HEAVENLY a toujours divisé le public metal en France. Groupe sans intérêt, aux influences trop affirmées et aux prestations scéniques pitoyables pour les uns, ou bien chef de file du power metal hexagonal pour les autres, le groupe de Ben Sotto ne laisse pas indifférent. "Carpe Diem", cinquième opus de la formation, ne devrait pas déroger à la règle : les fans en raffoleront et se satisferont d’une légère ouverture vers d’autres sphères musicales, tandis que les allergiques ne prendront certainement pas la peine de donner sa chance à ce disque. Ce qui serait bien dommage, étant donnée la progression remarquable réalisée par HEAVENLY en l’espace de quelques années.

Mais abordons d’entrée de jeu les choses qui fâchent, avec cette pochette abominable, qui écorne déjà la crédibilité du groupe avant même que l’on ait pu écouter son nouvel essai. Dommage que ces musiciens, cherchant depuis des années à se défaire de tous les clichés dont on a pu les accuser, tombent dans le piège d’un artwork si facile et caricatural, qui ne sera pas du goût de tous. Inspirés de la célèbre maxime Carpe Diem (« cueille le jour présent ») du poète Horace, de nombreux titres tournent autour des thèmes du sexe et de la luxure, comme l’annonce cette illustration explicite.

La critique la plus récurrente, lorsque l’on évoque HEAVENLY, concerne le manque d’originalité des compositions signées Ben Sotto. Beaucoup trop typée power metal germanique, la musique du combo ne fait en effet que reprendre les éléments caractéristiques de cette scène pour certains, et se rapproche parfois trop dangereusement de groupes teutons tels GAMMA RAY ou HELLOWEEN. Cela était particulièrement flagrant sur le précédent opus, "Viru"s. Certains parlent de plagiat, d’autres d’hommage. Quoi qu’il en soit, on peut aujourd’hui féliciter le groupe de se démarquer quelque peu de ces influences trop envahissantes, même si celles-ci sont toujours bien réelles. A ce titre, certains passages sont purement et simplement gênants et sentent la pompe (inconsciente ?) à plein nez. Écoutez par exemple les premières secondes de ce « Ashen Paradise » qui rappellent, de façon plus qu’évidente, l’introduction de l’album "No World Order" publié en 2001 par GAMMA RAY. Quoique moins présente en 2009, l’ombre de Kai Hansen n’en demeure pas moins toujours perceptible, ne serait-ce qu’à travers les parties vocales de Ben Sotto (« Ode To Joy »). Incorrigibles, nos petits Français ? Pas vraiment, en fait.

La surprise de cet album vient incontestablement de ces deux chansons, « Farewell » et « A Better Me », qui lorgnent de façon évidente du côté du répertoire de QUEEN. Tout y passe, des vocaux de Ben qui ravivent la mémoire de l’immense Freddie Mercury, aux parties de guitare directement empruntées à Brian May (« A Better Me »), pour un résultat vraiment pas déplaisant. Et si le répertoire de la Reine est intouchable, force est de constater qu’HEAVENLY s’en sort avec les honneurs. « Farewell » constitue à ce titre l’une des réussites de "Carpe Diem", et apporte une fraîcheur appréciable à une formation qui donnait l’impression de tourner en rond sur ses dernières sorties, quand bien même "Virus" (2006), avait marqué un net redressement. Le travail d’écriture de Ben Sotto est en tout cas à saluer une nouvelle fois.

Si les chœurs sont toujours aussi énormes, les orchestrations sont encore plus convaincantes qu’à l’accoutumée. De plus, les musiciens peuvent se targuer d’avoir abattu un boulot irréprochable. Assurément, le nouveau batteur, Piwee Desfray (ex-FAIRYLAND), est parfaitement intégré au groupe, et les soli de guitare, répartis entre Olivier Lapauze et Charley Corbiaux, sont fort bien exécutés. On notera enfin la présence du vocaliste Oliver Hartmann (AT VANCE, AVANTASIA) sur le très bon « Save Our Souls », qui clôture le disque.

Si certains titres demeurent encore trop conventionnels, "Carpe Diem" apporte une nouvelle fois la preuve qu’HEAVENLY est un groupe qui avance contre vents et marées, en n’en faisant qu’à sa tête, mais en prenant surtout un immense plaisir à jouer ce heavy-speed mélodique davantage maîtrisé à chaque sortie. N’en déplaise aux détracteurs du combo français, Ben Sotto et ses compagnons sont en forme et viennent de signer une nouvelle galette de qualité.


Rédigé par : up the irons | 14.5/20 | Nb de lectures : 12164