Non, non, n’en déplaise à certains, nous ne parlons pas du projet musical hardcore de Shawn « HBK » Michaels. Même si ce dernier a un fort joli brin de voix (Aww, Aww, Shawn. I think I'm cute, I know I'm sexy. I got the looks, that drive the girls wild,…) je le préfère largement dans le ring plutôt que sur une scène. Ce n’est pas non plus la bande originale du film éponyme de Ben Stiller. Nan rien de tout ça. Le Heartbreak Kid dont il est question ici est un combo de hardcore moderne munichois composé, entre autres, de deux ex PAINT THE TOWN RED. Un bon petit background, idéal pour débuter un nouveau groupe si on possède un tant soit peu d’ambition. Après quelques remaniements d’effectifs, si j’ai bien tout suivi, le bassiste est passé derrière les fûts et un nouveau quatre cordistes, Fievel (au Far West… laule…) fait son apparition. Voilà, maintenant que tout le monde est en place, HBK est prêt à entrer en scène.

Le groupe, créé en 2006, livre un premier album aux qualités évidentes. Pratiquant un hardcore « all school » qui doit autant à SICK OF IT ALL qu’à CONVERGE ou à d’autres kids, les COMEBACK KIDS. Le son des Allemands devrait combler tout autant les fans de old school, que de new school (wahou ça en fait des school…) La base musicale doit beaucoup à l’école new-yorkaise, ne serait-ce qu’au niveau des rythmiques et des lignes de guitares. Mais le groupe va plus loin et mixe ces influences avec une ambiance générale, un son et une petite touche résolument moderne. Un petit peu de screamo par-ci, une lichette de chaotique par-là, une petite ambiance glauque à la INTEGRITY au niveau de l’artwork et de certains morceaux, des vocaux arrachés au forceps d’influence metalcore. Le groupe s’amuse à brouiller les pistes et pratique l’éclectisme avec entrain et, surtout, réussite. Car en multipliant les influences, il est facile de se perdre en chemin, mais HEARTBREAK KID reste cohérent dans sa démarche et sa musique.

Après un premier titre instrumental, hyper dansant et groovy (« Gas »), la voix de Basti débarque. Fiévreuse, habitée et prête à en découdre. Sur certains titres, il est secondé par le vocaliste de WITHIN WALLS, au timbre étonnamment proche, voire similaire à celui de Rob Fusco (MPB). Ce qui marque dès la première écoute c’est la sécheresse de la production. Râpeuse et carrée, elle ajoute un cachet particulier à l’ensemble, raw mais actuel. Encore une fois le métissage entre passé et présent est réussi. Les titres s’enchaînent parfaitement sans se ressembler, on n'est jamais confronté à cette sale impression d’avoir déjà entendu un passage, un break ou une moshpart deux minutes plus tôt. Les moshparts, parlons-en tiens. Elément crucial dans le hardcore, elles tiennent ici parfaitement leur rang. Leur utilisation n'est jamais systématique mais les mecs ont le don de les caser au bon endroit, bon moment, avec parcimonie, décuplant ainsi leur efficacité. Je prends pour exemple le final terrassant de lourdeur de « Turn Up What’s Down ». Imparrable.

Le reste est à l’avenant, basse ronflante tout en rondeur, gratte incisive et batterie galopante. Le tout parfaitement mis en valeur par un chanteur capable d’insuffler de par ses lyrics et sa voix une petite pointe d’urgence mélodramatique propre au screamo à l’ensemble de ses compos. Franchement je ne vois pas vraiment ce qui manque à cet album, peut-être une petite prise de risque supplémentaire dans la composition, une petite variation de tempo de-ci de-là mais c’est vraiment si on se sent l’âme pinailleuse. Si tous les skeuds estampillés « hardcore » était à moitié aussi bons que celui-là, le monde se porterait mieux. Puis par ces temps troublés soumis aux diktats du deathcore, metalcore, thrashcore et autre mèchecore, ça fait plaisir d’entendre un groupe jouer « juste » du hardcore. Ni plus ni moins. Moderne et actuel tout en respectant ses racines, HEARTBREAK KID représente à merveille ce que doit être le hardcore en 2009.


Rédigé par : Seb on Fire | 15.5/20 | Nb de lectures : 10547