Forcément avec un patronyme allemand et le mot "Humanicide" dans le titre, l'unique MCD de Herrschaft ne pouvait que se retrouver dans ma besace. Sortie en novembre 2006, cette autoproduction du quatuor parisien présente quatre titres (plus une intro) pour 22 minutes d'électro/indus sombre. Depuis, le groupe a été signé par Code666 et prépare son premier album. On leur souhaite bonne chance avec le label italien adepte de bizarreries sonores.

Intrigué par l'humanicide en question, je me suis penché sur le concept du groupe, qui s'avère simple et efficace : dans un monde futuriste proche, la planète est dominée par la pensée technocrate et les hommes pensent avoir atteint leur apogée sur une planète devenue aseptisée et réglée comme une horloge. Pas de guerre, pas de "mal", pas de fun. Jusqu'à la perte de l'électricité et la chute brutale de l'humanité dont Herrschaft se plaît à nous décrire les douleurs. Un programme pas très réjouissant, auquel la rédaction de VS s'oppose avec vigueur. On aurait l'air con pour vous faire lire nos news et nos chroniques sans électricité. On a bien une ou deux dynamos cachées dans les restes de repas chinois de Sheb, mais Cobra pédale avec l'aisance d'un bœuf sur un escalator et Foofur ne veut pas abimer ses ongles vernis sur un guidon. Donc ça ne serait pas gagné leur monde de merde à "La Planète des Singes". N'empêche que Herrschaft a une histoire à raconter, donc en route.

Musicalement, je vous confirme qu'il s'agit bien d'électro/indus. Je ne vais pas en faire une tartine, étant donnée l'étendue de mes connaissances dans le domaine. Le premier vrai titre "Apogee" me fait immanquablement penser à Ministry : pattern bien martial et assez rapide, riff thrashy distordu dans les medium d'une grosse guitare, voix saturée. Ca tombe pas mal, j'aime bien Ministry, à la nuance que les éléments électro sur le refrain sont ici plus appuyés que chez les Texans. Ce titre ouvre l'histoire au moment de l'apogée dont nous parlions plus haut. Si les autres titres me paraissent plus éloignés de Ministry pour oser une comparaison, les éléments musicaux décrits plus haut sont toujours là. Les morceaux restent assez variés, du tonique jusqu'au mid-tempo "De Flammes et d'Ombres" qui clôt les débats, avec suffisamment de virilité pour donner un indus bien guerrier.

Le clavier apporte logiquement la caution électro aux gros refrains de grattes bien agressifs. Les amateurs du genre sauront trouver des points de comparaison mieux que moi. La voix est clairement la facette extrême de cette galette. Je me demande d'ailleurs si elle n'est pas trop agressive pour des auditeurs d'électro/indus qui ne sont pas passés par la case "métal extrême". Les vocaux en français sur "De Flammes et d'Ombres" m'accrochent moins, car le texte compréhensible fait ressentir des parties vocales plus forcées. Et globalement, cette autoproduction surprend par sa bonne production, qui pulse puissamment tout en restant très claire et bien froide.

Armé de titres qui tiennent la route, Herrschaft propose un mini de qualité que je ne peux que conseiller. Peut-être aurez-vous aussi l'occasion de les voir sur scène, puisque le groupe se produit sur les planches.


Rédigé par : Prince de Lu | 4/5 | Nb de lectures : 11265