Il y a des groupes dont on espère parfois le meilleur. Les Tchèques de Heiden font partie de ceux-là en ce qui me concerne. Formé en 2003, le groupe sort un premier album assez miteux intitulé "Potomkùm Pozemského Soumraku" (oui alors, c'est à droite après le feu. Un bâtiment en brique rouge, vous ne pouvez pas le rater). Comprenant en ses rangs trois ex-Svardenvyrd (diantre, que c'est pas bon ça aussi), la formation sort son second opus "Tinne" en 2005. A ce moment-là de son histoire, Heiden laisse présager quelques qualités dans un black/pagan qui ne demande qu'à éclore (Sheb vous en a parlé sur VS, souvenez-vous). On est encore loin du compte, mais le chroniqueur que je suis se frotte alors les mains en attendant l'album suivant, qui potentiellement vaudra le conseil à un lectorat avide de nouveautés (si, si, vous êtes avides). Mais le chroniqueur ignore que le quatuor tchèque a entamé un virage stylistique qui les mène à un "blackened metal" dans le texte. Et là, c'est le drame.

"Era 2" porte bien son nom puisqu'il inaugure la nouvelle période de Heiden. Une nouvelle ère d'oubli profond dans les tréfonds de ma mémoire. Un instant fugitif qui voit la disparition du groupe dans l'océan des formations musicales sans intérêt. Il faut se rendre à l'évidence : le temps est vraiment une donnée relative quand on s'écoute les 49 minutes très très longues et très douloureuses de ce full-cafard. Les rythmiques sont poussives à ne plus savoir quoi en faire, aucune ne parvient à rattraper l'autre. Il faut l'énergie du Diable pour se retenir d'appuyer sur la touche "Stop" avant que les compositions insipides n'aient annihilé toute volonté de résistance chez l'auditeur. Comme un malade d'Alzheimer qui a peur d'oublier de se suicider, l'auditeur de "Era 2" ne peut que se raccrocher à ses souvenirs heureux pour affronter l'horreur du moment présent. C'est mou du gland, mélodiquement fadasse, structuré chichement et menaçant comme un Yorkshire asthmatique qui poursuit un facteur à vélo. Il n'y a plus que la pochette à sauver du désastre. En restant positif, cet album permet … heu non rien en fait.

Beurk, que c'est moche.


Rédigé par : Prince de Lu | 05/20 | Nb de lectures : 10370