La sortie de ce «Blessed Black Wings» est une des plus attendues en ce début d’année. La toute première plage «Devilution» dénote immédiatement les changements qui se sont opérés pour ce dernier album en date, après «The Art Of Self Defense» (sorti chez Tee Pee Records, en 2001) et l’excellent «Surrounded By Thieves» (ayant vu le jour aussi chez Relapse Records en 2002) et permet de se rendre compte de la façon dont le combo a progressé depuis les sorties de leurs tous premiers méfaits. Rassurez vous, ces changements en question ne sont ni excessifs, ni radicaux. Il s’avère que High On Fire nous gratifie, enregistrement après enregistrement, d’une musique toujours plus recherchée, toujours plus inspirée et de plus en plus personnelle... ce qui est encore vérifié ici, car sans fioritures, elle est plus que jamais directe et agréablement Rock.
Pas étonnant qu’en peu de temps (High On Fire s’étant formé en 1998), le combo ait réussi à s’imposer comme une référence dans le milieu dans lequel il évolue (High On Fire est en effet une véritable figure montante du Metal extrême US...). Si le trio, toujours mené d’une main de maître par l’ex-Sleep (le charismatique Matt Pike), conserve certaines velléités à perpétrer quelques mesures inspirées par le Doom, le Heavy, le Thrash et le Hard-Rock (selon Black Sabbath, Motörhead, Slayer, etc), il est clair que le mélange se fait avec toujours plus de panache et de talent. Ce qui stupéfait en premier lieu à l’écoute de ce LP, c’est la production, bien meilleure que celle du précédent enregistrement. Le responsable: Steve Albini (Neurosis, Oxbow, Godspeed You Black Emperor…). Comme à son habitude, celui-ci a chiadé les prises de son et perfectionné le mixage. Contrairement à la production de «Surrounded By Thieves» réalisée par Billy Anderson (Neurosis, Eyehategod...), le rendu final est beaucoup plus clair (en témoigne cette batterie au son très acoustique), les fréquences bien mieux séparées (car le son est moins compressé) et la dynamique plus percutante. La plage «Devilution» démarre l’album sur un roulement de batterie presque tribal que viennent rapidement coller des riffs de grattes presque Thrash (que n’auraient pas renié un Slayer au meilleur de sa forme) et le chant rauque et guerrier de Matt (montrant qu’il sait parfois passer à un registre plus Heavy). La basse, tenue à présent par Mike Preston (ancien Melvins) remplaçant au pied levé George Rice, est groovy et percussive par endroits. Plus abouties, les compositions aux humeurs «un poil» différentes s’enchaînent alors sans heurts, avec précision et sont organisées pour qu’aucun ennui ne se fasse ressentir... Les mesures lourdes au tempo écrasant et aux riffs de guitares très Doom, à la limite du Sludge, ainsi que les parties plus agressives (plus rapides et plus «brutales») et plus rentre dedans, côtoient toujours avec autant de génie les quelques courts passages, bien que calmes, toujours aussi angoissants. Comme précédemment, quelques solos très Rock viennent s’ajouter au canevas sonore, sans bouleverser aucunement la musicalité de l’ensemble. C’est dans cet esprit que «The Face Of Oblivion» (à la montée finale explosive), «Cometh Down Hessian» ou encore «Anointing Of Seer» sont les titres forts qui imposent leur rythme lancinant et presque hypnotique. Car tout comme le Stoner-Rock du disparu Kyuss (que de nombreux fanzines et magazines ont comparé de manière indirecte à High On Fire pour l’aspect «brut» et les parties de guitares très abruptes), la composante principale de High On Fire est de nous enivrer au travers d’atmosphères exclusives... Cet album reste jouissif, même après plusieurs écoutes répétées. Il suffit de s’imprégner de la toute dernière plage «Sons Of Thunder», titre 100% instrumental, pour ressentir à nouveau l’envie de s’abreuver de toutes les pièces majeures composant «Blessed Black Wings».
Relapse sort ce petit bijou dans trois formats différents: Le premier étant un CD classique, le deuxième une édition limitée CD/DVD (contenant un concert de 30 minutes) et le dernier, un double vynil incluant un Bonus Track (une reprise de Judas Priest, le titre «Rapid Fire»). A partir de là, c’est à vous de choisir.


Rédigé par : DeadStar | 18/20 | Nb de lectures : 12788