Une intro parlée en allemand, un riff électrique plaqué sur lequel se pose une mélodie au son familier, et chauffe Marsél. Nous sommes sans conteste dans l'univers de Helrunar. Surtout que les Germains nous font le coup de l'intro parlée systématiquement depuis leur premier album Grátr! Au moins une chose est sûre: le groupe ne va pas bouleverser ses fondamentaux dans cette nouvelle livraison et je n'en attendais pas moins. Bon, après, ne pas révolutionner ne signifie pas que des changements ne vont pas être opérés.

Depuis Baldr ok Íss sorti en 2007, Helrunar est devenu duo. Dionysos est parti s'enivrer avec Under That Spell et il nous a livré un Apotheosis qui laissait sur la faim. Du côté des survivants Skald Draugir et Alsvartr, on n'a pas perdu la recette pour autant. Mais on a souhaité la délayer à grands coups d'ambiances, en prenant le temps de se laisser emporter par les riffs. Du coup, l'album complet est réparti sur deux CD, laissant à son acheteur potentiel le choix d'une vision complète de l’œuvre ou d'une sélection de la partie qui l'intéresse le plus. Lupus Lounge nous sort à nouveau l'artwork des grands jours, avec des éditions simple digipack ou une édition double sous la forme d'un artbook. C'est beau. C'est en allemand. J'ai encore rien pané (dommage pour expliquer le concept). Mais c'est chouette. Et puis maintenant, je peux mettre que j'écoute "Helrunar – Sól artbook" sur le forum, ça pète grave.

Au passage, l'artbook pressé à 1000 exemplaires a été sold out en trois semaines, ce qui montre que la solution pour lutter contre la crise du disque est bien d'attiser la consommation compulsive en secouant sa limitation d'édition dans le sens du vent. Ne vous inquiétez pas, je ne considère pas (tous) les acheteurs de Sól comme des moutons, puisque je fais partie des acquéreurs. Mais il faut avouer que Prophecy/Lupus Lounge dispose d'un catalogue alléchant pour les amateurs d'un BM sans calorie décidément très en vogue, entre Negura Bunget, Alcest et consorts. Avec Sól, Helrunar se positionne parfaitement pour bénéficier de cet engouement. Le nouvel album des Allemands est encensé un peu partout, et je regrette juste que cette reconnaissance n'intervienne que maintenant, alors que le meilleur de leur disco est derrière eux.

Si le départ du guitariste Dyonisos n'a pas eu d'impact sur le "son" Helrunar, la teneur des compositions en a été affectée. Exit les éléments les plus mordants qui permettaient au groupe d'atteindre le point d'équilibre entre rage et introspection. Bienvenu dans un album qui se regarde beaucoup le nombril à coups de longues plages évasives. Sól va probablement être taxé d'album intimiste ou d'album mature. Autrement dit, il ne s'y passe pas grand-chose, par rapport aux déferlements de ses prédécesseurs. Si le duo allemand nous pond par moments des lignes rythmiques excellentes, elles ne sont que des ilôts dans une mer de remplissage à grands coups de riffs plaqués et re-plaqués. A ce titre, la seconde partie gagne le pompon, car une fois passé le titre d'ouverture "Aschevolk" (au riff principal bien mortel), boudiou que c'est long pendant les 35 minutes restantes!

Bref, je suis déçu par ce double opus que je trouve beaucoup trop dilué et sans le mordant auquel nous ont habitué nos Boches. Dans l'absolu, Helrunar reste dans le haut du panier, grâce à sa sensibilité indéniable et sa touche mélodique imparable. Mais par rapport aux trois précédents albums, Sól ne touche pas le plafond et se prend un peu les pieds dans le tapis. Un bon album, à la durée et la densité idéales pour les longs trajets en voiture.


Rédigé par : Prince de Lu | 13/20 | Nb de lectures : 13611