Dans la famille Les Increvables du Thrash je voudrais HOLY MOSES !
Si on prend en compte ses premières démos, voilà un groupe qui avoisine les 30 ans d’âge, qui a connu son lot de galères (mais quel groupe n’en a pas connu ?) et qui est toujours là, thrashant (presque) comme aux premiers jours. Alors comme ça Andy Classen ne voulait plus faire de tournées ?! Pas grave m’sieurs dames, Sabina a dégoté son double, comme elle le dit elle-même. Un guitariste, Michael Hankel, avec qui la communication est quasi-symbiotique, qui assure composition et maintenant production, prend en charge la partie obscure du leadership pendant que la Mère de toutes les grogneuses se charge de la promotion.

Si « Strength, Power, Will, Passion » n’était pas totalement convaincant en raison de l’impression qu’il laissait d’avoir affaire à un groupe en roue libre, produisant un thrash honnête mais sans burnes, cela semble être une autre affaire avec « Agony Of Death », qui démarre sur un ton beaucoup plus agressif. Guitares acérées, mains droites des guitaristes au taquet, prod crue et rentre-dedans à la « Disorder Of The Order », une triplette qui tue sa mère en début d’album se terminant par un « World In Darkness » bien mélodique lorgnant sur ARCH ENEMY, cette fois on pouvait croire enfin tenir un vrai bon album d’HOLY MOSES, pas encore un de ces albums de transition auxquels on a eu droit depuis trop longtemps, même si certains sont pas mal. Atomic Steiff étant également de la partie, de retour derrière les fûts quinze ans après sa contribution à l’album le plus brutal du groupe, « Terminal Terror », cela ne pouvait, au moins pour le symbole, qu’être de bon augure, mais…

L’édition limitée comporte des interludes électro-ambiant entre les morceaux, comme THERAPY? l’a fait en 1995 avec « Infernal Love », mais ce qui marchait plutôt pas mal sur l’album des Britanniques est une vraie catastrophe pour l’homogénéité d’un album de thrash traditionnel comme « Agony Of Death ». L’exemplaire promo comporte en effet également ces interludes, qu’on ne peut zapper puisqu’ils sont intégrés aux morceaux et c’est donc après avoir subi ces « pauses » entre chaque morceau que j’en tire cette conclusion. L’effet pourrait être amoindri si l’album était exceptionnel, mais c’est loin d’être le cas malgré ce début prometteur que j’évoquais il y a quelques lignes. Globalement rapide et, disons, violent pour ce style de thrash à l’ancienne, fidèle à ce à quoi HOLY MOSES nous a donc habitués, « Agony Of Death » sombre dans la routine dès le cinquième titre, « Pseudohalluzination ». Il y reste presque jusqu’à la fin, englué dans un couple riffs/rythmiques ultra conventionnel, même pour ce vétéran. Sabina elle-même, à trop vouloir moduler son chant, s’y perd parfois un peu ; elle n’est jamais aussi efficace que quand elle aboie ses growls hargneux, et heureusement les expérimentations n’occupent pas une grande place sur l’album.

Alors, « Agony Of Death » marquera-t-il également le début de celle d’HOLY MOSES ? Certainement pas, bien sûr. Si rien n’a pu jusqu’à maintenant empêcher Sabina de se relever, ce n’est certainement pas un album décevant qui le fera ! Et encore, il est décevant parce qu’on est en droit d’attendre plus de ce groupe, mais loin d’être honteux. La version normale, débarrassée de ces interludes inutiles, est d’ailleurs certainement plus incisive ; quant aux morceaux, s’ils sont à mon goût trop standardisés, ils feront certainement la joie des nombreux fans qui suivent le groupe depuis des années.


Rédigé par : Dungorpat | 12/20 | Nb de lectures : 11829