En cherchant un peu, vous apprendrez que Lucifer n'existe pas dans la Bible originale. Je sais, ça fait un choc, mais le nom apparaît pour la première fois dans la traduction latine du XIVème siècle. Traduisant la traduction grecque heosphoros ("porteur de lumière", lumière au sens de l'aube), le terme vient originellement de l'hébreu helel ben shachar, ce qui d'après les linguistes distingués signifient "étoile du jour, porteur de l'aube". En latin, il a donné "Lucifer, fils du matin", alors qu'il désigne en hébreu tout simplement Vénus, l'étoile du matin. Outre ce moment culturisant à donf, vous aurez compris que c'est bien en référence à Lucifer que le projet francilien Helel se nomme ainsi.

Les références à Lucifer sont d'ailleurs bien présentes dans les 27 minutes du premier MCD de la formation dont le line-up préserve (pour l'instant) son anonymat. Niveau contenu, attendez-vous à un black industriel assez varié, proposant autant de la brutalité que des plages ambiancées à la froideur du marbre. Alors que de nombreux groupes de black indus proposent des contenus denses, empilant les sonorités sur fond de BAR survoltée, Helel garde une grande lisibilité de ses titres dans lesquels il est facile de s'immerger.

Armé d'un travail vocal très convaincant (je suis fan des "murmures" déments qui servent d'interludes), Helel démarre en trombe son MCD par un "Mass Destruction/Mass Alienation" percutant et porteur de mélodies accrocheuses. Du coup, j'avoue rester un peu sur ma faim avec une suite de programme qui n'atteint pas le même degré de folie et/ou d'énergie. Le long titre éponyme et ses deux successeurs qui prennent le relais ne donne pas autant l'impression de noire suffocation que le morceau d'ouverture, peut-être par une plus grande linéarité du propos et malgré la violence d'un "This is Hel(e)l".

Néanmoins, il reste une noirceur palpable tout du long et des moments très prenants, comme le passage central limite épique (avec un arrière-goût d'orchestration à la Dimmu Borgir) de "A Sigil...". Helel propose près d'une demi-heure de maladie mentale et de déviance issue d'un esprit malsain. Efficace et énergique, A Sigil... ne recherche pas l'extrémisme jusqu'au-boutiste et ravira les amateurs d'immersion dans un univers parallèle, ceux qui aiment dormir avec un pyjama dont les manches s'attachent dans le dos.




Rédigé par : Prince de Lu | 7/10 | Nb de lectures : 15106