte crânienne de Lasse Pyykkö alias Leper of Berzano. A tel point que l’éminence grise du légendaire PHLEGETHON, se retrouve aujourd’hui investi dans pas moins de huit formations d’orientations métalliques (voire punks) différentes ; un véritable priapisme créatif qui lui permet de défourailler des riffs de tueurs à la pelleteuse sans dissoudre ses idées dans la masse.

Je vous avais déjà causé de HOODED MENACE et plus précisément de leur énorme démo deux titres « The Eyeless Horde » (démo qui depuis a connu les honneur d’une superbe réédition vinyle à tirage limité, orchestrée par Dommentia records). On retrouve aujourd’hui HOODED MENACE, là où on les avait laissés avec leurs templiers zombis encapuchonnés, pour une dose nettement plus massive de DD (Death/Doom) metal de diplodocus.

« Fulfill the Curse » est l’occasion d’enfin savourer la pleine mesure d’un phénomène physique de base qui était, jusqu’alors, resté flou et abstrait dans nos caboches de collégiens acnéiques. Je veux bien entendu parler de la pesanteur. Ce phénomène qui nous permet de rester les deux pieds collés sur le sol même quand on est en Australie. Hé bien figurez-vous qu’après avoir écouté un album comme celui de HOODED MENACE, ce phénomène de gravité s’éclaire d’une notion inédite chez les physiciens. Car si nos Finlandais se rangent volontiers sous la bannière du death metal, leur truc reste indiscutablement le doom des cavernes. Celui qui cloue sur place, qui vous met 2/3 G dans les tripes, qui vous écrase de ses riffs écartelés de lourdeur.

Etendre la nébulosité funéraire d’une monumentale démo sur la durée d’un album, c’était un pari difficile mais qui trouve aujourd’hui une preuve tangible avec « Fulfill the Curse ». La recette n’a pas beaucoup changée depuis l’époque de « The Eyeless Horde » : des tempos lents comme le dénouement d’un épisode de Derrick, des growls abominablement et exagérément caverneux, des riffs ultra lourds, ultra accrocheurs et surtout cette ambiance gadouilleuse de vieux cimetière abandonné à tel point qu’on imagine volontiers les zicos d’HOODED MENACE sous l’apparence d’un trio de zombis décharnés. Le concept horrifique reste d’ailleurs un point important de l’identité du groupe puisque, rappelons-le, HOODED MENACE s’inspire en premier lieu des films d’Amando de Ossorio et ses Templiers zombis qui n’en finissent pas de revenir à longueur de séquelles et que ce premier album se termine sur l’excellent « Theme from Manhattan Baby » qui, comme son nom le suggère habillement, reprend le thème principal du Manhattan Baby (« La Malédiction du Pharaon » en France) du regretté Lucio Fulci (et voilà au passage un p’tit lien vers la version originale http://fr.youtube.com/watch?v=oEnhzUtBGOw ) revisité à la sauce DD.

Pour ce qui est des « légers » changements, on notera une paire de morceaux sensiblement plus rapides comme « Beauty and the Feast » ou le clopinant « The Love song of Gotho, hunchback of the morgue » mais également quelques solos ou lignes mélodiques de guitares d’inspiration plus heavy metal. Pour le reste, on demeure dans la crypte hermétique qui a vu émerger WINTER ou les premiers CANDLEMASS.

Si Razorback, après avoir été le label de référence de tout ce qui ressemblait de près ou de loin aux premiers CARCASS a pris ces deux dernières années un virage tout aussi old school mais infiniment plus varié, ce "Fulfill the Curse " est probablement l’une de leurs meilleures sorties. D’ailleurs Billy Nocera, le label manager de Razorback, en est probablement convaincu lui-même puisqu’il a, comme pour BLOOD FREAK et VACCANT COFFIN, écrit plusieurs des chansons de ce disque.
Et pour en revenir au concept des templiers zombis aveugles et pour faire plaisir à Cobra Commander (le garant du bon goût VS), je terminerai cet article par un slogan approprié : braille or die !!!


Rédigé par : Tonton | 18/20 | Nb de lectures : 13655