HELL MILITIA - Last Station on the Road to Death (Debemur Morti/Season of Mist) - 03/09/2010 @ 08h34
Une viscosité noirâtre s’écoula sur le sol de ce monde corrompu. Le liquide répugnant fissura le réel et ouvrit une brèche sur la loge noire. Il ne restait plus qu’à franchir les lourds pans du voile pourpre. Dans ce lieu de démence, un nain et une blonde droguée jusqu’aux yeux vous attendaient et l’homme vous lança une sentence sibylline en guise de bienvenue :
-When you see me again, it won’t be me...
Cinq ans après et malgré une apparence en tout point identique, il semble que Hell Militia ne soit plus tout à fait le Hell Militia de "Canonisation of the Foul Spirit". Pourtant, les intervenants n’ont pas changé, Meyhnach (Mütiilation) tient toujours le crachoir, Persecutor (Arkhon Infaustus) et Arkdaemon (Temple of Baal) sont chargés des grattes, LSK (Antaeus, Vorkreist, Secrets of the Moon…) est à la basse et D.Terror (Vorkreist) au matraquage de fûts. Le masque est le même mais l’esprit derrière a changé. L’agression sauvage n’est plus la velléité première, non, un sentiment bien plus obscur s’est invité.
-Garmonbozia…
Un imprécateur plein d’autorité, nous alarme sur les dangers de la drogue qui vous transforme en zombi uniquement motivé par votre prochain fix. La musique apparaît. D’abord un larsen, puis des riffs, lourds, poisseux, rampants avant le blast dissonant et lancinant jusqu’au surgissement braillard d’une espèce de refrain quasiment Punk. La batterie se montre tribale puis ça ralentit encore plus sur des arpèges décharnés et salis par un excès de distorsion. Ca creuse profond dans la tripaille. Durant cette descente aux enfers, l’auditeur va se perdre dans le piège nauséabond de ce Black monstrueusement tiraillé entre du Sludge dégueulasse, du Blues dégénéré et du Punk désespéré.
Du Punk, oui du punk, car un groove cradingue venant de ces refrains éructés par des hooligans recouvre cette plaie béante tel un vieux pansement infecté. De plus, il fallait intégrer dans ce squat bondé de junkies agonisants une reprise improbable de GG Allin ("Shoot Knife Strangle Beat & Crucify") placée en plein milieu. Pour ceux qui ne connaîtraient pas, Allin fut tout simplement le performer le plus déjanté de la scène Punk. Ses prestation font passer les gesticulations de Kvarforth pour une aimable plaisanterie capable de faire l’entracte d’un Marie-Rose au pays de Oui-Oui. Il aurait voulu se suicider sur scène. Finalement, ce sera la dope qui le terrassera à 36 ans. La reprise est de fait parfaitement justifiée au regard de la thématique introductive. Le titre se fond étonnamment à l’ensemble, juste notera-t-on qu’il s’agit du morceau le plus accrocheur de l’album.
Pendant que nous sommes dans la performance, je dois avouer avoir été impressionné par celle de Meyhnach. Ce dernier vomit, râle, éructe, grogne, agonise, scande… Il participe grandement à la déchéance de l’ensemble et je ne suis pas loin de penser qu’il s’agit probablement d’une de ses meilleures prestations.
Concernant la matière sonore, c’est B.S.T qui s’est occupé de la prod conférant comme à son habitude un son très nature et faisant ressortir toute la crasse crachée par les distorsions des instruments.
-Electricity…
D’une certaine manière, on n’est pas si loin de la mue amorcée par le dernier Glorior Belli. On sent la même volonté de frotter leur Black à d’autres univers. Malgré ces confrontations stylistiques, il est impossible de passer outre un aspect un peu redondant avec en définitive des riffs pas foncièrement palpitants. Il n’y a guère que le très Black "Et in Inferno Ego" et le très mélancolique morceau titre dont les tournures mélodiques vous retournent les entrailles. De même, on s’aperçoit que certains schémas de batterie reviennent un peu trop souvent même si cela renforce le caractère hypnotique de certains passages comme lors du très long final de "The Pig That Became a God".
Mais une chose étrange est arrivée. En dépit des faiblesses évoquées, je ne pouvais l’empêcher de me hanter. Ce n’était pas seulement les refrains de punks alcoolisés, mais c’était bien cette ambiance dégueulasse qui me poursuivait. A l’instar d’un cadavre de junkie pourrissant au fond d’une impasse sordide, il a fallu un certain temps pour que le corps exhale son odeur nauséabonde et finisse par imprimer mon odorat de manière indélébile. Cela fait, il m’était impossible de me débarrasser de cette crasse.
A l’instar de la musique, l’artwork s’avère glauque à souhait avec ces collages photos tout à fait dérangeants.
Ce sera peut-être répétitif pour quelques-uns, pas assez violent pour certains ou manquant de riffs ultimes pour d’autres, mais lorsque je suis arrivé à la dernière étape sur le chemin de la mort, tous ces détails n’avaient plus aucune importance. Seul le sentiment persistait. La crasse était partout et nous étions souillés par tant de déchéance.
Pas aussi convaincu que toi, mon lapin. J'ai trouvé l'album bien moins définitif que le premier, et je m'ennuie même sur certains morceaux. Mais c'est pas mal!
AnusFraicheur Membre enregistré
Posté le: 03/09/2010 à 10h27 - (86589)
Autant le premier m'avait tout de suite emballé, autant celui-là s'est montré plus vicieux à dompter. La première écoute m'avait limite ennuyé mais après y être revenu, j'ai bien adhéré à ce côté plus crasseux et rampant de leur musique.
Deha IP:83.134.209.94 Invité
Posté le: 03/09/2010 à 11h19 - (86595)
Terrible album, bien d'accord avec le lapin.
Joff IP:78.116.147.141 Invité
Posté le: 03/09/2010 à 11h19 - (86596)
Très bonne chronique, Twin peaksée comme il se doit, et très bon album, avec des morceaux plus faibles certes, mais de bons gros moments de bravoure : "last station on the road to death" et ultimate deception sont de purs bijoux de noirceur !
dfghj IP:82.120.137.215 Invité
Posté le: 03/09/2010 à 11h36 - (86597)
album qui déboite. prestation scénique excellente.
Alain Membre enregistré
Posté le: 03/09/2010 à 11h54 - (86598)
@ PdL: Tout à fait d'accord, déception pour ma part. Tant pis!
V.R.S. Membre enregistré
Posté le: 03/09/2010 à 12h04 - (86599)
pas spécialement aimé
juj Membre enregistré
Posté le: 03/09/2010 à 12h24 - (86600)
les riffs répétitifs s'imposent, l'ambiance morne et sordide n'en est que plus solide ; grandiose
DARK RABBIT Membre enregistré
Posté le: 03/09/2010 à 13h53 - (86605)
d'accord mon Prince, moi aussi au départ ça le faisait moyen, il y a pas mal de passages qui sonnent creux mais l'ambiance est incroyablement obsédante !
Monceau Membre enregistré
Posté le: 04/09/2010 à 00h22 - (86627)
la chronique dans un style pur de lapin - la précision des mots est tellement dense que je pouvais même m'en passer de l'écoute vu que mon cerveau a déjà reçu toute information nécessaire pour reconstituer tout ça. Excellent.
Du crade ça se sens mais faut que lapin nous dise aussi avec quoi il faut agrémenter l'écoute car sans rien avec juste un peu de sommeil on décroche assez facilement par endroits.
yohm Membre enregistré
Posté le: 04/09/2010 à 11h01 - (86629)
Il est grandiose cet album... C'est poisseux, c'est groovy, c'est sinistre...
Vraiment génial... J'adore l'esprit punk de certains morceaux.
Y. IP:86.201.235.5 Invité
Posté le: 04/09/2010 à 12h47 - (86635)
Eyehategod qui sodomise darkthrone?! Ou peut etre le contraire... En tous cas complètement dégueulasse et poisseux!!
J.R. IP:93.30.135.168 Invité
Posté le: 05/09/2010 à 00h12 - (86644)
HAIL !!!!
HAIL !!!!
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Cinq ans après et malgré une apparence en tout point identique, il semble que Hell Militia ne soit plus tout à fait le Hell Militia de "Canonisation of the Foul Spirit". Pourtant, les intervenants n’ont pas changé, Meyhnach (Mütiilation) tient toujours le crachoir, Persecutor (Arkhon Infaustus) et Arkdaemon (Temple of Baal) sont chargés des grattes, LSK (Antaeus, Vorkreist, Secrets of the Moon…) est à la basse et D.Terror (Vorkreist) au matraquage de fûts. Le masque est le même mais l’esprit derrière a changé. L’agression sauvage n’est plus la velléité première, non, un sentiment bien plus obscur s’est invité.
-Garmonbozia…
Un imprécateur plein d’autorité, nous alarme sur les dangers de la drogue qui vous transforme en zombi uniquement motivé par votre prochain fix. La musique apparaît. D’abord un larsen, puis des riffs, lourds, poisseux, rampants avant le blast dissonant et lancinant jusqu’au surgissement braillard d’une espèce de refrain quasiment Punk. La batterie se montre tribale puis ça ralentit encore plus sur des arpèges décharnés et salis par un excès de distorsion. Ca creuse profond dans la tripaille. Durant cette descente aux enfers, l’auditeur va se perdre dans le piège nauséabond de ce Black monstrueusement tiraillé entre du Sludge dégueulasse, du Blues dégénéré et du Punk désespéré.
Du Punk, oui du punk, car un groove cradingue venant de ces refrains éructés par des hooligans recouvre cette plaie béante tel un vieux pansement infecté. De plus, il fallait intégrer dans ce squat bondé de junkies agonisants une reprise improbable de GG Allin ("Shoot Knife Strangle Beat & Crucify") placée en plein milieu. Pour ceux qui ne connaîtraient pas, Allin fut tout simplement le performer le plus déjanté de la scène Punk. Ses prestation font passer les gesticulations de Kvarforth pour une aimable plaisanterie capable de faire l’entracte d’un Marie-Rose au pays de Oui-Oui. Il aurait voulu se suicider sur scène. Finalement, ce sera la dope qui le terrassera à 36 ans. La reprise est de fait parfaitement justifiée au regard de la thématique introductive. Le titre se fond étonnamment à l’ensemble, juste notera-t-on qu’il s’agit du morceau le plus accrocheur de l’album.
Pendant que nous sommes dans la performance, je dois avouer avoir été impressionné par celle de Meyhnach. Ce dernier vomit, râle, éructe, grogne, agonise, scande… Il participe grandement à la déchéance de l’ensemble et je ne suis pas loin de penser qu’il s’agit probablement d’une de ses meilleures prestations.
Concernant la matière sonore, c’est B.S.T qui s’est occupé de la prod conférant comme à son habitude un son très nature et faisant ressortir toute la crasse crachée par les distorsions des instruments.
-Electricity…
D’une certaine manière, on n’est pas si loin de la mue amorcée par le dernier Glorior Belli. On sent la même volonté de frotter leur Black à d’autres univers. Malgré ces confrontations stylistiques, il est impossible de passer outre un aspect un peu redondant avec en définitive des riffs pas foncièrement palpitants. Il n’y a guère que le très Black "Et in Inferno Ego" et le très mélancolique morceau titre dont les tournures mélodiques vous retournent les entrailles. De même, on s’aperçoit que certains schémas de batterie reviennent un peu trop souvent même si cela renforce le caractère hypnotique de certains passages comme lors du très long final de "The Pig That Became a God".
Mais une chose étrange est arrivée. En dépit des faiblesses évoquées, je ne pouvais l’empêcher de me hanter. Ce n’était pas seulement les refrains de punks alcoolisés, mais c’était bien cette ambiance dégueulasse qui me poursuivait. A l’instar d’un cadavre de junkie pourrissant au fond d’une impasse sordide, il a fallu un certain temps pour que le corps exhale son odeur nauséabonde et finisse par imprimer mon odorat de manière indélébile. Cela fait, il m’était impossible de me débarrasser de cette crasse.
A l’instar de la musique, l’artwork s’avère glauque à souhait avec ces collages photos tout à fait dérangeants.
Ce sera peut-être répétitif pour quelques-uns, pas assez violent pour certains ou manquant de riffs ultimes pour d’autres, mais lorsque je suis arrivé à la dernière étape sur le chemin de la mort, tous ces détails n’avaient plus aucune importance. Seul le sentiment persistait. La crasse était partout et nous étions souillés par tant de déchéance.
L’ambiance craspec de l’année !
-Fire walk with me…
Rédigé par : Dark Rabbit | 16/20 | Nb de lectures : 14064