L’héboïdophrénie est une forme de schizophrénie faisant partie des psychoses à expression psychopathique criminogène et provoquant des troubles du comportement notamment au niveau de l’agressivité. Cette définition charmante est le nom d’un jeune quintet de Bordeaux formé en 2010 et qui sort directement son premier opus en autoproduction. Celui-ci influencé par le thrash, le death brutal et le deathcore, comporte 9 titres (plus une courte introduction et une outro) pour un peu plus de 37 minutes de son bien gras et malsain. Pour la pochette et l’artwork les mecs ont fait appel à Stan W. Decker, qui a déjà bossé notamment avec LOKURAH, et qui a reconstitué une ambiance très morbide et gore (même si le livret intérieur n’est pas forcément du meilleur goût).

Musicalement ça part pas mal puisque une fois l’intro passée « Heboïdophrénie » est bien lourd et lent avec des riffs bien dans l’esprit deathcore avec du mid-tempo bien présent, même si quelques blasts et accélérations sur la fin lui permettent de s’aérer et de passer tout seul. Ce qu’on remarque c’est que même si la production est relativement bonne et équilibrée, celle-ci manque quand même de puissance, surtout au niveau de la batterie qui sonne très sèche mais qui a néanmoins suffisamment de pêche pour rester crédible. Du côté de la voix elle alterne les growls assez audibles et les passages criards de Rémy à la basse, tout en ajoutant comme sur « The Butcher » des passages de pig squeals (heureusement peu présents).

Si la majorité du temps le rythme est assez lent, lourd et poisseux (et qui peut faire penser à SIX FEET UNDER), les morceaux sont malgré tout assez diversifiés et reprennent tous un schéma à peu près semblable qui alternent avec des variations de vitesse et ça et là quelques blasts et solos disséminés au gré de leurs aventures. En bons bordelais, les gars sont fans de GOROD, du coup Nicolas Alberny le guitariste du groupe vient poser un bon solo sur « Cadaver » au rythme assez intense et qui figure parmi les meilleures compositions de cet opus, à côté du remuant « Decay » ou de « Morbid Satyriasis » rythmé et groovy et où les voix doublées se font plus présentes.

Après malheureusement il faut bien reconnaître que ça n’a rien d’original, qu’on a l’impression d’avoir déjà entendu cela énormément de fois, et surtout bien plus inspiré. Car le défaut principal de cet album est sa redondance et sa linéarité, pourtant les titres tournent tous autour des 3-4 minutes mais le manque d’idées se fait vite sentir et on aimerait un peu plus de folie car même si c’est bien en place ça reste quand même assez scolaire.

Cependant avec un peu plus de personnalité la formation pourra dans l’avenir fait parler d’elle, il lui faut juste persévérer, prendre plus d’expérience et essayer de se lâcher un peu plus au niveau de l’écriture et des idées, car on a quand même un disque assez agréable même s’il lui manque une meilleure accroche.




Rédigé par : GabinEastwood | 12,5/20 | Nb de lectures : 11523