On ne présente plus HATEBREED, le groupe de hardcore favori des metalleux, qui le leur rend bien. Un peu trop bien même d’ailleurs, mais je vais y revenir… Comme j’ai pu parfois lire que les chros de VS étaient trop longues je me permets donc de faire comme au cinéma : deux versions de la même œuvre.

Version courte (destinée aux lecteurs occasionnels) :

HATEBREED, nouvel album, pochette très vilaine et album du même acabit. Plus de metal, plus de thrash, plus de solos, un instrumental, mais moins de hardcore. Quelques bons morceaux de-ci de-là mais la plupart sont sans véritable intérêt et on attend beaucoup mieux du groupe de Jamey qui semble s’être perdu en route.
Seb On Fire : 12/20.

Director’s cut (destinée aux lecteurs chevronnés)

Jamey Jasta avait prévenu, le nouvel album (éponyme) de son groupe allait (d)étonner car le club des cinq tough guys avait décidé, d’un commun accord, « d’expérimenter », d’apporter une touche plus heavy metal et thrash à leur tambouille. Ils n’avaient pas menti. Ce nouvel album est en effet plus orienté heavy metal que leurs précédentes livraisons. Ce n’est pas un problème en soi car bon nombre de coreux, moi le premier, ne crachent pas sur une bonne goulée de heavy metal gras et bourratif, du moins quand celui-ci est de bonne facture. Or, malgré l’immense respect que j’ai pour Jamey et ses potes, ce n’est pas vraiment le cas ici, l’album tenant plus de la vieille piquette que du grand cru. L’écoute de cette nouvelle galette laisse l’impression d’album bâtard, fini au pipi et bercé trop près du mur. La musique se fait incomplète, comme s’ils n’avaient pas eu le temps de peaufiner tous les détails, on sent que les structures de la plupart morceaux n’ont pas été revues en profondeur ni retravaillées, bref que le bébé a été conçu durant une nuit d’ivresse et que maintenant ils n’avaient pas vraiment envie de s’en occuper.

Pourtant, pas de doute sur l’identité des géniteurs, le petit dernier ressemble à ses grands frères avec des riffs acérés et groovy made in Bridgeport Connecticut. On reconnaît d’emblée la touche du groupe qui ouvre l’album sur "Become The Fuse", un des meilleurs titres, histoire de dissiper tous les malentendus. Puis comment ne pas reconnaître la voix de pitbull de Jamey. La première impression est bonne, pas folle la guêpe tous les meilleurs morceaux sont placés dans la quarté de tête, mais les choses se gâtent par la suite avec des titres qui ne retiennent pas l’oreille, du « Hatebreed pour les nuls ». Les morceaux ne sont pas tous à jeter pour autant mais se montrent paresseux, feignants et sans conviction pour la plupart. Si on retrouve de bons restes comme sur « Not My Master » et ses chœurs vicelards ou « Between Heart and à Heartbeat » avec ses riffs piqués à Slayer ou encore un « Everyone Bleeds Now » tout en lourdeur rappelant, dans sa dernière partie, le Skynet de The Acacia Strain. Voilà ça c’est du bon HATEBREED, qui reste lui-même, hargneux comme un clodo sans bibine mais ne crachant pas sur une saine et bienvenue évolution. Mais la majorité des compos glisse l’auditeur lambda, comme le fan le plus dévoué, dans une douce torpeur et donne une sale impression de musique d’ambiance, impersonnelle et sans identité.

Le mélange des genres entre metal plus classique et le hardcore propre au groupe ne prend pas, les quelques solos n’apportent rien, Jamey tente de moduler sa voix mais ça ne passe pas et la plupart des riffs sont sans intérêt. Le groupe sombre parfois dans l’auto-parodie (« Pollution Of The Soul ») voire, plus embêtant, dans le carrément limite (« No Halos For The Heartless » et ses wohohooo très glamouze ). La production, si elle reste fidèle au son du groupe, a, elle aussi, évolué un tantinet, poussant les guitares bien en avant et reléguant sur certaines parties, la batterie très loin dans le mix occasionnant de la sorte un manque de patate généralisé. Enfin dernier défaut, Hatebreed compte 14 titres mais on peut aisément arrêter les frais après « Every Lasting Scars », meilleur titre de l’album posté en neuvième position. On s’épargnera ainsi du HATEBREED en roue libre ainsi qu’un instrumental raté fleurant l’intro d’"Endzeit" d’HEAVEN SHALL BURN.

Voilà, pour la première fois le groupe du Connecticut (me) déçoit en balançant un album bâclé, moyen et torché en pilotage automatique. On entrevoit aussi une évolution pas très heureuse dans la manière de composer et de jouer. HATEBREED voulait avec cet album attirer le public metal mais ce n’est pas de cette façon qu’il y parviendra, en prime, en livrant l’album le plus faible de sa carrière il risque de s’aliéner une partie de sa fanbase. Il n’y a, pour autant, pas péril en la demeure, l’album reste écoutable sans problème mais on en attendait plus que cet album raté. On mettra ça sur le compte de l’accident de parcours.


Rédigé par : Seb On Fire | 12/20 | Nb de lectures : 12611