HIM - Love metal (Gun Records/BMG) - 28/05/2003 @ 09h31
Ils sont marrants les HIM. Après le ratage artistique "Deep shadows and brilliant highlights" (je précise "artistique" car au niveau commercial, ils s'en sont mis pleins les fouilles), ils ont du sentir sur leurs frèles épaules un certain sentiment de culpabilité. En effet, beaucoup de fans de la première heure se sont sentis trahis par l'avalanche de morceaux mielleux, de bluettes bien sirupeuses et de la proéminence d'un esprit pop à outrance qui se dégageait de leur dernière oeuvre. Ils ont certainement du le sentir, surtout à la vue des hordes de minettes qui se pressaient à leurs concerts. J'ai d'ailleurs eu l'occasion de partager cette impression à deux concerts où, en plus de se faire exploser par Oomph!, ils ont attiré à 90% des pré-adolescentes hystériques et incultes dont le cerveau renferme à peu près autant de matière grise que leur pubis compte de poils naissants. N'importe quel groupe un tant soit peu sensé ne peut que se poser des questions à la vue de cet engouement certes enrichissant au plan pécunier, mais bien peu valorisant. Seul notre bon Shaka, aveugle et probablement sourd depuis belle lurette, n'a pas saisi l'envergure du mur dans lequel ce groupe fonce inexorablement. Le groupe a donc changé sa politique de communication, affirmant à grands renforts d'annonces étudiées que ce disque était le retour aux sources tant espéré. Premier détail qui tue : pas de portrait égocentrique et prétentieux de Ville Valo sur la pochette. C'est une bonne chose. Un simple heartagram sur un digipack du plus bel effet fait un peu penser au Black Album de qui vous savez. Ensuite vient le titre "Love metal" qui est sensé annoncer clairement la couleur : du love, du metal, point à la ligne. Pour le love, pas beaucoup de soucis à se faire, on le trouve toujours partout. Au moins autant que dans un livre du Dr Ruth. Pour le métal, la problématique est déjà différente. Peut-on encore considérer HIM comme un groupe de métal ? Rien n'est moins sûr...
A l'heure où je tape ces lignes, trois singles ont déjà émergé de l'album. Le premier "The funeral of hearts" avait été présenté il y a déjà quelques temps en avant-première. Il s'agit d'une ballade mid-tempo mélangeant accords acoustiques avec un refrain un peu plus appuyé. Ce dernier, agréable et simple, est dans une lignée proche de "Razorblade romance". Le second single "Buried alive by love", très rock/blues offre une petite accélération qu'on avait pas l'habitude d'entendre chez HIM. Sachez que dans le clip de ce morceau (fourni sur le digipack) on a la surprise de voir en actrice principale l'énigmatique Juliette Lewis, égérie de Oliver Stone dans le cultissime "Tueurs nés". Ce titre est peut-être un des meilleurs de l'album et Valo chante comme à son habitude de façon très (trop) sensuelle. Le troisième extrait "The Sacrament", resssemble fortement à "The funeral of hearts" en légèrement plus rapide et offre de jolies parties de piano mais il ne laissera pas un souvenir impérissable. En tout cas, pour ces trois premiers titres, le terme "metal" n'est pas vraiment adapté, le dernier Placebo explosant largement ce disque pour ce qui est de la saturation guitaristique. Les riffs en général sont beaucoup trop orientés vers le blues pour prétendre l'appellation métallique. Et les autres titres me direz vous ? Et bien, c'est globalement la même problématique. Mon titre favori "Beyond Redemption" ressemble de façon flagrante à du D.A.D, "Sweet pandemonium", une belle ballade raffinée et construite de manière très intelligente, voit ses guitares occuper uniquement l'arrière-plan. Par contre, "This fortress of tears" donne illusion quelques temps avec une rythmique plus appuyée avant de faire retomber la pression pendant les couplets. Sinon, le refrain est mélancolique à souhait et ses accords presque sabbathiens en font un très bon morceau digne d'intérêt. "Circle of fear" commence presque comme "The unforgiven" de Metallica et se construit comme un morceau de gothic rock classique, porté par la basse de Mige. J'apprécie également bien ce titre car Valo chante de manière plus posée et plus sombre. "Endless dark" est un morceau paradoxalement optimiste, qui devrait être intéressant en live, de part sa simplicité et sa bonne combinaison de guitares. Le final "The path", qui approche les 8 minutes est enfin un titre qui montre l'étendue du talent de HIM. Ils se laissent enfin un peu aller à quelques expérimentations et on croirait presque que la seconde moitié du titre ait été improvisée avec ses duels de guitare et ses choeurs très seventies.
En conclusion, j'insiste lourdement sur le fait que HIM ne peux plus vraiment être considéré comme un groupe apparenté au métal. La manière de jouer, la production, la teneur même des compositions et les vocaux de Valo en font en toute objectivité un excellent groupe de rock. Les influences blues de plus en plus présentes, mais moins grossières que sur le précédent disque, en témoignent largement. "Love Metal" renferme 10 titres dans l'ensemble efficaces, agréables qui témoignent d'un soin particulier et d'une prise de conscience du groupe. On n'y trouvera pas d'hymnes indémodables comme "Join me", "Right here in my arms" ou "Poison girl", l'excellence des deux premiers albums est bien loin, l'éternel rengaine de l'amour immortel lassera beaucoup de monde et les vocaux sensuels de Valo vont en irriter plus d'un mais "Love metal" est tout de même un bon album. Le changement radical annoncé n'a peut-être pas eu lieu mais la mention "en progrès" peut tout de même être tamponnée sur le carnet de notes de l'élève HIM. Je m'attendais à bien pire...


Rédigé par : Loufi | 14,5/20 | Nb de lectures : 8589




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Orphan
Invité
Posté le: 30/05/2003 à 00h34 - (3758)
Pas de commentaire pour HIM, je pensais que ce groupe aurait fait couler plus d'encre...
En tous cas, moi je ne le trouve pas si mal cet album...ca plait aux nenettes (c tj mieux que du VADER dans les moments intimes), et ca à le merite d'etre plutot original...
J'suis assez d'accord avec la kro.

Bob
Invité
Posté le: 05/07/2003 à 10h37 - (4314)
"ratage artistique"... ça me fait doucement sourire. Deep Shadows était sans doute l'album le plus subtile de la discographie de HIM, et à n'en pas douter le plus intense émotionnellement. Si l'art n'est plus apparenté aux émotions, alors il s'agit d'un ratage. Il est vrai qu'à notre époque, et surtout dans notre beau pays, les gens ont quelques problèmes avec leurs émotions. Les morceaux émotionnels sont forcément mielleux ou mièvres, et il suffit de lire cette chronique qui dissèque très techniquement chaque morceaux comme on autopsierait un rat de laboratoire en première année de médecine pour constater l'ampleur des dégats. Ne cherchez pas à chroniquer ce que vous ne comprenez pas, ça vous prémunira au moins contre la fadeur...

vio
Invité
Posté le: 07/09/2003 à 19h20 - (5192)
Cataloguer leur troisième album de "ratage artistique" m'a un peu surprise car bien sur que cet album sonne moins "rock" que les précédants,mais les chansons apporte un bon paquet d'émotion et de là à dire que les fans ont du "se sentir trahis par l'avalanche de chansons mielleuses" c'est abuser etgrossir les choses.Sinon leur dernier album est bien.Je le trouve plus diversifié,il y a une bonne alternance entre les morceaux qui bougent et les ballades.Mais il reste par rapport à son titre moins métal que le premier.

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