Mine de rien bande de crevards, les années filent et je ne suis plus vraiment un perdreau de l’année et c’est les Polonais de Hate qui viennent me rappeler au bon souvenir de mon début d’arthrose. Je n’avais pas fait gaffe mais Adam The First Sinner et sa bande s’acheminent discrètement sur leurs vingt ans de carrière. Et oui, déjà…Il faut dire à leur décharge qu’ils sont toujours restés un peu dans l’ombre de leurs collègues. Difficile de faire son trou dans cette Pologne brutale mais avec un Vader en roue libre, un Decapitated en reconstruction et un Behemoth malheureusement suspendu au verdict de la médecine, il se pourrait que ce septième album fasse de Hate le fer de lance du tabassage à la polonaise.

Malgré mon attachement pour la discographie du combo, je dois avouer que je commençais à saturer du style made in Hertz Studio. Trop de sorties, trop d’albums semblables, trop de blasts chimiques, trop…C’est donc sans joie particulière que je me lançai à l’assaut de cet Erebos.

Ce qui frappe en premier tel un crâne contre une enclume, c’est le son incroyablement puissant. Le plus impressionnant étant cette batterie qui vient vous claquer la face aussi bien dans les blasts que dans les roulements cataclysmiques. Les guitares sont acérées et le meilleur de l’histoire est que cette percussion frontale sonne vraiment bien. Certes, cela reste du Hertz bien clinique mais tout du long le rendu garde un relief et une explosivité rehaussant véritablement le travail du groupe.

Malgré une intro acoustique, je fus surpris de constater que Hate avait abandonné une partie de ce qui faisait son identité sur ces dernières sorties. En effet, terminé les breaks acoustiques de Morphosis et surtout les incursions électro/indus ont quasiment disparu. Il reste bien quelques boucles ou quelques sonorités synthétiques mais si discrètes et rares qu’il faut vraiment tendre vos récepteurs pour discerner ces effluves. C’est peu comme si Hate avait gagné assez de maturité pour ne plus avoir besoin de gadgets pour rendre leur musique intéressante.

Déjà que le groupe n’était pas le plus connu pour sa linéarité mais sur cet album Adam va déployer toute sa fougue pour que chaque titre demeure à la fois diversifié et mémorable pour les auditeurs. N’attendez pas un tapis de blasts continu sur des riffs martiaux, non, Hate va mettre un point d’honneur à utiliser une large palette de rythmiques, à créer de vrais morceaux comportant des refrains, des enchaînements entre passages agressifs, envolés mélodiques, arpèges dissonants et lourdeur rampante. Toutes ces ruptures apportent un véritable dynamisme à chaque morceau. Ils réussissent à chaque fois à singulariser leurs titres et à les rendre attrayants. C’est en entendant ce savoir faire que l’on se rend enfin compte que le groupe est là depuis longtemps. C’est d’une efficacité hallucinante !

De plus, outre ces belles compositions, les Polonais savent aussi distiller de l’atmosphère au sein de leur brutalité et ce grâce à quelques tournures plus orientées Black. Il n’est pas rare de vois se glisser des arpèges ou des trémolos dissonants qui aspirent à diffuser un peu de noirceur et de malaise au sein de cette machine à headbanger. Cela participe grandement aussi à personnaliser et diversifier les atmosphères des différents moments à l’intérieur des titres.

Alors oui, cela reste du Polonais pas foncièrement original. En effet, on pense fort à Behemoth non seulement musicalement mais aussi au niveau du chant avec ce growl articulé qui navigue dans les médiums. Mais une chose étrange m’apparue à force d’écoutes. En effet, je ne me souvenais plus que Hate était aussi Thrash sur le précédent album. C’est ça, un Behemoth en plus Thrash et même Power Thrash millésimé 1994. Ce constat n’est pas forcément étonnant puisque le groupe a balancé son premier album deux ans plus tard et il serait malheureux que ces derniers soient passés au travers de certains albums majeurs. Vous allez me prendre encore pour un fou mais le nombre de fois où je me suis dit que tel passage n’aurait pas dépareillé sur Burn My Eyes. Mieux encore, le gros riff rampant limite indus qui introduit Transsubstance pourrait être issu de Far Beyond Driven. Il faut reconnaître que cet adjuvant participe pleinement à l’efficacité et à la vitalité de l’opus.


A l’arrivée, le seul regret est que ce n’est pas confondant d’originalité mais dans le même temps, je n’ai rien entendu de mieux dans le style depuis fort longtemps et je crois bien que notre bien aimé patron m’a refilé tout ce qu’a sorti la Pologne depuis plus d’un an. Franchement, c’est un vrai plaisir de s’injecter cette galette dont certains refrains et certaines mélodies risquent de vous retourner le cerveau et puis comme déjà mentionné, il y a ce son qui vous plaque au mur.

Terriblement efficace à défaut d’être original et sûrement la meilleure sortie dans le style depuis longtemps.




Rédigé par : Dark Rabbit | 16,5/20 | Nb de lectures : 14749