Il ne reste plus grand monde de la scène Thrash/Death de Göteborg encore debout à l'heure actuelle. De tous ces groupes qui ont délicieusement caressé nos tympans il y a une quinzaine d'années, la plupart ont jeté l'éponge ou se sont sensiblement éloignés du style qui a fait leur réputation. Pourtant quelques formations, ici et là, s'accrochent aux riffs sautillants, aux rythmiques enragées, aux mélodies héritées du Heavy Metal et aux vocaux sauvages caractéristiques du style, comme les Allemands de HARASAI.

Si des noms comme AT THE GATES (époque « Slaughter Of The Soul »), IN FLAMES, DARK TRANQUILLITY, GARDENIAN, SOILWORK vous parlent, alors HARASAI devrait également rapidement entrer dans la conversation. Contrairement aux Italiens de DISARMONIA MUNDI qui usent au maximum du chant clair et se positionnent clairement dans la lignée de SOILWORK, les Allemands restent, eux, dans un registre beaucoup plus hargneux, voire violent comme en attestent les blasts de « Into The Oblivion » ou « Destructive Masquerade », plus proche d'un DARK TRANQUILLITY que des mélodies sucrées de leurs compatriotes pré-cités. Elles sont pourtant omniprésentes sur ce premier album, et plus accrocheuses au fil des écoutes, une fois passé le barrage immédiatement érigé par notre insatisfaction chronique face à tout groupe ressemblant à une autre.

C'est en grande partie du côté du vieux IN FLAMES qu'il faut aller chercher la source principale des idées de HARASAI, celui de « The Jester Race » et « Whoracle » principalement, avec ces fameux chorus/mini solos de guitares devenus mythiques, plus une touche de DARK TRANQUILLITY dans la construction des riffs. HARASAI réussit là où beaucoup se sont cassés les dents, sans une once d'originalité pourtant, en proposant tout « simplement » un album dans le plus pur style suédois millésimé 1995-1997. La plupart des morceaux de « I-Conception » auraient pu figurer sur un des albums des groupes sus-cités sortis à l'époque, et même s'il faut admettre qu'il n'est pas parfait, il est véritablement jouissif quand on apprécie cette scène. Les voix claires, utilisées avec parcimonie, font leur petit effet à chaque fois comme sur « A Constant Disbelief », placé en troisième position après une intro acoustique qui vous met tout de suite dans l'ambiance de l'époque et un premier morceau rageur, « Into Oblivion ». Une triplette d'ouverture parfaite qui pose le plan de l'album et file la dalle. La suite comblera quasiment les gros appétits, qui resteront éventuellement sur leur faim en raison du côté copie carbone du groupe, mais mis à part un chant peut-être un peu trop poussé (le chant clair est parfait, lui, ni trop mielleux ni trop mélodique), je ne vois rien chez HARASAI qui soit à jeter.

« The I-Conception » est l'album parfait pour se mettre une dose de Thrash Death Suédois qui calotte et câline en même temps, un album qui n'aurait pu voir le jour à l'époque puisque les groupes dont s'inspire ouvertement HARASAI étaient justement en train d'écrire l'Histoire, mais qui a toute sa place 15 ans plus tard, en proposant une sélection orientée plutôt du côté brutal de la scène alors que beaucoup de formations actuelles surchargent leurs albums d'effets inutiles. 12/20 si on prend en compte l'innovation, mais un bon gros 16/20 si on ne considère que la qualité des morceaux proposés.


Rédigé par : Dungorpat | 16/20 | Nb de lectures : 12654