Je le dis tout de suite: Helloween est un de mes groupes préférés. C'est pour moi l'exemple parfait du groupe qui sait évoluer malgré des changements de line-up assez fréquent et une fan-base qui pourrait plutôt les encourager à ressortir tout le temps des clônes batards de "Keeper Of The Seven Keys".

Alors que pour certains metalleux cloîtrés dans les clichés, Helloween représente une vision du kitch et du cliché "heavy-metal de fiotte", la réalité est tout autre. Chaque album d'Helloween marque une évolution, et colle parfaitement à son époque. Que ce soit avec les chef d'oeuvres ultimes que sont les "Keepers" dans les années 80 qui leur ont valu leur renommée, ou bien avec le sublime "Better Than Raw" qui marqua autant mon esprit dans les années 90, le groupe a fait taire ses détracteurs, et même parfois ses anciens compères revanchards, car là où un Gamma Ray stagne, se répète et plagie ouvertement d'autres groupes, Helloween reste une entité à part et imprévisible.
Les années 2000 ont également vu leur lot de bons albums de la citrouille. "Keepers 3" et le dernier en date "Gambling With the Devil" sont de bons exemples.
Ce nouvel album va-t-il suivre la mouvance? Question bien délicate, car encore une fois, Helloween frappe là où on ne s'y attend pas, avec un album bien sombre, et bien violent! Le "Dark Ride" des années 2010 quoi.

En effet, dès que la première chanson commence, on pense avoir affaire avec Pantera plutôt qu'Helloween. Intro de batterie en roulement de toms qui enchaine sur un riff pachydermique, on est loin de "Eagle Fly Free"! La pochette donnait le ton pourtant, avec son logo tout en lames et en scalpels. Et bien l'unité artistique est là, car les guitares de "7 Sinners" vont bel et bien vous découper.
La guitare est en effet au centre des attentions sur cet album. C'était déjà un peu le cas avec le précédent, on se rappelle tous de la furie du premier morceau "Kill It". Aujourd'hui, c'est la même chose, mais multiplié par 4. Les 4 premiers morceaux envoie la sauce, on est presque à la limite du thrash parfois. On a même des choeurs glauque à la Dimmu Borgir sur "You Stupid Mankind" (un titre qui n'invite pas trop à se marrer d'ailleurs...). Même Andi Deris s'y met parfois en prenant une voix éraillée limite black-metal! Le son sert parfaitement cet avalanche de notes tranchantes, rien à dire, les guitares ont ici aussi bénéficié d'un soin et d'un son qui découpe la barbaque. Le tout est massif et puissant, certainement la production la plus lourde du groupe depuis ses débuts.
Pas de doute, le groupe est dans une de ses périodes dark, la précédente datant de 2000 avec "The Dark Ride" qui avait déjà bien dérouté les fans de la première heure. Ceux-là seront sûrement aussi décontenancés par "7 Sinners". Le sens de la mélodie du groupe étant ici très discret. Pas de gros tube, moins de refrains fédérateurs ou de pont tout en harmonie et en finesse. Il y a bien des morceaux moins agressif, comme le 5ème "World Of Fantasy", mais malgré une volonté de faire du tube, on sent que l'inspiration n'était pas de ce côté-là pour cet album. Même si le morceau demeure agréable, il n'atteind pas des sommets comme "Can Do It" pour ne parler que de l'album précédent. On retrouve aussi un Helloween plus conventionnel, avec gros refrain, soli bien mélodieux, et tout et tout sur "If A Mountain Could Talk", mais encore une fois, ce n'est pas le morceau le plus marquant de l'album malgré une qualité satisfaisante. Cela dit, même sur ce morceau soi-disant classique, on trouve des traces de violence. Il y a encore un morceau "joyeux" (oui, tout est relatif sur cet album hein) avec "The Sage, The Fool, The Sinner" et hop, c'est terminé. Tout le reste est sombre et ténébreux.

Sombre et ténébreux, d'accord, mais tout cela est-il BON au final? Car c'est avant tout cela que l'auditeur potentiel veut savoir. La réponse est absolument.
Ce déluge de violence est parfaitement maitrisé. Chaque musicien est à sa place, mention spéciale au batteur, qui arrive à faire oublier Uli Roth grâce à de furieuses parties de double. Andi Deris n'est pas en reste, et arrive à mêler sa voix de façon harmonieuse (ou plutôt hormonieuse vu le degré de testostérone de cet album) sans enlever l'énergie produite par les musiciens. Bref, c'est un peu de douceur dans un monde de brute, mais pas trop quand-même.

J'ai dit plus haut qu'il ne fallait pas chercher de tube à la Helloween, c'est-à-dire joyeux et léger. Mais ça ne veut pas dire que le disque ne possède pas de chanson forte qui marque les esprits. Comment ne pas citer le monstrueux "Long Live The King"? C'est bien simple, on croirait du old Iced Earth! Un riff qui martelle la tête tout en harmonique bien suitante agrémenté du rythme de double effréné qui rappelle les grandes heures de la bande à Schaffer. Il ferait d'ailleurs bien de s'en inspirer!! Egalement au rayon des morceaux qu'on retient, il y a "Who Is Mr. Madman", avec son intro faussement calme et mélancolique au synthé qui sera bien évidemment bouffée par un bon gros riff de gratte. La mélodie revient par la suite toute enjolivée d'un mur de guitare. Ca produit son petit effet! La classique ballade s'avert bien moins sirupeuse que d'habitude (même si j'aime bien ce côté-là du groupe en général), elle verse plutôt, ô surprise! dans le sombre. C'est cool, elle a bien écouté ce que j'ai dit depuis le début.

Au final, cet album est clairement déroutant. On a l'impression d'entendre un nouveau groupe qui aurait marié Helloween avec de nouvelles influences extrême. Alors il y aura forcément une part de déception car les ingrédients classiques d'un album de la citrouille manquent parfois à l'appel, mais une fois habitué cet état de fait, on savoure les nouveaux ingrédients mis en place. Cet nouvelle agressivité fait plaisir, même si elle ne remplacera pas un "Mrs. God" ou un "Hey Lord", on apprécie et on attendra le prochain pour retourner au sucre. En 2010, Helloween, c'est du salé, une fois n'est pas coutûme. Si vous faites partie de ceux qui n'ont jamais aimé le côté gay-friendly d'Helloween, c'est peut-être l'album de la réconciliation. Pour les fans, il faudra un peu d'ouverture, mais bon, il ne faut pas pousser, ça reste du Helloween, et l'album comporte son lot de soli racés, de lignes de chant mélodieuses. Tout ça a juste été placé dans un contexte nouveau.

Voilà donc pourquoi Helloween est un de mes groupes préférés. Après plus de 25 de carrière, il arrive encore à surprendre, à se renouveler sans perdre son identité, et surtout à pondre des albums d'une qualité toujours aussi bonne! Du coup, rendez-vous dans 10 ans pour le prochain album sombre?


Rédigé par : Stickskiller | 17/20 | Nb de lectures : 14084