Voilà la première véritable sortie de ces Lavallois après deux démos, et, autant le dire d'entrée de jeu, j'espère que ce ne sera pas la dernière. Car sachez qu'ils sont précoces, ces gars-là, très précoces même, puisque le groupe existe depuis 1999, alors qu'ils avaient une moyenne d'âge de... dix ans! A l'époque, ils n'étaient que trois et c'était uniquement instrumental, mais ils ont tout de même été invités à monter jouer sur scène par Watcha... Puis le line-up se complète avec l'arrivée d'un gratteux supplémentaire et d'un chanteur, pour nous offrir ces cinq titres qui ont été mis en boîte il y a quasiment deux ans, alors qu'ils avaient à peine l'âge d'aller faire le plein de vodka à la supérette. Mais comment font-ils?

"For Meshuggah and Textures fans" clame le feuillet promo. Y'a du vrai, c'est même la base de la musique d'Hard Off Hearing, mais heureusement pour eux qu'il y n'a pas que ça, vu la pléthore de groupes souvent plans-plans auquel on a droit. M'enfin, même si leurs titres ne se résumaient qu'à ça, on serait bien forcé d'admettre qu'ils tâtent sévèrement leurs instruments du haut de leurs jeunes années. Et attardons-nous un instant là-dessus, parce que si je ne prends pas en compte le paramètre de l'âge pour le niveau technique habituellement, il faut avouer que niveau maturité des compos et professionnalisme les gaziers placent la barre haut, très haut.

En effet, ne serait-ce que de se démerder avec la complexité des premiers groupes est une chose, mais parvenir à proposer quelque chose sans retomber systématiquement dans leurs travers en est une autre. Ici la bouffée d'air pur viendra des envolées posthardcorisantes plus mélodiques m'ayant rappelé au bon souvenir d'Envy, qui prennent place entre des riffs brillamment tordus et quelques mosh-parts millimétrées. Cinq titres riches et sans baisses de régime qui passent comme une lettre à la poste, l'empreinte laissée par Textures se laissant tout de même légèrement ressentir sur quelques riffs alambiqués, mais heureusement Hard Off Hearing se fait moins chiant que les Bataves.

Je ne vois honnêtement quasiment rien à redire sur ce premier EP tant, au niveau des compositions, la barre a été placée haute. Peut-être la voix, calée entre Meshuggah et Cult Of Luna qui manque un poil d'ampleur, mais c'est à peu près tout. Derrière, des compos personnelles et fraîches, de bonnes idées, des plans qui restent en tête, une production bien propre signée Sylvain Biguet (Comity, Klone...), du tout bon. Au final ce "Landscapes In Composition" se révèle être une très belle surprise, et si comme le titre le laisse entendre leurs paysages ne sont encore qu'en composition, je mise une phalange de mon auriculaire gauche (oui, je me mouille pas trop) sur le fait que le groupe a vraiment moyen de faire parler de lui s'il maintient ce niveau.


Rédigé par : Crown_Me | 8/10 | Nb de lectures : 10802