On déserte un peu les pits de coreux hystériques le temps de cette chronique. On délaisse donc les gros tough guys ruisselants de sueur pour nous intéresser à de jeunes hommes plus sensibles. Oui, dans cette chronique, il est question d’emocore.

Comme chacun sait, les groupes emo US screamo ont largement laissé une empreinte dans le paysage musical mondial. Difficile d’ignorer des combos comme Poison The Well, Glassjaw, Thrice ou A Static Lullaby, tant leurs CDs respectifs sont connus et reconnus.
Originaire de Toulouse, Hate Me Tender débarque avec son premier disque « In The Wake Of Reality » qui fait suite à un MCD « Love As You Hate ». Les p’tits gars de la cité rose appliquent la recette typique du genre avec plus ou moins de talent.

L’opus démarre sur une introduction instrumentale « What We Do In The City… » : mélodies critallines, rythmique entraînante et mosh parts pour enchaîner avec le premier titre «… Echoes In Eternity » . Tous les ingrédients propres à l’emocore se retrouvent en l’espace d’une minute trente.
Les compositions ne sont pas en reste et demeurent globalement satisfaisantes. On est assez proches d’A Static Lullaby, pour le côté un peu brouillon des compostions et des titres volontairement longs. Entièrement axé sur l’alternance passages criés puis chantés, le screamo de Hate Me Tender ne révolutionne en rien la musique et souffre parfois d’un côté « photocopie » un peu trop prononcé par moment. Difficile en effet de ne pas penser à « … And Don’t Forget To Breathe » d’A Static Lullaby ou bien à Poison The Well à l’écoute de ce « In The Wake Of Reality ». Si la musique est parfois calquée sur celle des Ricains, il n’empêche que l’on passe un très bon moment en compagnie des Toulousains.

Chaque titre est long, durant près de 5 minutes chacun. Cela laisse le temps pour s’exprimer, coordoner, mixer des influences et offrir quelque chose de riche. Sans pour autant crier au génie, Hate Me Tender arrive à pondre des compositions accrocheuses et réellement intéressantes. Prenez « In The Wake Of Reality » par exemple. Dotée d’une introduction magistralement émotionnelle que n’aurait pas renié Underoath, de couplets entêtants et d’un pont parfaitement orchestré, cette chanson est l’un des points forts du disque.
Les titres sont calqués sur le même schéma bien que celui-ci soit différent d’un titre à un autre. Ainsi, les Toulousains varient entre plusieurs recettes, exprimant toute la palette d’émotions nécessaires à l’élaboration d’un titre emocore. Que ce soient les passages rapides criés, les plans lents mélodiques et tristes, les ponts en acoustique, l’introduction tout en harmonique ou les mosh parts, Hate Me Tender sait composer.

Du point de vue de la production, elle demeure un poil brouillon et bouillie. Les guitares possèdent un son assez approximatif et faiblard lors des mosh parts. En revanche, ce son affiche bien ses qualités lors des parties aiguës. La batterie est mixée de manière idéale même si la basse est inconnue au bataillon. Les voix sont typiques du genre, alternant cris désespérés, chants approximatifs aigus et phrasés parlés par moment. Toute la palette de sentiments est exprimée par les différents timbres, ce qui en fait une composante essentielle du disque.

Malgré quelques longueurs et un côté brouillon, Hate Me Tender signe un bon premier album qui devrait sans conteste trouver son public. En coupant le cordon avec les influences un peu trop présentes, les Toulousains pourront faire quelque chose de grand à l’avenir. C’est tout le mal que je leur souhaite.


Rédigé par : Vision Of Beuh | 13/20 | Nb de lectures : 10804