Ces dernières années, on a vu le retour plus ou moins opportuniste de nombreux groupes des années 80/90 espérant peut-être mettre un point final à leur carrière de plus belle manière qu'à l'époque de leur séparation, souvent dans l'indifférence ingrate dont nous sommes parfois capables quand un groupe ne répond plus à nos attentes. Les raisons de ces retours sont probablement multiples, et le propos de cette kro n'est pas de les analyser, mais quand on apprit que ce nouveau groupe, HELLFIGHTER, était composé en majorité d'anciens XENTRIX, le réflexe fut tout naturellement de penser que nos thrasheurs anglais tentaient de se refaire une jeunesse sur fond de revival Thrash.

XENTRIX (prononcez « zen-trix ») évoque en effet certainement un petit quelque chose à tous ceux qui écoutaient du Thrash il y a une vingtaine d'années, comme il évoque tout aussi certainement un groupe sympa mais sans plus, comme il en existait un paquet à l'époque. Ce genre de groupe qui a pu marquer certains d'entre nous pour diverses raisons, mais qui n'a jamais véritablement percé, restant dans l'ombre des géants de la scène. (en ce qui me concerne, j'ai toujours un souvenir ému du « Face Of Despair » de MORTAL SIN...). HELLFIGHTER, donc, est composé à peu de choses près du line-up du dernier XENTRIX en date, « Scourge », sorti en 1996, qui marquait une réorientation plus Power du Thrash estampillé Bay Area qui avait permis aux Anglais de se faire un petit nom. Bien que loin d'être mauvais, « Scourge » ne sortait pas du lot et à cette époque, marquée par la toute puissance des PANTERA, MACHINE HEAD, etc.

En 2011, le groupe n'a plus tellement de questions à se poser pour ce qui est de garder la tête hors de l'eau, et son nouveau patronyme l'autorise à aller dans la direction qu'il désire, qui est un Metal entre Thrash et Heavy, comme ICED EARTH ou BLAZE peuvent le faire, qui se rapproche également beaucoup par moments de ce que Bruce Dickinson a pu proposer en solo (« A Lesser God »), avec un Simon Gordon au chant à la fois agressif et très lyrique, presque méconnaissable par rapport à sa prestation sur « Scourge ». Le groupe a conservé ce côté power du dernier XENTRIX tout en s'aventurant sur un terrain plus mélodique, qui l'éloigne des références du genre et donc de la comparaison. Les mélodies de chant, qui peuvent paraître passe-partout tant qu'on ne s'est pas vraiment imprégné de l'album, sont finalement très bien adaptées à un disque bourré de riffs qui grattent là où ça fait du bien, doté qui plus est d'un son labellisé Andy Sneap qui comme d'hab beute comme il faut. « Damnation's Wings » ne s'impose pas d'emblée, mais il suffit de le laisser tourner quelques fois pour finir par l'apprécier et prendre son pied sur ses grosses rythmiques associées au chant dickinsonien de Simon Gordon.

HELLFIGHTER sait comment faire sonner un riff ; ses compositeurs ont fait leur carrière à une époque où il fallait savoir écrire et ne pas compter que sur une grosse production pour espérer faire saigner les oreilles de ses auditeurs. Cela se ressent sur tout l'album, qui reste intéressant même sur les quelques titres, en milieu de disque, moins percutants que les autres ou plus linéaires. «Damnation's Wings» est une très bonne surprise, que ceux qui connaissaient déjà XENTRIX devraient apprécier comme il se doit et qui devrait permettre aux Anglais de poursuivre une œuvre interrompue trop tôt. Amateurs de grosses rythmiques, de riffs Thrash et de chant Heavy, ne passez pas à côté !


Rédigé par : Dungorpat | 15/20 | Nb de lectures : 12246