7:45 Records : curieux nom pour un label. Moi je me lève à 7:40. Peut-être est-ce l’heure à laquelle le créateur de ce label s’est levé le jour où il a décidé de se lancer dans le monde fabuleux des maisons de disques, et le fait de s’être levé aussi tôt lui a bouffé le cerveau pour la journée, jusqu’à lui couper l’inspiration au moment de donner un nom à son entreprise. Toujours est-il que si vous, vous n’êtes pas debout à cette heure-ci (bande de branleurs), la chronique qui va suivre vous présente un album qui va vous tirer du pieu par la peau des fesses avant de vous balancer moult grosses claques dans la tronche.

« J’ai beau être matinal, j’ai mal. » (Didier Bourdon)

Revenons d’abord sur l’identité du groupe en question : HATEFORM est formé en 2004 à Turku en Finlande, autour du chanteur Petri Nyström et de 3 ex-MORBID DREAM (dont le guitariste Tomy Laisto, également membre de MORS PRINCIPIUM EST de 2007 jusqu’en… mars 2011) et de Ville Vänni de INSOMNIUM. Ville laissera sa place à Tom Gardiner (SCORCHED EARTH TACTICS, ESSENCE OF SORROW, SOLUTION.45) en 2006 et le batteur originel Tuomas Vähämaa sera quant à lui remplacé par Tuomo Latvala (DEMIGOD) en 2009. Après deux démos et un premier album longue-durée (Dominance, 2008), le groupe remet le couvert fin 2010 pour une seconde galette nommé Origins Of Plague. Et quelle galette !

HATEFORM pratique une sorte de Death/Thrash survitaminé, croisement entre un mélodeath à la fois agressif (dans l’esprit d’un ARCH ENEMY voire d'un AT THE GATES à certains égards) et axé sur la technique (dans l’esprit d’un MORS PRINCIPIUM EST ; et la présence d’un de leurs (ex-)guitaristes n’y est pas étrangère, bien que Tomy n’ait en réalité jamais rien enregistré avec MPE), et du gros Thrash Bay Area à la TESTAMENT/EXODUS/OVERKILL des albums récents. La recette avait déjà été tentée par leurs compatriotes de DEAD SHAPE FIGURE sur The Grand Karoshi (2008), mais HATEFORM va encore plus loin avec Origins Of Plague, surtout quand on sait que le deuxième album de DEAD SHAPE FIGURE s’était avéré être plutôt décevant (lire par ailleurs). Et HATEFORM y trouve une bonne occasion d’exploser, après un premier album bon mais plutôt anecdotique (puissant mais un peu linéaire et un peu gâché par une prod trop compressée). Origins Of Plague avoine, démonte, décape, rentre dans le lard et fait gueuler les enceintes (et les voisins qui sont encore au lit à 7:45).

Dès les premières écoutes on sent qu’on va avoir affaire à un album de haut niveau. Comment ne pas succomber au trio de tubes infernal qui ouvre l’album ? "Hate Equals Salvation" pose les bases : rythmiques bien appuyées qui décoiffent (typiques de MORS PRINCIPIUM EST), portées par un son tranchant comme une scie circulaire, chant agressif, mélodies accrocheuses. L’assaut continue avec le brulôt qu’est "Foundry" : rythmiques et leads s’enchevêtrent parfaitement et les passages rapides envoient vraiment le bousin. Le groupe se lâche sur "Abhorrent Reincarnation" en nous proposant des changements de plans jouissifs ainsi que des rythmiques incisives comme jamais (les cordes ont dû avoir mal à certains moments), et les leads se taillent également une bonne part du gâteau (le solo de ce morceau est assez dingue en son genre).

Mais HATEFORM ne s’arrête pas en si bon chemin et continue son épopée Thrash/Death à fond la caisse avec l’ultra-véloce "Rise of the Deceived", bardé de riffs efficaces à souhait. La suite de l’album n’est pas en reste avec le très accrocheur "Remain Unboun", le très rapide et rentre-dedans "There Will Be None", ou encore le final "Set Out the Sun" plutôt varié avec des passages plus épiques qui font leur effet. Mais bien que les rythmiques acérées sont la principale attraction de Origins Of Plague, la facette mélodique du groupe figure également en bonne place, en témoignent les guitares lead assez présentes tout du long de l’album, qui jouent aussi un rôle d’aérateur du disque par le biais de quelques breaks bien sentis (celui de "Hate Equals Salvation" notamment avec un peu de gratte acoustique, mais aussi ceux de "Remain Unboun" et "Needles Be Driven"). Et les solos sont tous excellents et bien placés. Si le tempo de Origins Of Plague est globalement très élevé, HATEFORM parvient néanmoins à surprendre avec le très lourd, sombre, rampant et quasi-MORBID ANGELien "Non Compos Mentis", idéalement placé au milieu de l’album : tout aussi écrasant que le reste des riffs Thrashy de l’album vont à 200 à l’heure.

En dépit d’un layout un peu bâclé (bon c’est la musique qui compte mais l’album n’est pas facile à trouver à un prix décent), et même s’il est assez « classique » dans la forme (tout ceci ne révolutionne vraiment rien), Origins Of Plague montre un groupe qui a tout misé sur l’efficacité et ce second album d’HATEFORM est à prendre pour ce qu’il est : une bonne grosse baffe dans les dents. Du Thrash « mélodeathisé », tout aussi brutal qu’accrocheur de par ses rythmiques géniales et des leads de haut vol, avec un gros son à la fois clair et gras. Largement de quoi filer la pêche dès 7:45 du mat’. Si vous cherchez un petit disque pour vous réveiller et vous remettre sur pied, il n’y a pas à hésiter une seule seconde : Origins Of Plague poutre de bon matin.


Rédigé par : ZeSnake | 16/20 | Nb de lectures : 12524