HED (P.E) - New World Orphans (Suburban Noize/STH) - 11/06/2010 @ 08h12
Il est loin le temps où j’avais vu (Hed)p.e en live en première partie de Pantera à Paris. A l’époque, ils avaient fait une bonne prestation et nous avaient régalés de quelques petites figures de skate et de quelques acrobaties de scie sauteuse. Tout le monde s’accordait à dire alors que ce groupe était prometteur et que même s’ils n’avaient pas illuminé la soirée (difficile quand tu as Pantera qui arrive derrière) c'était un nom à retenir.
Le groupe n’a jamais rencontré un grand succès outre-Atlantique, la faute peut-être à une absence de Hits fédérateurs et à une musique certainement moins accrocheuse que les géants de la scène d’alors.
Aujourd’hui, (Hed)p.e existe toujours et nous revient avec un nouveau skeud, « New World Orphans », bien meilleur que les productions que les cadors de l’époque sortent aujourd’hui… quand ils existent encore. Premier exploit donc pour les gars qui continuent leur chemin envers et contre tous, et armés d’une musique qui a bien moins la cote qu’il y a quelques années.
Mine de rien c’est déjà le neuvième album des (Hed)p.e qui voit le jour et on peut dire d’emblée qu’il se situe parmi les bonnes sorties du groupe.
Le groupe joue toujours son fameux « G.punk », appellation créée par le groupe qui, bien qu’elle sonne bien, n’a pas vraiment engendré une scène fleurissante.
Les Californiens mélangent donc le Hip hop fleuretant avec le Rn’b (le fantastique « Stay ready »), le punk frisant avec le hardcore (« Bloodfire ») et bien sûr le métal qui fait mal aux dents (« Planet X »).
Comme tout combo un peu « fusion » qui se respecte, le groupe donne aussi dans le ragga (le très bon « Ordo »), l’ambiant (« Self Aware ») et fait même des vide-greniers à base de grands n’importe quoi (« Family » et son revival 80’s ou « Evrything all the time » coincé entre le superman d’Eminem et des chants grégoriens).
C’est donc un album plutôt énervé que nous livrent les gars, plus excité que « Broke », moins chiant qu’« Insomnia » et presque au niveau de « Black out ».
Comme souvent avec le groupe, les influences sont plutôt segmentées chanson par chanson. Le groupe mixe donc en général deux styles à la fois.
Le chant de Jahred revient à un excellent niveau et il est clair que le gus dynamite bien des chansons de « New world Orphans ».
Niveau flow, le gars écrase quasiment toute la concurrence en démontrant titre après titre comment il peut poser ses mots avec tout le rythme et la personnalité qui le caractérisent. Heureusement d’ailleurs qu’il est fort à ce niveau-là, parce que question lyrics, il est certain qu’il ne rejoindra pas le panthéon des M.C américains.
Habituellement, je suis plutôt sympa en ce qui concerne les lyrics mais là au bout d’un moment, c’est Gavas d’entendre des « Do you hear me Mothafucka ? You can suck my dick son of a Bitch and lick my nuts ! » (J’exagère à peine). Le flot d’insultes est tellement important qu’il finit par perdre la force qu’il est censé engendrer… Mais le bougre peut se permettre des lyrics « légers » tant son flow est énorme.
On note aussi par moments quelques couplets aux envolées presque « pop ». Mais les (Hed)p.e pratiquent une pop « paillarde » qu’on jurerait chantée par une colonie de rugbymen avinés qui chanteraient des problèmes politico-sociaux sur l’air de « J’encule Jeannette et je trouve ça chouette ».
Les gars ne seront jamais vraiment des tendres et même quand ils essayent (avec des moments où ils sont convaincants) ils salissent tout de leurs mains crasseuses (à prendre comme un compliment).
Niveau musique, un peu comme d’hab, ça fonctionne mais il y a rien de vraiment transcendant non plus. Les riffs ne sont pas vraiment originaux même si on note quelques efforts (sur « Renegade ») et ô joie, quelques surprises, avec notamment quelques plans solo de Shred et quelques petites architectures originales.
La prod’ sied bien au groupe, avec ce caractère crust et sombre, un brin « new-yorkaise », comme sur les meilleurs skeuds de Dub War ou plus récemment Skindred.
Le son de batterie et en particulier de la caisse claire est par contre très décevant (à croire que (Hed)p.e a kiffé "St Anger") et enlève par moment, et surtout sur les tempo Hardcore, la folie qui doit accompagner ce type d’accélérations.
Heureusement qu’il reste les chansons pour faire passer la pilule, et là, les garçons nous ont réservé quelques excellents moments qui réussissent à faire oublier tous ses petits défauts. « Renegade » est incontestablement le hit de l’album suivi de près par quelques autres pépites comme « Stay ready » et « Flesh and bones ». Sur les 21 titres (ouf !) que comporte l’album, certains font donc patienter gentiment en attendant que les temps forts tirent l’album vers le haut. Un peu de remplissage donc et une originalité pas toujours au rendez-vous tant on pense très fort à certains groupes par moments.
Le plus étrange, c’est qu’à certains moments le groupe semble presque volontairement accentuer les gimmicks qui rendent reconnaissables les groupes auxquels ils « empruntent » les plans. Du coup quand ils se la donnent « Sex Pistols » ou « Dead Kennedys » dans les intonations de voix, ils ne font pas semblant… comme s’ils se faisaient entre eux des « featuring fait maison » (car cela ne fait jamais vraiment penser à une parodie). Le groupe n’en est pas une bizarrerie près de toute façon.

J’ai toujours considéré qu’il n’avait pas manqué grand-chose à (Hed)p.e pour qu’ils défoncent la rondelle à la planète entière. Maintenant que la mode Néo appartient au passé, il est certain que cela sera beaucoup plus dur de tout défoncer… et c’est peut-être un peu injuste pour les gars. Car à l’écoute de ce disque, le fun transparaît et le groupe semble faire ce qui lui plaît sans ce soucier de ce qui passe autour de lui (et c’est de plus en plus rare de nos jours). Malgré ses défauts, plus j’écoute ce skeud et plus je l’apprécie.
(Hed)p.e n’en a peut-être "rien à foutre de la mode" comme ils disent. C’est une phrase tellement galvaudée que je n’y crois plus quand je l’entends… mais quand le doute s’installe comme ici je me lève, j’applaudis des deux mains et je ré-appuie sur play.


Rédigé par : pamalach | 14.5/20 | Nb de lectures : 13700




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Commentaire
juj
Membre enregistré
Posté le: 11/06/2010 à 10h15 - (84596)
hé ! ça a l'air excellent !

fuzo
IP:82.216.214.8
Invité
Posté le: 11/06/2010 à 14h17 - (84604)
J'étais tellement fan des deux premiers albums à l'époque que je devais être le seul mec sur toute la France à porter fièrement leur t-shirt à de nombreux concerts !!!
Pas écouté cette dernière rondelle mais l'image que j'ai d'Hed Pe est celle du groupe qui nous a pondu l'album de fusion le plus incroyablement jouissif de ces vingts dernières années et qui a malheureusement sombré dans l'anonymat suite à une pelleté d'albums plus que médiocres !!! J'attends maintenant de voir avec celui-là.

Solo Necrozis
Membre enregistré
Posté le: 12/06/2010 à 16h49 - (84626)
Des hommes de goût! Le nom de l'album est sûrement une référence aux NWA, vu que je suis super fan je vais leur accorder une écoute ou deux.

gulo
IP:90.48.112.215
Invité
Posté le: 12/06/2010 à 18h12 - (84627)
le nom est sans doute une référence au New World Order, de Georges Bush

Nico (666)
IP:89.80.229.189
Invité
Posté le: 12/06/2010 à 23h59 - (84633)
@Fuzo: de quel album parles tu (meilleur album de fusion je cite)? Parce que je suis interessé d'écouter ça...

:)

dziobak
IP:90.6.56.191
Invité
Posté le: 04/10/2015 à 18h39 - (118159)
j'ai découvert cet album vla pas longtemps et je le trouve exceptionnel. Après beaucoup d'écoutes, un des meilleurs albums du style et de cette époque.


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