Les scientifiques l'ont annoncé récemment: la fin des records sportifs est proche. 'Pi qui s'en souciera, dans quelques années, de voir un glandu sur-protéiné courir le 100 mètres en 9.75 au lieu de 9.76? Pour ma part, en hardcore chaotico-bordélique, les records sont déja tombés, le dernier Psyopus c'est mon Carl Lewis (bah ouais, j'ai arrêté de regarder le sport il y a 10 ans...) tandis que les Dillinger Escape Plan ont été un peu largués par leur innombrable progéniture, mais ça reste mes Alain Mimoun, tant qu'ils feront du Faith No More mieux que Faith No More. Toute ce verbiage inutile pour dire que dans le domaine, avoir 257 ou 260 plans dans un titre ça n'étonne plus grand monde. La course à l'ultra-technicité, c'est fini. Ce qu'on veut c'est de la créativité, de la brutalité que diable!

Et là dedans, les gaziers d'Harlots, signés chez les teutons de Lifeforce (Heaven Shall Burn et cie...) se sont pas trop mal dépatouillés. 'Faut dire qu'avoir un batteur qui a fait une tournée avec Today Is The Day ça fait pas tâche dans le CV... Donc, même si on ne tient pas là l'album du genre de la décennie, on passe de très bons moments avec ce "Betrayer". En gros, Harlots possède deux facettes distinctes et limite antagonistes:

Une facette tout ce qu'il y a de plus chaotique, avec le gratteux qui doit se taper l'équivalent d'un marathon sur son manche avec ses doigts, ça galope sec, et il y a d'excellents riffs à la "Bip Bip contre Vil Coyote". Quelques (très brèves) échappées plus progressives, quelques mosh-parts techniques, bréqueudaounes bien lourds... On a là un groupe proche d'un Between The Buried And Me dans sa facette la plus brutale. Constat accentué par la proximité du timbre death employé la majeure partie du temps par le hurleur, proche de celui de son homologue canadien Tommy Rogers. En moins versatile aussi, mais là, pour tenir la comparaison, faut y aller, même si reste quelques incursions plus hurlées voire scandées. Gros début d'album, avec la rafale de double introductive de "The weight unweighable", puis ça part dans tous les sens, jusqu'au 4ème titre, "Dried up goliathan"...

Car de l'autre côté, c'est une facette bien moins brutale qui nous attend, tournée vers des contrées plus post-rock/post-hardcore sur 3 des titres. On aura droit notamment à des atmosphères sous-marines à la Isis sur la dernière pièce finale de 12 minutes, "Suicide medley", aux ambiances assez travaillées. Cette touche plus éthérée participe pas mal à la démarcation d'Harlots vis-à-vis de la concurrence, et, à défaut d'être une totale réussite prête à concurrencer les pontes du genre, est rafraîchissante et sera à creuser et à étoffer dans le futur.

Bémol au niveau de la production quand même, correcte mais qui manque singulièrement de tranchant, indispensable dans le style. C'est hyper frustrant, comme sur le passage ultra lourd à la fin de "This is a test no flesh should be spared" qui évoque plus l'agitage de feuille de papier alu que le fracassage de tôle. Ouais, j'exagère, mais c'est rageant, avec un meilleur son j'aurais bien pu m'assomer avec mon propre chibre... Son également pas forcément adapté aux morceaux les plus post-rock/hardcorisés. En fait ils ont pas dû vouloir faire une prod' trop typée histoire que ça reste assez adapté selon les orientations des morceaux, mais au final ça manque de puissance. L'album a quand même été enregistré chez Burning Bridge Recordings, qui a vu passer entre autres Job For A Cowboy. Dommage, vraiment dommage...

Résultat des courses, un 3ème album (ah oui, déja...) sympathique mais sans plus. Leur cocktail est néanmoins intéressant et la facette post- mérite d'être poussée plus loin. Et une production digne de ce nom, que diable! Bref, un groupe prometteur. C'est con de dire ça alors qu'ils ont déja 3 albums au compteur, mais il manque encore de l'entraînement pour finir sur mon beau podium du bordel technico-sonore...


Rédigé par : Crown_me | 13.5/20 | Nb de lectures : 10428