Quand l’un des plus vieux groupes de Floride décide de remettre le couvert après un split de six ans, ça donne ce retour fracassant des vétérans d’HELLWITCH, au travers d’une nouvelle démo amorçant les balbutiements d’une seconde carrière.

Pat Ranieri, nous l’avait confié lors de l’interview qu’il avait accordé à VS quelques mois plus tôt : HELLWITCH était plus motivé que jamais et ce come-back n’aurait rien d’anecdotique pour peu qu’un label sérieux leur prête attention.

S’il est des groupes maudits par le destin, HELLWITCH en fait définitivement partie. Après avoir débuté aux côtés de DEATH, MORBID ANGEL, MASSACRE et compagnie, le groupe s’est enlisé dans les embrouilles en signant successivement avec deux labels qui les ont copieusement escroqués, sans assurer un embryon de promotion et finalement mis sur la paille. Si on ajoute à cela des problèmes de line-up, on comprendra que cette suite d’événements a plombé la carrière d’HELLWITCH en les privant du succès qu’ils auraient logiquement mérité. Lorsque l’on voit ce que sont devenus les petits copains, il y a de quoi émousser les motivations les plus déterminées. Surtout qu’HELLWITCH disposait, dès 1985, d’une vision assez avant-gardiste du death métal et qu’ils étaient probablement parmi les premiers à flirter avec le techno-death progressif.

Et revoilà donc HELLWITCH, version 2005, avec quatre titres dont deux figuraient déjà, à titre de bonus, sur l’ultime réédition discographique « Final Approach » que le groupe avait sortie en 98, avant de disparaître de la circulation.
Loin de ressasser de vieux riffs poussiéreux, HELLWITCH nous propose ici quatre titres de death/thrash aux sonorités très actuelles. En effet, le groupe, s’il n’a rien perdu de son style, n’est pas resté figé dans une optique musicale retro. Certes, le groupe reste attaché à un certain groove bien old school qu’on ne retrouve plus que rarement de nos jours mais ce dernier se manifeste par des tournures rythmiques et mélodiques qui ne sont pas sans évoquer la grande époque du thrash de la bay area. Pour le reste, HELLWITCH reste fidèle à son feeling bien tarabiscoté. Outre les changements de thèmes, la technicité d’HELLWITCH se manifeste par des riffs de cinglés qui voient se succéder une vingtaine d’accords avec la même rigueur et régularité. Pour le chant, ce bon vieux Pat est resté dans le créneau des vocalistes thrash des années 80, mélangeant chant clair et hurlements haut-perchés à la façon de Corporate Death (MACABRE). Il est clair que cette façon de chanter peut surprendre voire même déplaire lors d’une première approche mais l’originalité aidant, on y prend très vite goût.

En cherchant bien, on pourra reprocher quelques petits cafouillages à la batterie de Joe « Witch » Schnessel sur certaines accélérations mais pour le reste, cette démo est la preuve vibrante qu’HELLWITCH n’a rien perdu de sa verve que, mieux encore, ils se sont bonifiés avec le temps comme un bon bordeaux de garde.

Déployant ici l’enthousiasme d’un groupe de teen-agers débutant dans le métier, HELLWITCH est peut-être sur le point de prendre sa revanche et de gagner enfin la reconnaissance qu’il lui a été, jusqu’alors, refusée.



Rédigé par : Tonton | 4/5 | Nb de lectures : 12278