Ahhh Hatebreed! Que dire mis à part que j'ai un sourire niais aux lèvres à la simple évocation de ce groupe. Figurant tout en haut de la liste de mes groupes préférés, la chronique de cet opus me permettra de témoigner tout le respect et l'admiration que j'ai envers Jamey Jasta et sa clique. Clique qui s'est d'ailleurs agrandie avec l'incorporation de Frank "3 Gun" Novinec (Ringworm, Ex-Terror), guitariste de son état. Depuis 2002 et la sortie du meilleur album de ce début de siècle "Perseverence", le groupe n'a pas dévié d'un iota en offrant à son auditorat du metal hardcore lourd, massif extrèmement virulent. Rien à voir avec le hardcore new school qu'ils pratiquaient en 1997 avec "Satisfaction Is The Death Of Desire" leur première oeuvre.
Nous sommes en 2006 et Hatebreed revient avec un 4ème album. Changeant de major (exit Universal, enter Roadrunner), les coreux du Connecticut n'ont cependant pas changé de recette mais relève la tête après un "The Rise Of Brutality" quelque peu décevant.

Il y a quelques mois circulait déjà le morceau "To The Threshold" présent sur la compil "MTV2 Headbanger Ball". Un morceau plutôt lent et lourd tout à fait dans la veine des deux précédents albums. Pourtant, ce titre augurait ce qu'allait être "Supremacy" car il est présent en 4ème place sur la galette.
"Supremacy" démarre sur le meilleur morceau de l'album : Defeatist. Un titre ultra rapide, aux riffs étouffés efficaces et un refrain qui va ravager le pit lors des concerts. Dès le premier morceau, on est replongés dans la sphère Hatebreed qui a forgé la réputation du groupe. Violent, massif et rageur mais délivrant un message positif fait de force et d'honneur dirigé à la jeunesse. Comme d'hab, on remarque deux types de morceaux : les morceaux rapides et plutôt courts comme "Horrors Of Self", "Mind Over All", "Divine Judgement" et les titres plus lents et lourds comme "To The Threshold" ou bien "Give Wings To My Triumph". Cette dualité de composition est d'ailleurs l'une des marques de fabrique du groupe qui joue à la fois sur la vitesse et la violence du hardcore ainsi que sur la lourdeur et la massivité du metal. Cette dualité est telle que bon nombre de groupes n'hésitent pas à reprendre la recette avec plus ou moins de succès (Sworn Enemy en est le parfait exemple).
Les techniques utilisées par Hatebreed ne changent pas pour notre plus grand bonheur. Toujours autant de mosh parts, de riffs étouffés ultra rapides "powered by Boeing", de double (sur "To The Threshold" et "Destroy Everything" notamment), d'accélérations furieuses. On notera également que le groupe n'a pas cédé à la mode de la grosse caisse ultra triggée recouvrant les autres instruments (qui a dit Cataract ?). Les vocalises de Jasta n'ont pas baissé en intensité, et sa voix si atypique, si unique fait que l'on reconnait bien le groupe dès le premier cri. D'ailleurs, j'ai pu remarqué que Jasta se laissait aller à des cris plus chantés ce qui change un peu de sa voix rauque plutôt monocorde (sur le More In The Battlecry du refrain de "To The Threshold" par exemple). Ne partez pas en courant, pas de chant clair (et heureusement) dans Breedouille. C'est juste tellement rare et inattendu que je le signale.
A noter également l'artwork, très réussi. Les paroles ont un peu augmenté en vocabulaire et en richesse linguistique. Le groupe a, a priori, jugé bon de se concentrer dessus car il est vrai que sur les albums précédents, ce n'était pas vraiment folichon.

Je ne constate que deux [petits] défauts pas bien méchants à "Supremacy". La musique du groupe ne variant pas d'un millimètre, on peut ressentir de la lassitude dans l'écoute de l'album. Après une dizaine d'écoutes, il est clair que l'on en a fait le tour et qu'il a tendance à rester sur l'étagère car il reste inférieur à "Perseverence" mais bien supérieur à "The Rise Of Brutality". Ensuite, le son général de l'album. Comme pas mal de productions récentes, le son est plus lisse, un peu moins brut et rentre-dedans. La prod de "Persevrence" comme celle de "With Triumph Comes Loss" de Cataract ou "In Love With The End" de Born From Pain" restent pour moi des références absolues en matière de son ultra agressif et massif. Bien que la musique soit ultra efficace, cette production plus moderne fait perdre un peu de puissance au groupe du Connecticut. "The Rise Of Brutality" essuyait le même constat d'ailleurs.

Avec "Supremacy", Hatebreed enfonce le clou et affirme sa place de chef de file de la scène metal hardcore US avec une musique efficace, violente, énergique, pleine de vie et unique. Donc un album de Hatebreed de plus, une bombe de plus ? Pour moi, oui, cela ne fait pas l'ombre d'un doute.


Rédigé par : Vision Of Beuh | 16/20 | Nb de lectures : 15784