Arf, si seulement NOX AUREA – qui eux ont en plus d’être Suédois – ne leur avait pas tout juste grillé la priorité, pour sûr que HELEVORN se serait retrouvé sur NAPALM Records en moins deux… Bah oui, le metal goth/doom/à chanteuse/claviers (rayer la mention inutile), c’est un peu le fonds de commerce de ce supermarché de la gothopoufferie autrichien. Et après avoir épuisé jusqu’à la lie le créneau sous-THEATRE OF TRAGEDY au début des années 2000 (merde, qu’est devenu THE SINS OF THY BELOVED par exemple ?!), voilà que ces spécialistes en choucrouterie à frou frou ont compris, suite au succès (mérité) de DRACONIAN, que le doom à chanteuse dans sa version 100% gnangnan avait vécu. Et que sans totalement tomber dans l’excès du funeral doom, il était désormais de bon ton d’acérer un peu ses crocs. Or, sans sa nationalité quelque peu encombrante (Espagne) et son CV peu chargé (un album passé complètement inaperçu en 2005 et puis basta), on ne voit pas comment ils pourraient se refuser le plaisir de signer très bientôt ce HELEVORN qui correspond si bien à cette définition.

La référence ultime de ce sextet semble bien être DRACONIAN, musicalement scandinave jusqu’au bout des ongles. Une impression d’ailleurs renforcée par le choix (judicieux) de confier le mixage final à Jens Bogren du Fascination studio (OPETH, AMON AMARTH, PARADISE LOST etc.). ‘Forthcoming Displeasures’ navigue donc pile-poil entre mélodies suaves et lourdeur pachydermique, doom/death grand public et metal gothique crépusculaire, crépuscule et ténèbres. Pour une fois, le chanteur maîtrise correctement aussi bien le chant hurlé que ‘normal’ et les arrangements aux claviers, comme par exemple ces samples délicats de violons sur « To Bleed Not To Suffer », font preuve d’une belle sobriété. Grand public, le groupe aspire sûrement à l’être, mais ce n’est pour autant qu’il tombe dans la pire polchtronnade teutonne. Sur les morceaux les plus digérables (comme le réussi « Two Voices Surrounding » où MOONSPELL part se les congeler au pays de RAPTURE) il dévoile même un potentiel commercial qui le détournera peut-être des puristes, mais qui attirera sûrement votre petite sœur de quatorze ans qui vient de découvrir le doom avec le dernier MY DYING BRIDE et qui cherche quelle musique pourrait bien aller avec sa première robe en dentelle noire.

SWALLOW THE SUN restent peut-être les champions du doom/death métrosexuel, mais sur la foi de ce deuxième album classique mais on ne peut plus réussi dans le genre car réussissant lui aussi à laisser subtilement un peu de lumière rentrer dans sa petite cave humide, HELEVORN n’est pas franchement si loin que cela derrière. Et quand on pense qu’ils ne viennent pas du pays des mille lacs mais, comme GOLGOTHA dans les années 90, des très ensoleillées îles Baléares, cela laisse plutôt rêveur non ?!


Rédigé par : Olivier 'Zoltar' Badin | 15/20 | Nb de lectures : 11982