Boston, la ‘vraie’ Mecque du Hardcore. Non, non, ce n’est plus New-York, depuis un moment en fait. Je ne sais pas ce qu’il se passe là-bas depuis 25 ans, mais presque tous les groupes originaires de ce coin du Massachusets ont quelque chose de spécial. SSD, DYS, Gang Green, Slapshot, Ten Yard Fight, In My Eyes, American Nightmare, Bane, Reach The Sky, The Hope Conspiracy… Sans parler des gros bourrins du FSU ni des innombrables projets des membres d’Isis, Cave-In ou Converge, la liste est simplement infinie… Doit y avoir une option Hardcore au lycée, c’est pas possible autrement. Et bien il va falloir ajouter une ligne à la légende de cette ville, une ligne intitulée Have Heart. The Things We Carry est leur premier véritable album, après 2 EP sortis ces deux dernières années qui en avaient fait un des gros espoirs de la scène. Chérie, allons voir si la hype…

Ce qui est bien, avec le hardcore, c’est qu’on sait assez vite si un album est bon ou pas. Pour vous la faire assez rapide: vous aimez le HC old-school à la Champion etc ? Vous allez adorer cet album de Have Heart, tout simplement. Des arguments, des justifications ? Bon, si vous y tenez vraiment...

Tout d’abord, la production. Elle n’est pas simplement bonne, elle clinque. Ca ne se dit pas ? Zut, alors d’où ça vient ‘clinquant’ alors ? Bref, la production est terrible, les guitares sont parfaitement mixées, les fûts sonnent comme des fûts (pas de triggs, ouéééé), on devine la basse par moment, ce qui n’est déjà pas mal, quand elle n’est pas tout simplement l’instrument central. Et puis il y a la voix de Patrick Flynn, particulièrement mise en avant, et comme elle arrache tout... Le lascar possède vraiment un bel organe, et non je ne l’ai pas vu à poils, bande de sagouins. Un timbre situé entre celui de Rick Rodney (Strife) pour la hargne et Scott J. (ex Tripface et Burning Bridges) pour la chaleur, une voix écorchée, suffisamment ‘émotionnelle’ pour véhiculer les nécessaires sentiments de colère et de hargne qui collent bien à la musique du groupe.. Techniquement, les autres musiciens ne sont pas non plus des manchots, mais ça reste du HC old-school dans l’ensemble, ils réalisent donc le minimum syndical attendu, avec efficacité et précision.

Ensuite, le talent de composition. Have Heart nous distille en effet un HC pas si classique que cela, puisqu’on y retrouve quelques influences externes ici et là. Stricto sensu, l’esprit des années 80 est évidemment présent, mais celui des années 90 l’est tout autant. Je citais Rick Rodney précédemment, car on ne peut effectivement s’empêcher de penser à Strife sur certains morceaux, comme ‘Watch Me Sink’, notamment. Cependant, le groupe justifie aussi son affiliation à la scène ‘moderne’ actuelle des Verse, Another Breath ou Comeback Kid en proposant des morceaux qui ne suivent pas le sempiternel schéma couplet-refrain-break-moshpart, comme ‘Armed With A Mind’ ou ‘Last Words And Lessons Learned’, entièrement mid-tempo, sans moshpart ni passage 2-step mais plutôt axés sur la transmission d’émotions. ‘Watch Me Rise’ propose même des ambiances extra-HC, avec un accent important porté sur les basses. La grande force de cet album réside donc dans la non-linéarité, ce qui relève de l’exploit quand on traite de HC old-school !

Enfin, les paroles. 90% des groupes venant de Boston se réclament straight-edge et nous cassent donc les bonbons avec leurs choix érigés en vérités universelles. Mais pour une fois, le groupe arrive à aborder ces thèmes aussi récurrents qu’éculés de manière détournée et discrète, en insistant plutôt sur le côté ‘communautaire’ de cette scène et en misant surtout sur les refrains fédérateurs. Sweet Pete (ex-leader d'In My Eyes) et Sean Murphy (ex-Learn) viennent prêter main forte sur les singalongs, l’album en contenant son lot plus que réglementaire: je peux déjà voir les doigts pointant vers Patrick sur les ‘Watch Me Watch Me Riiiise’ ou ‘Born This Way, Die This Way !’ avant de le voir crouler sous les fans entassés sur lui...La formule gagnante à tous les coups !

Bref, The Things We Carry établit d’emblée les Have Heart en force incontournable du Hardcore old-school actuel, en proposant bien plus que des chansons pour s’entraîner à mosher ou des singalongs à scander en concert. Il faut simplement leur souhaiter de durer un peu plus longtemps que d’autres groupes-phares pour avoir la chance de les voir sur scène dans nos contrées. Du tout bon !


Rédigé par : Candiria-Thon | 15/20 | Nb de lectures : 12665