Les kros qui thrashent – Episode 3 : La nouvelle vague

Que cela plaise ou non, il faudra certainement dans les années à venir compter sur toutes ces jeunes formations venues du hardcore qui dépoussièrent sans complexe un genre, le thrash metal, plus ou moins tombé en désuétude à force d’excès ou d’absence de renouvellement. Ces ptits jeunes, qui ont dû naître en même temps que les albums mythiques qui font maintenant partie du Panthéon du Thrash (allez faire un tour dans la section Remember , vous devriez en trouver quelques uns), le revisitent sans préjugé et avec la même fougue que leurs aînés à l’époque. En attendant le prochain TRIVIUM, fer de lance de cette nouvelle vague et également issu de la filière Lifeforce Records, voici HELL WITHIN qui avec ce deuxième album délaisse le metalcore peu inspiré de « Asylum Of The Human Predator » (2005) et se lance, médiators aiguisés comme des lames de rasoir, dans une courageuse entreprise de restauration de la légende de la Bay Area.

Qui dit restauration dit fidélité à l’original, et si l’architecture instrumentale et la voix claire (timbre et lignes de chant) de Matt McChesney s’inscrivent dans ce cadre, les Américains ne se sont cependant pas totalement débarrassés de leurs origines hardcore. On les retrouve ainsi dans les parties de chant hurlées à la limite du black et dans quelques moshparts, sans pour autant qu’elles nuisent à l’unité de l’ensemble, bien au contraire : les progrès effectués par McChesney sont stupéfiants, et son chant clair autrefois hésitant est devenu l’élément central des morceaux (le mimétisme avec celui de Chuck Billy (TESTAMENT) est d’ailleurs troublant), judicieusement mis en valeur par les vocaux death ou hardcore qu’il éructe dès qu’il en a l’occasion. Hormis ces points de détails, c’est bien l’esprit du thrash américain de la grande époque qui habite HELL WITHIN, comme en témoignent les références nombreuses à TESTAMENT « Shadows Of Vanity », « Lay Down Your Arms », à ANTHRAX et SLAYER (« Between The Dead And The Deceived ») et METALLICA (« Merciless » et sa rythmique typique). Cependant, ils ont été assez malins pour ne pas se laisser prendre au jeu de la copie conforme en utilisant notamment trois voix bien distinctes, comme évoqué plus haut, en distillant çà et là quelques mélodies suédoises qui font leur effet ou en balançant un tube imparable au moment où on s’y attend le moins. « In The Absence Of Fire », le tube en question, s’infiltre et s’ancre profondément dans la caboche grâce à un refrain assez mélodique et entraînant pour qu’on ne puisse y résister sans être mièvre pour autant, comme c’est le risque.

Gros son, riffs qui claquent, rythmiques nerveuses, chanteur exceptionnel, « Shadows Of Vanity » est la confirmation que HELL WITHIN a un rôle à jouer sur la nouvelle scène thrash qui émerge ! Voilà un groupe à suivre de près, qui loin de ne faire que du recyclage de techniques éculées, les réhabilite en leur injectant une grosse dose de modernité et d’agressivité. KILLSWITCH ENGAGE puis TRIVIUM ont déjà montré la voie, HELL WITHIN en poursuit le balisage et œuvre aux côtés de formations plus traditionnelles évoquées récemment dans ces pages comme DECADENCE ou BLOOD TSUNAMI .


Rédigé par : Dungorpat | 15,5/20 | Nb de lectures : 11189