Avec une régularité exemplaire, Helrunar continue à nous sortir un nouvel album tous les deux ans, régularité à peine troublée par le split avec Nachtmahr en 2005. J'avais moins accroché au très germanique "Frostnacht" qu'à leur brûlot pagan qu'est l'excellent "Grátr". Mais tous les espoirs étaient permis pour que Helrunar nous sorte un très bon album, avec une disco de bien belle allure au compteur, et toujours chez le label de qualité Lupus Lounge.

C'est encore autour du concept nordique qu'ils affectionnent tant que nous emmènent les Teutons, cette fois en s'intéressant particulièrement au dieu Balder et à sa symbolique. N'ayant toujours pas appris l'allemand, je ne vous en dirai guère plus. Le livret, magnifique au passage, regroupe l'ensemble des textes qui sont donc majoritairement dans la langue de Goethe. Mais on trouve aussi des extraits de saga en islandais et un texte en norvégien, histoire de s'immerger encore plus.

Musicalement, "Baldr ok Íss" se situe entre le musclé et proche de Negator "Frostnacht" et le plus pagan "Grátr". Comme savent le faire les Allemands, les rythmiques sont carrées comme un jardin français taillé à la serpette. Mais je retrouve enfin les leads et envolées mélodiques qui m'ont fait souiller mon slip dans leur première autoproduction (qu'il serait temps de rééditer, messieurs de Lupus). Suivant l'histoire narrée par Skald Draugir, l'album volète de riffs assassins lancés à fond de train à des passages plus envoûtants ou plaqués avec conviction. Le trio use d'artifices connus, que ce soient les voix claires ou les moments acoustiques, pour enrober encore mieux son propos et créer 50 minutes de magie envoutante et délicieusement nostalgique.

C'est au travers d'alternances entre moments de poésie acoustique et frappes lourdes implacables que Helrunar montre toute sa passion et sa détermination. L'intermède "Winter" vient reposer après l'emportement de "Iss", et juste avant la rythmique pesante et puissante de "Glámr". "Loka Lögsaga" démarre en trombe l'opus après une intro doucereuse. Personnellement, je suis fan de ce travail de composition dont se dégage une atmosphère guerrière à l'ancienne. Les dieux vikings n'ont pas à rougir de leurs scaldes modernes.

Certes, cet album n'est pas le plus grand tous les temps. Mais c'est l'émotion qui l'emporte pendant dix titres, sublimée par un tabassage en règle des conduits auditifs. Le bon vieux Markus Stock parvient encore à donner au groupe un son puissant et lourd dans son antre du Klangschmiede Studio E. L'opus a été enregistré en cinq jours, sans artifices et sans triggs, pour tirer le plus brut possible des compositions. Et la mise en place est impeccable.

Das kleine passage von das lecteur DVD
Vous n'êtes pas sans savoir que Lupus nous fait le coup de l'édition "Luxus", c'est-à-dire dans un digipack triple volet avec DVD, au lieu du bête boîtier crystal. Hormis l'objet (qui est vraiment superbe), intéressons nous au Dividi. Vous y trouverez un documentaire sur le making of de l'album. On y apprend quelles guitares ont été utilisées, que Markus Stock aime beaucoup l'album et quelles tronches ont les musiciens qu'on n'a pas eu l'occasion de voir sur scène dans notre contrée. Ce n'est pas très excitant, et seules quelques petites infos sont à glaner des vingt minutes d'un reportage qui fait remplissage. Côté live, on trouve trois titres enregistrés au Party San Open Air 2006. Il s'agit de "Dreifachdorn" (de "Frostnacht"), "Ich bin die Leere" (de "Grátr") et "Älter als das Kreuz" (de "Frostnacht" aussi). Profitant probablement des caméras du festival, le groupe bénéficie de nombreux angles (une caméra en fond de salle, une sur chaque zicos, une sur le public, si je ne me goure pas). Niveau jeu de scène, ce n'est pas très spectaculaire ; le groupe se contente de secouer la mèche, y compris le bassiste embauché pour l'occasion. La mise en place est très bonne et le son varie selon les morceaux. Il reste toujours très correct, même si "Ich bin die Leere" est passablement écrasé par une double trop présente. Ces titres permettent de confirmer la bonne santé scénique du groupe. Mais ce DVD ne vaut bien que les quelques euros que vous concèderez dans un bonus… ou plutôt dans un beau double digipack.

Voilà un album puissant et païen avec lequel je prends mon peton à chaque écoute. Il restera sûrement plus longtemps que son prédécesseur dans ma platine et laissera sa marque dans ma playlist en cette (déjà) fin d'année. Miamm !


Rédigé par : Prince de Lu | 17/20 | Nb de lectures : 13391