Maintenant que beaucoup de tiroirs ont été grattés par toute une myriade de micro-labels, il n'est pas évident de se trouver un projet culte à signer dans son écurie. Abyss Records a réussi à nous dégoter un combo norvégien de derrière les fagots entassés au pied d'une église en bois. Hat est né Ravner dans la première moitié des années 90. Sans rien sortir, le groupe entre en sommeil pendant une décennie, avant de ressurgir sous le patronyme Hat. Et là, on leur dit "chapeau" pour le choix du nom, qui signifie "Haine" et qui n'était pas encore pris par des compatriotes malgré sa simplicité. Puis le duo norvégien livre une démo en 2008 et son premier opus The Demise of Mankind en 2009 chez Antichristian Front, avant de partir convoler chez le label américain Abyss Records. Je me souviens avoir écouté le premier opus, mais je n'en ai manifestement rien retenu.

Hat se définit comme un projet old school avant tout. Le son rend effectivement hommage aux années 90. Les trémolos sont légion, portant des hurlements écorchés. Le duo responsable de l'assaut sonore aime aussi à prendre à contre-pied son auditeur. Ici, un break vient briser le fier élan guerrier pour placer quelques secondes d'une voix parlée d'outre-tombe. Là, une dissonance surgit pour prendre à revers l'auditeur plongé dans le blast. Sur le premier titre, "Inhumanus Revelatio", je me disais que Hat pouvait être d'intérêt. Et puis le disque est entré dans une longue litanie monotone.

Pendant trois quarts d'heure, les riffs bondissent fréquemment, donnant finalement l'impression que rien ne les lie ensemble et que Hat s'éparpille d'accords en accords dans une grande improvisation. Il devient alors difficile de concevoir une vision infernale dans ce déferlement de vains trémolos et de patterns tous identiques. Hat aligne les notes comme à la parade, la monotonie n'étant brisée que par des ricochets hasardeux. Fatalement, le duo semble avoir succombé à la tentation de placer des breaks aventureux pour donner une aura d'originalité à un tronçonnage de cordes peu excitant.

Hat est une mauvaise version de Hades ou Svartavind, un Kampfar en panne d'inspiration qui tenterait de copier maladroitement Ancient. Bref, du quatrième, voire cinquième couteau qui ne satisfera que les plus assoiffés qui ont déjà tout (comment est-ce possible?). Le groupe sorti du chapeau ce mois-ci y serait probablement resté si l'offre en matière de black metal n'était pas devenue disproportionnée. Actuellement, 98% des albums sont à mettre à la benne...

Sinon, le digipack est vraiment sympa.


Rédigé par : Prince de Lu | 10/20 | Nb de lectures : 12219