Drelin ! Drelin !

Oui, bonjour Madame, c’est l’entreprise Rabbit d’Antioche. Vous nous avez appelés. Il paraît que vous avez des squatters chez vous. Vous en faites pas, on va vous débarrasser de ça. Ouh là ! Cette odeur de bière, de sang de cochon et de rats crevés, pas de doutes c’est des trves blacks orthodoxes. Bah oui ma bonne dame, c’est tenace ces bêtes-là ! Mais ne vous inquiétez pas, j’ai ce qu’il vous faut ! Tin-Tinnnn (gros plan sur le produit !) Heretoir ! Avec Heretoir en moins d’une heure les affreux blackeux à cartouchières qui vous pourrissent l’atmosphère disparaissent !

Bref, tout ça pour dire que la cohorte de désanusseurs de nonnes peuvent passer rapidement à la chronique suivante afin d’éviter une éruption cutanée. Heretoir, c’est au départ le projet solitaire d’un Allemand nommé Eklatanz qui sort son premier album. Notre garçon a été rejoint en 2010 par une certain Nathanael qui s’avère être un musicos live d’Agrypnie et de quelques groupes de chez Self Mutilation Services (Bonjour Tristesse). Si on ajoute un bel artwork de notre compatriote Fursy Teyssier, vous commencez à voir vers quel style on se dirige.

On est en plein Post-Black Shoegaze et on peut même dire que notre Allemand fut sacrément marqué par le premier album d’Alcest et de l’œuvre en général de notre compatriote Neige. C’est très inspiré à la limite du plagiat et notamment lors du très bel instrumental "Retreat To Hibernate" qui visite la même forêt que "Souvenir d’un autre monde". Tout y est des riffs planants jusqu’au break solaire bourré d’émotion. Par ailleurs, Eklatanz a aussi bien aimé l’autre projet de notre Français car il agrémente régulièrement son album d’interludes plus proches des atmosphères urbaines développées par Amesoeurs. Ca crée une dichotomie pas forcément judicieuse surtout que ces intermèdes ne sont pas vraiment fascinants.

Malgré cette inspiration à peine voilée, il apparaît qu’Heretoir demeure plus respectueux d’un Black classique. Même si on entend quelques envolées de voix pleines d’innocence, les vocaux s’apparentent la majeure partie du skeud aux hurlements hystériques d’un misanthrope dépressif. De plus, les compositions se montrent légèrement moins progressives et peut-être un peu plus agressives, enfin plus carrées. C’est peut-être le côté germain qui joue, allez savoir…

Album ô combien sympathique qui malheureusement se voit plomber par une prod vraiment famélique. Il faut s’étirer l’oreille pour entendre ce qui passe et c’est particulièrement frustrant d’avoir des guitares aussi lointaines dans un style où les lignes mélodiques ont une importance déterminante. L’autre souci est que notre Teuton a parfois un peu de mal à maintenir la pression en raison de quelques passages un peu répétitifs ou moins passionnants. En fait, le vrai gros souci est que pour l’instant la personnalité du projet ne transparaît pas vraiment tant l’influence d’Alcest est prégnante. Ironiquement, son compatriote de Lantlôs qui avait carrément engagé Neige au chant, avait lui, réussi un insuffler un style différent en creusant un visage urbain et nocturne.

Bon, soyons compréhensifs, il s’agit d’un premier album qui de plus n’est pas franchement aidé par son écrin sonore. Mais, on sent quand même pointer un certain talent même s’il est pour l’instant trop fortement tributaire de ses influences. Il reste que j’apprécie assez de m’envoyer ce Post-Black en mode mineur entre deux lattages de tronche.

Un divertissement relativement sympathique qui tourne finalement assez régulièrement dans mon champ de carottes.


Rédigé par : Dark Rabbit | 12/20 | Nb de lectures : 13400