Avant de s’attaquer au contenu de ce « Live In Paris », premier DVD de HONCHO, il est nécessaire de faire un léger retour en arrière, la veille du jour où le concert a été enregistré plus précisément. L’action se passe le 11 Novembre 2005 dans une paisible bourgade de Belgique, Zomergem. HONCHO se remet tranquillement de son show en picollant quelques douceurs fermentées locales, quand trois bikers déboulent dans la salle et se mettent en tête de cramer leurs pneus à coups de burns hystériques… Rapidement, une fumée épaisse et toxique envahit la pièce et condamne presque irrémédiablement les malheureux membres du groupe qui vont devoir coucher là (faute de place dans les véhicules) à l’extinction de voix. Lars, le chanteur, sera de ceux-là : le lendemain matin, il peut à peine murmurer et le concert de Paris le soir même, qui doit être filmé en vue de la réalisation du DVD qui fait l’objet de cette chronique, ne s’annonce donc pas sous les meilleurs auspices…

Voilà pourquoi il semble si peu en voix au début du concert et pourquoi de temps à autres on le sent au bord de la rupture, ce qui une fois ces informations en notre connaissance n’en rend sa performance que plus exceptionnelle. A ce propos, tous ces détails ainsi que beaucoup d’autres concernant la tournée de HONCHO en compagnie de SPARZANZA et MONKEY3 fin 2005 sont contés avec beaucoup d’ironie et de drôlerie par Lars dans la section « News » du site du groupe. Ceci étant dit, il est maintenant l’ heure d’enfoncer la touche « Play » de la télécommande du lecteur DVD, de pousser le volume des enceintes aussi fort que le supporteront vos oreilles, et de vous échauffer les doigts et les cervicales pour l’heure de air heavy stoner bluesy qui va suivre !

Le menu donne d’emblée le ton : sobre et stylisé, il va droit à l’essentiel, sans aucune fioriture… à l’image de ce concert parisien, qui confirmera à tous ceux qui n’ont pas encore eu la chance de voir les Norvégiens sur scène que HONCHO est une expérience inoubliable en live! Ces fans déclarés de BLACK SABBATH, SOUNDGARDEN et KYUSS s’y entendent comme personne pour chauffer une salle à blanc avec leur stoner hérité des 70’s doublé d’un feeling blues qui vous prend aux tripes. Quasi entièrement constitué de morceaux issus du fabuleux deuxième album, « Burning In Water, Drowning In Fire », le concert débute relativement tranquillement avec la reprise de LOS LOBOS « Viking », « Some Say », et « Falling Behind », toutes trois gorgées de groove, qui permettent à Lars de se chauffer la voix avant d’attaquer les gros morceaux de la soirée.

Parmi eux, « Hangover Blues » arrive presque en tête : quand on sait que le gars qui laisse passer tellement d’émotion derrière le micro était aphone le matin même, on ne se délecte que plus de ce blues saturé qui aurait eu une place de choix sur un album de DOWN, tout comme « Industrial Lane », seule rescapée du premier album « Coporate Rock ». Dans un registre plus 70’s, la reprise de KISS « Watching You » vaut son pesant de gouttes de sueur, tout l’esprit du hard rock des seventies est dans ce riff sabbathien qui n’en finit plus de tourner et dans cette voix chaude qui commence malheureusement à souffrir des séquelles de la nuit précédente. Ce qui fait que les groupes continuent à supporter des conditions de voyage, d’hébergement et parfois d’alimentation déplorables afin de monter sur scène et que les gens continuent à aller voir des concerts, c’est en partie ce ou ces moments magiques qui se passent parfois, cette sorte de connexion qui s’établit soudain entre les musiciens et le public, ce truc qui vous fait véritablement partir pour quelques instants… ce moment magique, HONCHO nous l’a réservé pour le rappel avec un « Messenger Messiah » d’anthologie sur lequel Lars prouve encore une fois qu’il est un chanteur exceptionnel, murmurant douloureusement son blues dans la première partie du morceau, avant de se lâcher complètement dans la seconde où le groupe balance tour ce qui lui reste d’énergie.

Le montage vidéo n’est pas en reste, alternant plans rapprochés de chaque instrument, plans pris du fond de la salle d’une caméra sur pied, du bord de la scène caméra sur l’épaule et d’une caméra placée en hauteur derrière la batterie à la manière des caméras de surveillance (l’objectif de cette dernière, qui se couvre de condensation au fur et à mesure que le concert avance, donne d’ailleurs lieu à de très bon plans plongeants et flous restituant bien l’ambiance ce la soirée : chaude et moite). Les lumières, majoritairement sombres, laissent voir tout ce qu’il y a à voir sans en rajouter, idéales pour ce type de concert, tout comme les effets appliqués aux images, jouant beaucoup sur le grain et la luminosité afin de renforcer l’impression de chaleur qui se dégage déjà naturellement du show de HONCHO.

Longfellow Deeds (anciennement Water Dragon) a eu le nez creux en mettant le grappin sur les Norvégiens il y a sept ans, parce qu’ils forment assurément l’un des groupes les plus prometteurs de ce courant revival, qui, bien que restant relativement confidentiel, peut compter sur des fans indéfectibles affamés de heavy rock 70’s. « Live In Paris » est d’ores et déjà l’un des meilleurs témoignages live disponible du genre, un témoignage brut d’une certaine vision du rock’n’roll, bourré d’émotion, à des années lumières de tous les poseurs opportunistes qui ont depuis toujours recherché les petites glorioles, aussi éphémères soient elles.

Live ( 60 min)
Le Batofar, 12 Novembre 2005

1- Intro : Oh Well (Peter Green)
2- Viking (Los Lobos)
3- Some Say
4- Falling Behind
5- Hangover Blues
6- Holy
7- Industrial Lane
8- Silly
9- Watching You (Kiss)
10- Lost & There
11- Seeing You
12- Messenger Messiah

Bonus
Discographie, Photos Live, Making Of du DVD, Chapitrage

Technique
Audio : Steréo
Vidéo : 4:3

Durée totale
80 minutes.


Rédigé par : Dungorpat | DVD embrasé/ | Nb de lectures : 11336