À part un petit logo RELAPSE au recto en bas à gauche, est-ce que sinon grand-chose a vraiment changé dans le petit monde glauque et visqueux de HOODED MENACE avec ce troisième album ?! Franchement, non.

Bien que le groupe a commencé à tourner depuis dix-huit mois sous la forme d’un quartet, c’est une nouvelle fois en tant que duo que ‘Effigies Of Evil’ a été enregistré, l’homme-aux-dix-mille-projets-mais-plus-vraiment Lasse Pyykkö se taillant une nouvelle fois la part du lion en s’occupant de tous les instruments à part de la batterie, de la composition de la musique et surtout de ce chant putride au possible et terriblement finlandais (les fans des premiers AMORPHIS et de DEMILICH me comprendront, nan !). Et à part un petit côté presque, euh, rock n’roll dans certains des riffs ou des solos, on ne peut pas vraiment dire qu’il ait vraiment dévié beaucoup de sa route depuis la démo ‘The Eyeless Horde’ encensée en ces augustes pages par notre Tonton national il y a bientôt cinq ans. Et c’est justement ce que je trouve particulièrement fortiche avec eux…

Car à aucun moment Pyykkö n’a voulu s’adapter en quelque sorte au public underground ni à chercher à plaire à plus gros labels, lui qui avait démarré ce projet dans son coin pratiquement sans rien n’en attendre. Non, pour une fois, c’est l’inverse qui s’est produit et doucement mais sûrement, la réputation de HOODED MENACE s’est faite à l’ancienne, par le bon vieux bouche-à-oreille.

Alors c’est vrai que ce gimmick des ‘Blind Dead’, lancé par CATHEDRAL dans les années 90 et depuis recyclé par quantités de groupes de doom ou affilié, commence à devenir un peu usé. Pyykkö lui-même semble s'en être rendu compte, vu que comme sur l’album précédent, il a eu l’intelligence de commencer aussi à piocher dans les classiques de la Hammer (maison de production britannique de films d’horreur de série B dans les années 60) ou les œuvres d’Edgar Allan Poe pour y (re)trouver l’inspiration. Des sources d’inspiration qui n’ont rien de très original non plus certes mais qui conviennent tellement bien à son style putride… Parce que c’est là toujours et encore le point fort de HOODED MENACE, ce son croustillant au possible qui rend si bien leur pesanteur, cet arrière-goût de fumet qui nous chatouille les narines et qui nous donne l’impression d’avoir par mégarde la porte d’un mausolée abandonné aux mauvaises herbes depuis trop longtemps. Pour dire, même dans ses moments les plus clopinants - le groupe ayant l’intelligence de ne pas compter que sur la lenteur extrême pour écraser l’innocent auditeur, lui balançant quelques phases presque groovy et en même éléphantesques à la CATHEDRAL dans le coin de la gueule quand il faut – il ne se déparait jamais d’un côté tellement visqueux qu’il en devient fascinant.

Vous vous souvenez du ‘Retour Des Morts Vivants’, film d’horreur de 1985 de Dan O’Bannon ? Et plus particulièrement de cette scène marquante où une bande de zombies se traîne d’une façon aussi lente qu’inexorable vers des policiers tellement ahuris que leurs balles ne fassent aucun effet qu’ils restent comme scotchés sur place et finissent par se faire bouffer tout cru ? Ben HOODED MENACE, c’est un peu la même chose, un truc dont on avait à peu près fait le tour dès le premier album mais qui sans jamais vraiment offrir de réel changement révolutionnaire devient avec le temps de plus en plus mortel et addictif. Et cette signature sur RELAPSE est d’autant plus méritée qu’après quelques signatures snobinardes prout-prout, elle permet à ce label mythique de renouer avec ses racines, ‘Effigies Of Evil’ étant, et je pèse mes mots, le digne successeur du EP culte d’AMORPHIS ‘Privilege Of Evil’ dont, comme par hasard, on retrouve presque déjà le titre. Ben oui, rien que ça.

PS : amis collectionneurs avec un GROS porte-monnaie, sachez que sur le webstore du label, vous pourrez vous payer une édition limitée exclusive dudit album en double vinyl contenant un 45 tours en bonus. 45 tours comptant deux reprises, une assez classique de « Burning A Sinner » de WITCHFINDER GENERAL et une autre, beaucoup plus étonnante, du vieux groupe de death/doom suédois oublié, ETERNAL DARKNESS. Oui, étonnante cette relecture de « Psychopath », face B de leur unique 45 tours sorti en 1992, tant on a l’impression que le style d’ED préfigurait à ce point-là sans le savoir celui de HOODED MENACE…


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 17/20 | Nb de lectures : 14368