Quitte à passer pour un vieux con qui radote (allez, faites-vous plaisir), je prends une nouvelle fois mon porte-voix pour rappeler aux derniers abrutis du fond qui n’écoutent pas, que James Rivera reste l’un des tout meilleurs chanteurs de heavy outre-Atlantique, catégorie power-metal US, quelque part entre Tim ‘Ripper’ Owens et Warrel Dane de SANCTUARY/NEVERMORE. Texan pur jus (et fier de l’être), il est même à sa façon représentatif d’un certain conservatisme bon teint, dans le sens où il n’a jamais dévié de sa carrière initiale entamée en 1982 : des influences JUDAS PRIEST, des plans très NWOBHM ou un chant suraigu sont toujours encore aujourd’hui en 2010 pour lui les éléments indispensables à tout bon disque de métal, même s’il n’a jamais hésité, et c’est tant mieux, à aussi faire de l’oeil au thrash avec son groupe principal HELSTAR.

Et des plans thrash, il y en a à foison sur ‘Nosferatu’, quatrième disque enregistré en 1989 et considéré par beaucoup comme LE chef-d’œuvre d’HELSTAR. Aujourd’hui réédité sur un double CD engoncé dans un beau digipack avec son prédécesseur ‘A Distant Thunder’ (1988) et un DVD d’un concert de décembre 1989 en bonus, cet album-concept centré autour de l’œuvre de Bram Stoker et à la thématique que n’aurait pas renié KING DIAMOND n’a pas pris une ride pour qui aime ce son power-metal de la toute fin des années 80, avec ses guitares ciselées et ses solos mirifiques, genre qui sera l’année suivante sublimé et dépoussiéré par le ‘Cowboys From Hell’ de PANTERA. Comme beaucoup de prods de cette époque, le tout a un chouia vieilli (notamment à cause de ce son de grosse caisse un peu trop envahissant) mais le groupe n’a jamais fait mieux. Dans un petit texte inclus dans le livret, Rivera avoue d’ailleurs qu’il était alors complètement obsédé par les vampires et le livre ‘Dracula’ et cela se sent.

Mais c'est surtout au niveau musical que c’est toujours autant la claque : entre (toujours) JUDAS PRIEST (dès le titre d’ouverture, « Rhapsody In Black », Rivera récite son petit Halford illustré), thrash alambiqué et plans néo-classiques (on a par instants l’impression d’entendre SYMPHONY X faisant une reprise de MEKONG DELTA), on voyage toujours autant avec ce disque aux humeurs changeantes. Et bien que plus ampoulé que jamais avec l’âge, ‘Nosferatu’ reste un petit chef-d’ouvre méconnu du métal underground outre-Atlantique de la fin des années 80. Et à part les regrettés CAULDRON BORN dix ans plus tard, je n’arrive toujours pas à vraiment voir d’autre équivalent depuis…

Bien que moins peaufiné, ‘A Distant Thunder’ n’est pas en reste non plus : leur reprise de SCORPIONS (« He’s A Woman, She’s A Man ») est complètement fondue dans l’ensemble, les plans à la IRON MAIDEN « Winds Of War » en font toujours l’un des meilleurs titres du groupe (encore aujourd’hui joué en concert) et le petit instrumental « Whore Of Babylon » flirtait déjà limite avec le techno-thrash de la meilleure façon possible, comme le fera d’ailleurs aussi l’année suivante « Perseverance And Desperation » sur ‘Nosferatu’ (avec son solo de batterie !). Pour résumer, si par exemple vous êtes tombés sur le charme de SANCTUARY (re)découvert par le biais de NEVERMORE, vous ne pouvez pas passer à côté.

Mais vu que ni leur compilation de vieux titres réenregistrés ‘Sins Of The Past’ il y a trois ans (où on retrouvait justement des nouvelles versions de morceaux tirés de leur quatre premiers albums) ni l'éminence d'un nouvel album studio ('Glory Of Chaos') ne semblent en avoir touché une sans faire bouger l'autre comme disait tonton Jacques, cette double réédition pourtant salvatrice (malgré l’absence de morceaux bonus) risque hélas de ne prêcher que les convertis.


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | late 80's power-metal US/ | Nb de lectures : 12763